(AFP) – Le président Emmanuel Macron a présenté mardi une stratégie visant à doubler la production de composants électroniques en France à l’horizon 2030.
“Ce qui est décidé aujourd’hui est au coeur des défis qui sont les nôtres, celui de la souveraineté industrielle et de la réindustralisation, de la transition énergétique et numérique », a-t-il lancé sur le site de Crolles, près de Grenoble. C’est là que le Franco-italien STMicroelectronics et l’Américain GlobalFoundries ont annoncé lundi la construction d’une usine de semi-conducteurs pour 5,7 milliards d’euros. Il s’agit du plus gros investissement industriel des dernières décennies en France, hors nucléaire, selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
“Nous nous associons pour changer cette industrie » et pour contribuer au plan européen “Chips Act” de doublement de la production de semi-conducteurs dans l’UE d’ici 2030, a renchéri le PDG de GlobalFoundries, Tom Caulfield. “On va atteindre en trois ans et demi ce que nous avons fait en 30 ans », a poursuivi le PDG de STMicroelectronics, Jean-Marc Chery, en promettant un doublement de la production de puces à Crolles d’ici 2026.
L’annonce a été faite lundi à l’occasion du sommet “Choose France” au château de Versailles, où Emmanuel Macron avait invité 180 PDG de grands groupes étrangers pour leur vanter les mérites de la France.
Le projet, rendu possible par un “soutien financier important de l’État français », selon les deux groupes, s’inscrit dans le plan d’investissements France 2030, présenté par Emmanuel Macron en octobre 2021 et destiné à développer les technologies d’avenir en France, avec à la clé une enveloppe publique de cinq milliards d’euros pour le secteur électronique.
Le plan France 2030 doit générer plus de 16 milliards d’euros d’investissements
Ce secteur souffre de graves pénuries liées à l’emballement de la consommation mondiale de composants, à l’impact de la crise du Covid sur la production et à des tensions géopolitiques à Taïwan, un des leaders mondiaux du secteur. Or l’électronique est selon Emmanuel Macron “l’industrie de l’industrie. Toutes les transitions que nous sommes en train de vivre impliquent des innovations et de la production » dans ce secteur.
Au total, le plan France 2030 doit générer plus de 16 milliards d’euros d’investissements publics et privés et plus de 5 000 emplois dans le secteur des composants, a précisé la présidence. L’accent sera notamment mis sur la production de technologies électroniques basse consommation pour le transport, le calcul, la communication, la défense ou la santé.
STMicroelectronics produira ainsi des puces de 18 nanomètres sur son site de Crolles (contre 40 à 50 actuellement). La France vise aussi la production de puces de classe 10 nm, ce qui la placera dans le top 5 mondial des technologies les plus avancées, assure l’Elysée.
Le chef de l’Etat a annoncé à cette occasion une enveloppe de 800 millions d’euros pour la recherche dans le secteur et 50 millions pour des formations, notamment d’ingénieurs, la filière peinant à recruter. Le plan France 2030 prévoit aussi la création de plus d’une dizaine d’usines ou lignes de production de composants ou de systèmes électroniques.
En aval, France 2030 accompagnera aussi les projets de Renault (notamment à Cléon), Vitesco et Valeo/VSeA, ainsi que ceux d’Orange à Rennes et Lannion, Atos à Angers et Airbus à Toulouse. Le géant américain Intel implantera de son côté un centre de conception
tourné vers le calcul haute performance et un centre de service de fonderie, qui vont créer 450 emplois créés d’ici 2024.