Par Damien Giroud,
Directeur Datacenter Solutions, Schneider Electric France
Le Cloud Computing n’est pas un simple bouleversement technologique. Il s’agit également d’un nouveau modèle économique axé sur le paiement à l’usage qui constitue, pour une entreprise, un moyen très attractif de simplifier la mise à disposition de services applicatifs à ses collaborateurs et la gestion de son infrastructure informatique.
Le cabinet d’études IDC estime aujourd’hui que si les entreprises allouent 44% de leur budget infrastructure sur le Cloud, ces investissements devraientt s’accroître de à 60% en 2017. Le Cloud bouleverse également le métier des éditeurs de logiciels. Pour mettre à disposition leurs solutions, ils doivent désormais les héberger en mode SAAS pour le compte de leurs clients. Ce changement de modèle économique les oblige dorénavant à appréhender les notions d’accessibilité, de sécurité et de haute disponibilité et à revoir leurs modes de facturation.
” Le cloud fait exploser la demande en matière d’hébergement “
Au global, le Cloud entraine une décentralisation croissante des usages numériques faisant littéralement exploser la demande en matière d’hébergement et poussant au développement de « fermes informatiques » opérées par de nouveaux acteurs internationaux, nationaux mais aussi régionaux, avec l’émergence d’une offre de Cloud Régional souvent dédiée aux TPE/PME (qui pèsent pour 70% de notre économie).
“Le datacenter est devenu le cœur de cette économie des « usages numériques »,
Le datacenter est devenu le cœur de cette économie des « usages numériques », permettant de produire et stocker les données pour pouvoir les restituer 24h/24, comme le cœur propulse le sang vers les organes vitaux, à des utilisateurs toujours plus nombreux. Elément désormais clé, il doit relever de nombreux enjeux d’ordre technologiques, économiques et environnementaux, ce qui nécessite de nouvelles approches de conception, de gestion et d’organisation. Pour s’adapter, les datacenters vont devoir de plus en plus migrer vers des approches « As A Service » afin de se fondre totalement dans ce nouveau paradigme.
Comment le datacenter doit-il évoluer pour répondre à ces nouveaux enjeux imposés par le Cloud ?
L’avènement du Cloud a apporté une nouvelle variable dans la gestion des datacenter : la flexibilité. C’est aujourd’hui devenu l’élément critique de toutes les étapes du cycle de vie d’un datacenter. Celui-ci doit désormais être capable de s’ajuster en permanence et de façon automatisée aux besoins de croissance, de sécurisation et de respect de l’environnement des organisations. Cette flexibilité, pousse à la création de datacenters de nouvelle génération qui doivent être :
-Modulaires dans leur conception, c’est-à-dire tenir compte des besoins actuels et anticiper les besoins futurs. Pour cela ils doivent être évolutifs et doivent pouvoir s’adapter rapidement face aux enjeux de densification, de virtualisation et de respect de l’environnement toujours plus forts.
–Modulaires dans l’exploitation, pour répondre aux besoins multiples de disponibilité et de sécurité que peut avoir l’entreprise. Ils doivent apporter la possibilité de :
-sécuriser spécifiquement les applications de nature différente d’une même entreprise (approche Multi-tiering) ;
– gérer l’infrastructure comme un service (IaaS) selon une approche à la demande et un investissement au juste nécessaire pour étaler l’effort financier et le caler en fonction de la croissance de l’entreprise. (Concept du « pay as you grow »).
-Modulaire dans le pilotage, la supervision du datacenter doit fournir tous les indicateurs nécessaires pour planifier les activités et les ressources, et gérer les actifs informatiques. Le recueil et l’analyse des données d’exploitation doivent permettre de procéder à une facturation précise des frais d’exploitation directement auprès des divisions concernées de l’entreprise ou du client (pour l’hébergeur et l’éditeur de logiciels).
-Le datacenter étant un poste important de consommation d’énergie, il doit également être en mesure de fournir des données environnementales pour une communication aux directions générales et du Développement Durable.
