L’Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) annonce le 1er septembre 2022 qu’elle redoute que l’achat d’Activision Blizzard par Microsoft ne réduise beaucoup la concurrence dans les jeux vidéo, les services d’abonnement multi-jeux, dans le cloud notamment. Microsoft et Activision Blizzard ont 5 jours pour lui soumettre des propositions.
L’Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) pourrait bloquer le plus important rachat de l’histoire informatique et des jeux vidéo. Celui d’Activision Blizzard, l’éditeur de célèbres jeux vidéo, par Microsoft pour la somme record de 68 Md$.
Suite à la phase 1 de son enquête de cet été, la CMA estime que cette acquisition pourrait nuire fortement à la concurrence dans le secteur, surtout japonaise et américaine. Elle « craint que le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft ne porte préjudice à ses concurrents, y compris aux nouveaux et futurs entrants dans le secteur des jeux, en leur refusant l’accès aux jeux d’Activision Blizzard ou en leur fournissant un accès à des conditions bien plus défavorables ».
Un marché du jeu vidéo de 200 Md$ dominé par 3 grandes entreprises, dont Microsoft
Microsoft est selon elle l’une des trois grandes entreprises, avec Sony et Nintendo, qui ont dominé le marché des jeux vidéo sur consoles de jeux et PC au cours des 20 dernières années, avec des entrées limitées de nouveaux rivaux. Son chiffre d’affaires mondial a atteint près de 125 milliards de livres sterling l’année dernière. Activision Blizzard a réalisé 6,3 milliards de livres sterling en 2021 grâce à certaines des franchises de jeux les plus vendues au monde, telles que Candy Crush, Call of Duty et World of Warcraft.
L’enjeu est de taille car le marché du jeu enregistre la croissance la plus rapide du secteur Numérique. Il représentait 192,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2021 et il pourrait dépasser les 200 milliards cette année grâce aux achats de ses quelques 3 milliards de joueurs dans le monde.
« Microsoft pourrait nuire à la concurrence sur le marché naissant des services de cloud gaming »
Sorcha O’Carroll, directrice principale des fusions à la CMA, s’inquiète donc également de l’impact potentiel sur l’écosystème plus large de Microsoft. Le fournisseur américain commercialise déjà l’une des principales consoles de jeu (Xbox), ainsi qu’une plateforme cloud de premier plan (Azure) et le premier système d’exploitation pour PC au monde (Windows OS), « autant d’éléments qui pourraient être importants pour sa réussite dans le domaine des jeux dans le cloud. La CMA craint que Microsoft ne tire parti des jeux d’Activision Blizzard et de la puissance de Microsoft dans le domaine des consoles, du cloud computing et des systèmes d’exploitation pour PC pour nuire à la concurrence sur le marché naissant des services de cloud gaming ». Et du Metaverse par extension.
La CMA estime que ces préoccupations justifient une enquête approfondie (phase 2). Microsoft et Activision Blizzard ont maintenant 5 jours ouvrables pour lui soumettre des propositions visant à répondre à ses inquiétude. Si aucune proposition appropriée n’est soumise, l’opération fera l’objet d’une enquête de phase 2 où un groupe d’experts indépendants examine de manière plus approfondie les risques identifiés.
