A l’occasion du German Digital Summit, la ministre fédéral allemand Peter Altmaier a présenté un “projet européen d’infrastructure sécurisée de données”, soutenu par la France. Les deux pays en ont donné les principales étapes.
“Ce projet sera développé conjointement avec le France, avec l’appui de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances. Il a pour objectif de mettre en place une infrastructure de données sécurisée et de confiance. Ensemble, la France et l’Allemagne travailleront sur le projet qui servira de base pour une future collaboration européenne plus large. Les résultats seront présentés au printemps 2020 », indique un communiqué franco-allemand.
Un Cloud européen pour s’affranchir de la domination américaine
Le projet vise à s’affranchir de la domination américaine sur le stockage et le traitement des données en ligne. Peter Altmaier a souligné : “Je me réjouis que la France et l’Allemagne travaillent de concert à (en) poser les fondations ». Cette infrastructure “nous aidera à regagner notre souveraineté numérique et servira à créer un écosystème digital où les données peuvent être disponibles, collectées et partagées », a-t-il ajouté.
“Nous avons du retard” par rapport aux géants comme Google, Amazon ou Microsoft, a jugé la chancelière Angela Merkel lors de ce sommet allemand consacré au numérique. “Ce qui me préoccupe le plus est que le traitement de données, industrielles et des consommateurs est fait en grande partie par des entreprises américaines », a-t-elle ajouté. “Nous entrons dans une relation de dépendance qui n’est pas bonne à long terme ».
“Nous entrons dans une relation de dépendance qui n’est pas bonne à long terme », Angela Merkel
Cette base posée, la France et l’Allemagne comptent que d’autres pays européens prennent part à cette initiative. « Je suis fermement convaincu qu’une coopération étroite entre la France, l’Allemagne et d’autres pays européens est nécessaire pour faire face à la révolution technologique du 20ème siècle, a indiqué de son côté Bruno Le Maire. En travaillant ensemble, les entreprises européennes bénéficieront d’un plus grand pool de données pour développer leurs algorithmes et renforcer leur position sur un marché mondial très concurrentiel. C’est important pour l’autonomie numérique et technologique de l’Europe. »
“Nous voulons établir une infrastructure européenne sûre et souveraine », Bruno Le Maire
La France et l’Allemagne en leaders
Les deux pays ont établi une feuille de route. Avant la fin du mois de novembre 2019, la France et l’Allemagne vont informé les entreprises des deux pays du projet. Elles pourront alors “donner leur avis ». Nombre de grandes entreprises allemandes ont participé à l’élaboration du projet, comme l’industriel Siemens, l’éditeur de logiciels SAP, la première banque allemande Deutsche Bank, l’opérateur téléphonique Deutsche Telekom ou encore le premier équipementier automobile Bosch. La France a déjà, elle, mobilisé les entreprises OVH, Thales, Dassault Systèmes et Atos.
Avant la fin 2019, “les experts des deux gouvernements se réuniront pour mettre en place une structure organisationnelle et une gouvernance pour le développement du projet ». Ils devront déterminer notamment dans quelles régions cette infrastructure pourrait être utilisée. Un groupe de travail dédié se penchera, lui, sur les aspects technologiques dans le même temps.
La France et l’Allemagne comptent harmoniser leur communication sur le sujet et faire le lien avec les autres Etats membres de l’UE souhaitant participer au projet. Ils comptent également sur le soutien et les conseils de la Commission européenne. La Commission européenne a d’ailleurs déjà fait savoir que si elle était “intéressée à découvrir plus en détails l’initiative allemande », “tout projet de ce type devra être conforme aux règles de l’UE en matière de concurrence et de marchés publics ».
Les deux pays ont prévu d’organiser conjointement un événement à Bruxelles au début de 2020 “afin de présenter leur concept technique et organisationnel aux gouvernements des autres États membres de l’UE au début de 2020. »
A la mi-septembre, à l’occasion du 50ème Conseil économique et financier franco-allemand à Bercy, Bruno Le Maire avait déjà annoncé un projet commun de stockage sécurisé de données sensibles entre les deux pays – alors que chacun travaillait sur le sien -, afin que les entreprises puissent stocker mais aussi échanger leurs données de manière sécurisée sans les confier à des serveurs américains ou chinois.