Quels besoins, quelle stratégie? On ne tue pas une mouche avec un bazooka !
Que la réflexion porte sur le développement d’un nouveau datacenter ou sur l’évolution d’une salle existante, il est primordial de démarrer par une phase d’audit afin d’analyser et de définir les besoins et les performances envisagées. Celui-ci va permettre de structurer la décision et la stratégie à adopter sur le degré de modularité de l’infrastructure, le taux de disponibilité visé, l’efficacité énergétique atteignable et le taux d’automatisation à intégrer…
Il est important de comprendre que cette démarche est applicable quelle que soit la taille du datacenter (à partir de 1 rack on peut aller chercher des optimisations) car elle permet de pré-qualifier dès le départ les solutions les mieux adaptées (on ne tue pas une mouche avec un bazooka).
Qu’elles agrandissent, rénovent ou construisent leur salle blanche, les entreprises doivent finalement s’appuyer sur des solutions :
-Modulaires, afin de réduire le capex en investissant au juste niveau du besoin
–Flexibles, pour accompagner les changements de l’IT, plusieurs générations de serveurs vont défiler durant toute la durée de vie du datacenter .
-Eco-énergétique, en intégrant un rendement élevé des composants et un niveau de fiabilité adéquat, mais également en maximisant la mise en œuvre de solutions de free-cooling afin de moins consommer d’électricité et de réduire l’impact énergétique.
–Faites de briques standardisées et industrielles : afin de simplifier et raccourcir les temps de maintenance et donc de faciliter l’exploitation.
–Automatisées afin d’accompagner la virtualisation (suivre le déplacement des machines virtuelles) et de mesurer en permanence la performance de son infrastructure, grâce à un véritable outil de DCIM ouvert sur les environnements.
Le nouveau rôle de l’infrastructure: accompagner le développement du Cloud
Ainsi conçue, l’infrastructure Datacenter assumera pleinement le nouveau rôle qui est le sien, accompagner le développement du Cloud, tout en permettant de réduire l’empreinte carbone de la 4eme révolution industrielle, celle de l’économie numérique.
L’arrivée massive de l’Internet des Objets (IOT)
Cette évolution des usages va s’accentuer avec l’arrivée massive de l’Internet des Objets (IOT) et l’implémentation de plus en plus fréquentes de solutions de type « réalité virtuelle ou augmentée », gourmandes en bande passante et nécessitant une latence la plus réduite possible (besoin de temps réel).
Cela va entrainer la nécessité de relocaliser une partie des données au plus près des usages – « At The Edge » comme disent les anglo-saxons – et d’interfacer ces données locales avec des données centralisées dans des datacenters « Cloud ».
La cohabitation de plusieurs types de datacenters
Cohabiteront alors des micro-datacenters pour adresser les problématiques liées au « Edge Computing », des datacenters dits « régionaux » pour servir au plus près les besoins de digitalisation des PME/PMI, des datacenters nationaux, pour héberger l’IT de certaines ETI et des « grands groupes SBF120 » et des Datacenters dits « Hyper-scale » opérés par les grands noms du Cloud et permettant de répondre notamment aux besoins de « Big Data» et à la poursuivre la « cloudification » de l’IT.
Le Cloud de demain sera en quelque sorte hybride avec plusieurs modes d’hébergement des données qui vont coexister.
Chacun ne devant souffrir d’aucun compromis tant sur le plan technique (disponibilité, redondance), que sur les aspects de performance (consommation énergétique, rapidité d’exécution) ou de sécurité (physique et logique).
Nota : le Micro Datacenter
Les solutions d’infrastructure Micro Datacenter permettent de délivrer, en une seule enveloppe préfabriquée (du rack de type Smart-bunker au container), l’alimentation sécurisée, le refroidissement, la sécurité physique, la protection incendie et les logiciels de management, supports de vos environnements de calcul (serveurs de stockage, routeurs, applicatifs IT…).
Damien GIROUD
Directeur France Solutions Datacenters & Secure Businesses