(AFP) La Russie a bloqué jeudi la messagerie cryptée Startmail.com, basée aux Pays-Bas, qui a été utilisée depuis novembre pour envoyer des milliers de fausses alertes à la bombe et perturber le fonctionnement de nombreux services publics.
Les autorités russes n’avaient jusqu’ici pas commenté cette mystérieuse vague de fausses alertes, alors que l’agence Interfax a comptabilisé rien qu’à Moscou plus d’un million de personnes touchées par les évacuations de bâtiments publics et commerciaux.
Des médias russes avaient indiqué en décembre que les auteurs des alertes voulaient récupérer des bitcoins qui leur auraient été volés pour cesser leur harcèlement.
Le Service fédéral de sécurité (FSB) a indiqué que ces alertes, “toutes mensongères“, ont affecté depuis le 28 novembre 2019 les tribunaux de 16 régions russes ainsi que plus de 16 000 autres institutions comme des “écoles, des jardins d’enfants, des hôpitaux, des transports en commun, des centres commerciaux, etc.”
Face au refus de Startmail de fournir les données personnelles des auteurs des messages, le gendarme des télécommunications Roskomnadzor a bloqué l’accès en Russie au site de cette messagerie qui se dit spécialisée dans la préservation de l’anonymat de ses utilisateurs. Avec l’utilisation d’un VPN (réseau virtuel privé), le service reste accessible.
“Nous comprenons bien que (…) cela ne va pas fermer totalement le robinet des messages des malfaiteurs, mais nous considérons que ça va compliquer leur action et réduire son ampleur“, explique Roskomnadzor.
Des alertes accompagnées d’une lettre réclamant le règlement de 120 bitcoins
Ni le FSB ni l’agence des télécommunications n’expliquent les motivations éventuelles des auteurs. Interfax, citant des sources au sein des autorités russes, affirmait en décembre que dans de nombreux cas, ces alertes étaient accompagnées d’une lettre réclamant le règlement de 120 bitcoins (928 766 euros au taux actuel) qui, selon les auteurs, leur auraient été dérobés par le milliardaire russe Konstantin Malofeïev sur la plateforme d’échanges de cryptomonnaies WEX.
L’intéressé, qui figure sur une liste de personnes visées par des sanctions européennes en raison de ses liens supposés avec les combattants pro-russes dans l’est de l’Ukraine, a démenti à plusieurs reprises tout lien avec la disparition de ces bitcoins et avec WEX, un site qui n’existe plus et duquel de grandes quantités de monnaies virtuelles ont disparu, selon les médias russes.
WEX avait été ouverte après la fermeture par les autorités américaines de la Bourse d’échange de monnaies virtuelles BTC-e, accusée d’avoir participé à des activités d’extorsion en ligne et à d’autres actes de cybercriminalité.
L’une des figures de BTC-e, le Russe Alexander Vinnik, soupçonné de blanchiment d’argent, a été arrêtée en Grèce en juillet 2017 et Athènes a autorisé son extradition vers la France, alors qu’il réclamait d’être renvoyé en Russie. Cette extradition a cependant été reportée.