L’évolution des métiers et les compétences des cadre requises pour les exercer vont dépendre de six facteurs clés, dont celui de la transformation numérique, mais aussi de façon liée de l’innovation et de la réglementation.
La mondialisation, la métropolisation, la transition énergétique, l’inflation réglementaire, l’innovation et la transformation numérique sont les six facteurs clés qui expliquent la transformation des métiers cadres ces dernières années, selon l’Apec qui publie une étude sur le sujet. Alors que les deux premiers renvoient à la répartition géographique des emplois, les quatre suivants ont des conséquences fortes sur l’émergence de nouveaux métiers ou de nouvelles compétences.
Tout comme l’innovation ou le poids des réglementations, le numérique impacte logiquement les métiers de l’informatique, mais également tous les métiers et tous les secteurs. Les Smacs (Social, Mobility, Analytics, Cloud, Security) synthétisent les principales évolutions technologiques du numérique à l’heure actuelle. Réseaux sociaux, Internet des objets, applications multi device, impression 3D, virtualisation, traitement des données massives, sécurisation des données, etc. La transformation numérique des entreprises, ainsi que celle de l’ensemble des individus du fait des nouveaux usages, ont un impact sur l’ensemble des métiers, que ce soit ceux des systèmes d’information ou ceux de l’ensemble des autres fonctions.
Les évolutions rapides de l’informatique ont amené à la création de métiers, qui restent néanmoins des métiers de niche. Ainsi, les problèmes liés au stockage de données de plus en plus massives dans le Cloud, en garantissant de bonnes pratiques environnementales et en matière de sécurité, disponibilité et fiabilité des données, ont conduit au recrutement de responsables de datacenters. C’est aussi le besoin de maîtrise de la fiabilité et de la disponibilité des applications qui a incité les très grandes entreprises à se doter de gestionnaires de contrats informatiques, chargés des relations avec les soustraitants.
La sécurité
Les problématiques de sécurité sont devenues une source de création ou de transformation des emplois. Poussées par les contraintes réglementaires comme le nouveau règlement sur la protection des données personnelles (RGPD), mais aussi par les problèmes d’intrusion ou de pertes de données, les entreprises tentent de maîtriser certains risques en se dotant de responsables de sécurité des systèmes d’information, d’ingénieurs sécurité informatique, voire d’experts en cryptologie. Le nombre d’offres d’emploi diffusées par l’Apec pour les postes en cybersécurité – principalement ingénieur sécurité et RSSI – ont quadruplé entre 2014 et 2016. La sécurité fait également partie des compétences que doivent posséder les ingénieurs et chefs de projets maîtrise d’œuvre, les ingénieurs systèmes et réseaux, les responsables et architectes infrastructures.
Les technos Web et Big Data
Les métiers traditionnels de l’informatique sont bouleversés en permanence par les nouvelles technologies venues de l’Internet. Les technologies web se sont étendues à une grande partie de l’informatique d’entreprise ; les développements pour les applications mobiles doivent être envisagés, nécessitant la prise en compte de problématiques d’urbanisme et d’architecture fonctionnelle et technique croissantes avec la taille des systèmes d’information.
Les fonctions informatiques sont également impactées par la nécessité pour les entreprises de traiter et valoriser de multiples données internes et externes de plus en plus massives et éventuellement non structurées. Les métiers de la data, comme celui de data scientist, de data architect ou de data manager se développement, dans les services mais également dans l’industrie. Cette évolution a également des impacts sur des métiers à la frontière avec le marketing ou la stratégie d’entreprise comme les data officers.
Au-delà des métiers informatiques, beaucoup d’autres activités sont impactées par le numérique ; le bâtiment du futur ou l’industrie du futur en sont des symboles. L’industrie du futur, ou industrie 4.0, se caractérise avant tout par une intégration massive d’outils numériques sur toutes les dimensions de la chaîne industrielle : conception, fabrication, logistique, maintenance, vente. Les exemples concrets sont nombreux. La simulation numérique d’une usine permet ainsi de tester facilement de nouveaux procédés. L’impression 3D (appelée plus souvent fabrication additive) d’objets ou de pièces ouvre de nouvelles perspectives en matière de personnalisation de la production. L’utilisation de capteurs connectés (Internet des objets) sur des machines permet de récupérer des données massives (Big Data) qui faciliteront les opérations de maintenance (maintenance prédictive). Des logiciels spécialisés facilitent le partage d’informations sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit (PLM ou product lifecycle management), etc. Côté bâtiment du futur, le BIM (building information modeling) peut être utilisé de la conception à la destruction, en passant par la construction et la maintenance. Il constitue un outil numérique de centralisation de l’information, de co-conception, de collaboration, de pilotage de la réalisation d’un projet de construction.
Les réseaux sociaux
De même, la digitalisation et l’usage des réseaux sociaux a fait se développer ou se transformer un grand nombre de métiers du marketing. Ces métiers d’analyse de la relation client ou des données marketing utilisent de nouveaux outils afin de produire des recommandations opérationnelles créatrices de valeur pour l’entreprise en prenant en compte la multiplication des canaux de vente et de communication avec les clients. C’est également le cas de métiers de la fonction ressources humaines. Le responsable recrutement diffuse des offres d’emploi sur Internet, emploie des logiciels de présélection de candidatures, utilise les réseaux sociaux pour chasser les candidats ou pour se renseigner sur eux, gère ses recrutements grâce à des applications informatiques. Le responsable formation innove dans les sessions qu’il propose aux salarié(e)s : Mooc, blended learning, e-learning, etc.
L’innovation
Outre la transformation numérique, l’innovation qui lui est liée fait aussi évoluer les métiers et compétences. Il existe un lien fort entre les investissements des entreprises et les recrutements de cadres. Une partie importante de l’emploi cadre est portée par des dynamiques d’innovation, notamment dans des secteurs « places fortes » de l’emploi cadre que sont l’ingénierie-R&D et l’informatique. L’innovation « verte », l’usine ou le bâtiment du futur, l’impression 3D, les véhicules autonomes, etc. jouent un rôle moteur dans les politiques de recherche. Cependant, l’innovation se développe également dans de nombreux autres domaines, notamment ceux qui concernent les usages (touchant le marketing, la formation, etc.), l’organisation et le montage de projets : travail collaboratif, méthodologies agiles, etc. On associe facilement l’innovation aux métiers de la recherche et de l’ingénierie R&D tels que ceux d’expert méthanisation ou d’ingénieur bioprocédés.
La prédominance de la « logique marché » a également fait émerger les métiers de responsable de l’expérience client, UX-designer qui développent des produits répondant aux exigences des clients sous l’angle omni-canal. Le game designer doit, quant à lui, penser différemment les jeux développés pour prendre en compte les nouveaux usages engendrés par le passage du jeu logiciel acheté en une seule fois et le jeu sur internet¸ qui doit évoluer de manière à fi déliser le joueur et l’amener à acheter à l’infini des éléments lui permettant de progresser dans le jeu.