Edouard de Rémur, président et cofondateur de l’éditeur Oodrive, en est persuadé. Mais peut-être pas à très court terme et dans tous les domaines. Quant aux consortiums montés par les Gafam pour promouvoir leurs « clouds de confiance » en France, l’obtention rapide de la certification Sec Num Cloud pose question.
Olivier Bellin, magazines Solutions Numériques et Channel : La filière française du Numérique pourra-t-elle rivaliser un jour avec les grands opérateurs américains du Cloud ?
Edouard de Rémur, président et cofondateur de l’éditeur Oodrive :
Il est important que la France mette tout en place pour disposer d’une filière Cloud capable de rivaliser avec les Gafam. Nous devons pouvoir disposer d’une solution de qualité d’içi 3-4 ans, avant que tous les clients français ne soient totalement verrouillés. Elle devra être SecNumCloud by design, car le temps nécessaire à l’obtention de la certification Sec Num Cloud est long. Je précise que qu’un Cloud de confiance n’a pas besoin de disposer de toutes les fonctionnalités au départ, car les clients ne les utilisent pas toutes le plus souvent.
Quelles sont les services et fonctionnalités où la filière Cloud française a une chance de rivaliser avec eux ?
La France a une chance de rivaliser un jour avec les Gafam dans le Cloud de confiance, à condition de ne pas se focaliser uniquement sur l’hébergement par exemple, car ce n’est pas dans ce domaine que réside notre plus forte valeur ajoutée. En revanche, la filière Cloud française dispose de nombreuses compétences et solutions intéressantes dans les logiciels, les services et les infrastructures Cloud.
Que pensez-vous des récents accords commerciaux signé par les principaux opérateurs américains du Cloud avec de grands intégrateurs IT français (Atos, CapGemini, Orange, Thales, etc.) ?
Vu la taille des périmètres à qualifier SecNumCloud par l’Anssi pour les nouveaux « Clouds de confiance » du consortium Bleu (Capgemini, Orange et Microsoft) et du tandem Thalès/Google, il serait surprenant qu’ils puissent l’obtenir moins de 2 ans après que leurs offres respectives soient opérationnelles. En effet, l’ensemble des acteurs français qui disposent déjà de ce label ont mis plus de deux ans pour l’obtenir, alors que leurs solutions étaient déjà commercialisées.
Les acteurs de la filière Cloud française ne devraient-il pas chasser en meute plus souvent, tant en France qu’à l’étranger ?
C’est probable, mais nous devons disposer avant tout d’une vraie vision stratégique dans tous les domaines, tant au niveau français qu’européen. Oodrive a répondu au printemps à l’AMI Cloud, une manifestation d’intérêts lancée par BPI pour renforcer la filière française et européenne du Cloud.
Quels sont les autres secteurs où Oodrive investit actuellement ?
Oodrive investit beaucoup, encore cette année, dans la signature électronique suite au rachat de Sell&Sign, éditeur dont l’offre d’e-signature est intégrée désormais dans notre plateforme. Oodrive prévoit également de réaliser d’autres acquisitions, afin d’accélérer son développement à l’international.