En France, les femmes du secteur privé, plus encore les moins de 30 ans, sont les premières concernées par les violences sexistes et sexuelles au travail, alors que se déroule ce vendredi 25 novembre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. La proportion apparaît même plus élevée dans le numérique, dans les entreprises comme dans l’enseignement supérieur.
De nombreux événements ont lieu dans toute la France à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ce vendredi 25 novembre. La campagne annuelle internationale « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles » démarre le 25 novembre, et continue jusqu’au 10 décembre, Journée des droits humains.
Cette semaine, le ministère de l’Intérieur a publié « Genèse, panorama des violences en France métropolitaine ». Cette enquête du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) a été menée en 2021 auprès d’un très large échantillon de femmes et d’hommes. Une partie de l’étude concerne les violences sexistes et sexuelles (VSS : voire la définition dans l’encadré plus bas) au travail.
41,1% des femmes actives ont subi du sexisme pendant leur carrière
En 2021, plus de 2 femmes sur 5 (41,1 % des 18-74 ans ayant exercé un emploi) déclarent avoir vécu une situation ou un comportement sexiste ou sexuel au cours de leur vie professionnelle contre 1 homme sur 7 (14,9 %).
95 % des femmes victimes ont subi un ou plusieurs comportements sexistes au travail. Ainsi, 80 % ont subi des regards déplacés ou insistants qui les ont mises mal à l’aise, 62 % des plaisanteries indécentes. 55 % des femmes victimes de violences ont subi une ou des conduites non désirées à caractère sexuel : 31 % des contacts physiques non désirés (attouchement, étreinte, baiser…) , 26 % des propositions sexuelles déplacées.
68 % des femmes victimes travaillent dans le privé. Plus de 2 femmes victimes sur 5 (42 %) ont entre 18 et 29 ans.
La moitié des femmes de la tech ont été victimes de sexisme depuis un an
Dans la tech, ce n’est pas mieux que dans l’ensemble du secteur privé. Une étude sur l’égalité des genres dans la tech publiée à l’occasion du Web Summit début novembre montre que 50,4 % des répondantes (dont 79 % vivent en Europe) ont été victimes de sexisme sur leur lieu de travail, et ce uniquement dans les 12 derniers mois. Elles sont 39 % à déclarer que l’industrie de la tech ne prend pas les mesures appropriées pour lutter contre l’inégalité des genres.
Du côté des formations initiales, l’étude Gender Scan 2022 dont nous avions parlé en janvier dernier, montre que 37 % des étudiantes du numérique en France ont été victimes de comportements sexistes, définis comme des comportements discriminants, humiliants, menaçants ou violents adressés aux femmes en raison de leur genre, et 16 % de harcèlement sexuel, défini comme un ensemble de comportements abusifs à caractère sexuel, pouvant se traduire par des atteintes à l’intégrité corporelle.
Zéro tolérance contre les VSS pour attirer plus de femmes dans la tech
Ainsi, les fédérations professionnelles et les RH dans le secteur numérique doivent s’emparer du sujet. La mise en place d’une organisation, en entreprise comme dans les établissements d’enseignement supérieur, ne tolérant aucun comportement à caractère sexiste ou sexuel permettrait d’attirer et de retenir plus de femmes dans un secteur qui en manque cruellement, déficit dû notamment à la faible part de femmes parmi les étudiants du numérique. Une réponse bienvenue tant pour le bien-être de toutes et tous que face à la pénurie de talents.
C’est quoi une violence sexiste et sexuelle (VSS) ?
Les violences sexistes et sexuelles (VSS) sont des atteintes à l’intégrité physique et psychique des personnes portées en raison de leur genre ou de leur sexualité. Les VSS ont pour point commun l’absence de consentement.
Les comportements à caractère sexiste ou sexuel recouvrent diverses situations, et ne sont pas exclusifs les uns des autres, se cumulant bien souvent. Les comportements sexistes créent un environnement de travail intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant. Ils sont appréhendés dans l’enquête « Génèse » du Ministère de l’Intérieur à travers 4 situations : regards déplacés ou insistants, transmission d’images ou de vidéos sexuellement explicites, d’e-mail ou de sms sexuellement explicites ou déplacés, plaisanteries ou remarques sexistes.
Les comportements sexuels font référence à des conduites non désirées à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, regroupant les 6 situations suivantes dans un cadre professionnel : propositions déplacées de rendez-vous, avances déplacées sur des réseaux sociaux professionnels, propositions sexuelles déplacées, contacts physiques non désirés, chantage sexuel, autre comportement à connotation sexuelle.
Témoin ou victime, vous pouvez appeler le 39 19
Le numéro d’appel 3919 Violences Femmes Info écoute, informe et oriente les femmes victimes de violences, ainsi que les témoins de violences faites à des femmes. Il traite les violences physiques, verbales ou psychologiques, à la maison ou au travail, de toute nature (dont les harcèlements sexuels, coups et blessures et viols). Le 39 19 est ouvert du lundi au samedi de 8h à 22h. Ce numéro est gratuit depuis un poste fixe et invisible sur les factures.