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« Le combat numérique est désormais au cœur de tous les enjeux de défense et de sécurité », Jean-Yves Le Drian

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense
Jean-Yves Le Drian

Dans son discours d’ouverture du premier colloque international consacré à la cyberdéfense qui se tient ce jeudi 24 septembre, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian place le combat numérique au cœur des enjeux de défense et de sécurité.

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a ouvert ce matin un colloque international sur la cyberdéfense, premier du genre organisé par la France et intitulé : « Le combat numérique au cœur des opérations ». Il réunit 30 délégations étrangères, 700 participants – hautes autorités, cyber-commandeurs, experts, universitaires et journalistes – et deux ministres : Michael Fallon, ministre britannique de la Défense, et son homologue belge Steven Vandeput. Une journée organisée par les équipes de l’amiral Coustillière, officier général de cyberdéfense, celles de la direction générale de l’armement, et celles de la délégation à la communication et à l’information de la défense, avec l’appui de la société d’Intelligence Stratégique CEIS, spécialisée dans les industries de souveraineté : aéronautique, spatial, défense, énergie, télécom, nouvelles technologies, pharma-biotech, alimentaire, luxe…

La sécurisation de l’espace numérique

« Ce combat, c’est celui des guerres de demain, mais dont les prémices ont déjà largement commencé. Il doit être envisagé à l’échelle de la planète. Il concerne tous les acteurs de la vie numérique. L’enjeu, pour nous, c’est de définir au sein de cette confrontation numérique la juste place des forces militaires », entre dans le vif du sujet Jean-Yves Le Drian. « Sur les théâtres d’opérations aussi, comme sur notre territoire, nos forces et plus largement nos moyens de défense sont directement exposées à la menace cyber. La plus grande vigilance s’impose donc. » Et Jean-Yves Le Drian de prendre l’exemple d’une cyberattaque concernant l’Afghanistan « qui a temporairement perturbé les liens entre la métropole et nos drones. Nos équipes ont très vite réagi, et l’attaque a pu être défaite. D’une manière générale, des incidents se produisent régulièrement dans l’environnement immédiat de nos systèmes d’armes, qui sont heureusement bâtis avec de fortes résiliences et redondances. ». Le ministre a rappelé ensuite que Daech investissait de « manière massive » l’espace numérique.

Pour Jean-Yves Le Drian, les forces armées de la France doivent combiner le combat numérique avec les autres formes de combat : « Ce nouveau milieu est devenu un domaine militaire à part entière, dans lequel il faut positionner ses forces, défendre sa puissance et y exploiter toutes les opportunités pour vaincre l’adversaire. » Le combat n’est donc plus défensif mais actif  – « L’arme informatique doit apporter un appui maitrisé aux forces conventionnelles » – même si Jean-Yves Le Drian reconnaît que les capacités offensives de la France «  sont encore limitées ».

Les actions déjà mises en place

Le ministre a rappelé le plan d’action lancé en février 2014, le Pacte « Défense Cyber » et ses 50 mesures proposées, porté par la Loi de programmation militaire 2014-2019 et son actualisation, qui consacre plus d’un milliard d’euros à la cyberdéfense, et qui permet le recrutement de plus de 1 000 agents dédiés à la cyber dans les états-majors, la DGA, et les services de renseignement. Il a mis l’accent également sur la politique de cyberdéfense renforcée de l’OTAN, entérinée au Sommet du Pays de Galles en septembre 2014, et sur la stratégie de l’Union européenne qui s’est dotée en novembre 2014 d’un cadre d’action dans le domaine de la cyberdéfense dont les principaux axes, dans une logique de complémentarité avec l’OTAN, sont « le développement des capacités de résilience des structures, missions et opérations de la PSDC [NDLR : politique de sécurité et de défense commune], et le renforcement des États membres dans leurs capacités de prévention, de protection et de réponse aux menaces de nature cyber ».

Mais Jean-Yves Le Drian souhaite aller plus loin dans la politique de l’Union européenne et lancer des formations et entrainements « qui pourraient être partagés avec l’OTAN. » Reste à mettre en place ses mesures que le ministre n’a pas détaillées.

Les 4 grandes priorités pour les mois à venir

Pour les mois à venir, Jean-Yves Le Drian entend s’atteler en premier lieu à « garantir la protection des réseaux et systèmes de notre défense ». Une protection qui suppose des produits et des services de confiance, mais aussi une conception rigoureuse des systèmes concernés, précise-t-il, rappelant que les projets menés par la DGA [NDLR : la Direction générale de l’armement] avec les industriels étaient cruciaux. « Nous devons ensuite monter en puissance la chaîne opérationnelle de cyberdéfense, qui agit en temps réel pour la sécurité de nos systèmes. Le ministre indique qu’une unité a été spécialement créée et équipée dans cet objectif et sera complètement opérationnelle en 2018. “Son noyau est déjà en place, et nos forces au Levant en bénéficient. »

Troisième priorité, progresser dans le renseignement cyber : « C’est à cette fin que la DRM [NDLR : la Direction du renseignement militaire] crée un centre de recherche et d’analyse cyber, et que la DGSE [NDLR : la Direction générale de la sécurité extérieure] développe ses propres moyens depuis plusieurs années. ». Enfin, Jean-Yves Le Drian indique : « Nous devons continuer à nous doter de moyens pour agir. La « lutte informatique offensive », qui vient en appui des opérations militaires, a été dotée d’un cadre juridique clarifié grâce notamment à la Loi de programmation militaire. »

Pour relever ces défis, il faut selon le ministre des personnels formés au meilleur niveau, une recherche de pointe et une filière industrielle dynamique. En la matière, Jean-Yves Le Drian compte sur le Pôle d’excellence cyber, basé autour de Rennes : « Fort de l’impulsion que j’ai souhaité lui donner, il multiplie les initiatives pour faire converger les compétences, militaires et civiles, publiques et privées, au profit du ministère de la Défense et de la communauté cyber. » Un Pôle d’excellence cyber qui est officialisé aujourd’hui même.