Du 30 octobre au 7 novembre derniers, Paris a accueilli l’Open Source Week. L’occasion de montrer l’influence croissante des codes open source dans les applications mobiles et les infrastructures cloud en particulier.
Dans les domaines du cloud, de l’Internet des objets, des imprimantes 3D, de l’ingénierie des logiciels et des données massives, le libre est omniprésent. Dernière confirmation en date, l’Open Source Week de Paris qui a regroupé quatre événements consacrés aux matériels et logiciels ouverts : Open World Forum, OpenStack Summit, les conférences OW2con’14 et OpenCompute.
S’agit-il de redorer le blason du logiciel open source, parfois assimilé au prototype d’étudiants en informatique ?
Pour Stéfane Fermigier, co-organisateur de l’Open World Forum, l’image du libre est déjà positive auprès des décideurs : « 80 % des DSI français interrogés en 2013 reconnaissent avoir déployé des logiciels open source dans leur entreprise, avec trois avantages principaux cités : le coût, l'indépendance vis-à-vis de leurs fournisseurs, et le dynamisme des communautés », précise le vice-président du CNLL (National Council for Free & Open Source Software) et pilote du groupe de travail sur les logiciels libres du cluster Systematic.
Passer de la preuve du concept au marché
Un programme open source se différentie d’un logiciel propriétaire par ses quatre libertés fondamentales : on peut l’exécuter, l’étudier, l’adapter et le redistribuer librement. Du coup, un nombre croissant d’organisations et d’industriels cherchent à évaluer les derniers concepts, voire à prendre une longueur d’avance en capitalisant sur les travaux de R&D collaboratifs et leurs résultats open source. Encore doivent-ils considérer ces codes « non pas en simple consommateurs passifs mais plutôt en utilisateurs-contributeurs », recommande Cédric Thomas, le CEO de l’association OW2, spécialisée dans les logiciels d’infrastructure ouverts. « Un projet open source ne s'évalue pas seulement à sa technologie, mais à sa communauté et à sa gouvernance ».
“ Le vrai défi de l’open source consiste à transformer des développements techniques en composants logiciels effectivement utilisables par les acteurs du marché.” Cédric Thomas, OW2
Mieux packagé et entouré de services professionnels, le programme libre tente d’incarner les promesses économiques et technologiques du cloud : « Virtualisation et cloud d'entreprise forment un sujet en pleine ébullition », confirme Stéfane Fermigier. Passer de la preuve du concept à la solution pour le marché exige des compétences complémentaires de celles des programmeurs : « Le vrai défi de l’open source consiste à transformer des développements techniques en composants logiciels effectivement utilisables par les acteurs du marché », observe Cédric Thomas. Entre autres exemples récents : les offres de Cloud Orbit et Prologue SA, bâties à partir du projet CompatibleOne et le catalogue raisonné Open Cloud Directory du projet OCEAN.
Préparer l’interopérabilité entre les nuages
Quelques projets open source s’imposent déjà au point de rallier plusieurs géants de l’informatique ou des télécommunications. C’est le cas d’Hadoop dans le Big Data et d’OpenStack, dont la version Juno, dévoilée à Paris, virtualise de nombreuses fonctionnalités réseaux et améliore l’orchestration.
« Les clients regardent le produit fini plutôt que les contributions hebdomadaires des développeurs », relève Fabrice Lamine, Cloud Lead Solution Architect d’HP France. Les développements SDN (Software Defined Network) d’HP rejoignent le projet libre car « la messe est dite au niveau de l’IaaS. OpenStack l’emporte sur ses rivaux. Sa grammaire universelle d’accès aux ressources offre une perspective structurante, même s’il manque encore des briques comme la facturation. Nous cherchons à accélérer l’industrialisation d’OpenStack pour que n’importe qui puisse l’installer, l’utiliser et le maintenir », précise-t-il.
Utilisateurs et prestataires recherchent des solutions cloud interopérables, sachant s’affranchir des adhérences qui subsistent entre les applications, les plateformes et les infrastructures. « Pour OW2, la solution passe par des standards ouverts comme le protocole OVF (Open Virtualization Format) du DMTF ou l’interface OCCI (Open Cloud Computing Interface ) de l’Open Grid forum. Un projet comme OpenCloudware, présenté lors d’OpenStack Summit, permet de gérer le cycle de vie des applications indépendamment des technologies cloud sous-jacentes. C'est ambiteux mais, à terme ce sera parfaitement réalisable », prédit Cédric Thomas.
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Quatre prix open source remis lors de la conférence annuelle OW2
La communauté internationale du middleware et des plateformes applicatives en open source a distingué quatre projets libres le 6 novembre dernier. Tous les projets OW2 étaient invités à soumettre leur candidature aux trophées, dans l'une des quatre catégories proposées. Les vainqueurs ont été sélectionnés par un jury composé de membres et de chefs de projets du Technology Council OW2 et du Management Office OW2 :
• Le prix de l'innovation a été remis à Jean Parpaillon, co-fondateur & directeur technique de Lizenn pour erOCCI. Ce framework erlang, conçu pour bâtir des APIs REST, implémente le standard OCCI pour décrire chaque API. Les parties réseau et backend sont gérées par des modules débrayables.
• Le prix de la communauté distingue le logiciel de sécurité LemonLDAP::NG. Il a été remis à Clément Oudot, directeur LinID chez Linagora. Le logiciel LemonLDAP::NG procure une authentification unique aux applications Web, via un handler Apache, agissant en reverse proxy pour les applications protégées.
• Le prix remis à Stefano Scamuzzo, architecte solutions IT chez Engineering, couronne le succès commercial de SpagoBI. Cette suite complète d'aide à la décision, souple et 100% open source, offre des outils d’analyse puissants et une nouvelle interface intuitive. SpagoBI soutient les activités quotidiennes des décideurs et des opérationnels.
• Le prix spécial du Technology Council est attribué à Talend Open Studio. Il a été remis au directeur technique de Talend, Cedric Carbone et récompense le projet pour ses apports à la communauté OW2 sur le long terme. Il distingue une démarche éthique de l'éditeur Talend qui parvient à concilier profitabilité et amélioration continue des meilleures pratiques open source.