(AFP) – Le laboratoire français de recherche en intelligence artificielle (IA) Kyutai, fondé par Xavier Niel, propriétaire du groupe Iliad, et Rodolphe Saadé, PDG du transporteur maritime CMA CGM, a dévoilé mercredi son premier modèle expérimental baptisé Moshi.
Cette IA générative est principalement vocale, c’est-à-dire que les utilisateurs interagissent avec elle uniquement en lui parlant, tandis que ses réponses se font à la fois à l’oral et à l’écrit. Moshi (qui signifie “Allo” en japonais) répond du tac au tac, peut changer de ton sur commande, résumer un film en anglais avec un accent français à couper au couteau ou inventer un scénario de science-fiction, même si elle a tendance à interrompre un peu sèchement ses interlocuteurs.
Le prototype est accessible gratuitement en ligne
“L’idée, c’est d’aller vers quelque chose qui est complètement fluide et naturel“, a expliqué à l’AFP, Patrick Pérez, directeur de Kyutai. “La voix ouvre un spectre de possibilités dans l’interaction entre humains et machines qui va très au-delà du texte”, a-t-il poursuivi. “Le timbre, l’émotion, il y a tout un tas de choses qui passent.” Ce prototype, accessible gratuitement en ligne, est basé sur un modèle de langage de 7 milliards de paramètres, ce qui correspond à un modèle de taille moyenne, comparé à d’autres larges modèles de langage à 70 milliards de paramètres, comme Llama 3 du géant américain Meta.
Si le laboratoire Kyutai, basé à Paris, est composé d’une équipe de recherche majoritairement française, Moshi ne parle pour le moment que la langue de Shakespeare, soit l’anglais. Les chercheurs entendent travailler dans les prochains mois sur une version française de Moshi, publier une thèse scientifique sur leurs travaux et partager de façon gratuite et libre le code de leur modèle.
Kyutai, qui compte également l’ancien patron de Google Éric Schmidt parmi son trio de cofondateurs, se veut en effet “le premier laboratoire d’initiative privée européen dédié à la recherche ouverte” en IA. Lancé en novembre 2023, le laboratoire à but non lucratif, qui comptera une quinzaine de chercheurs d’ici à la fin de l’année, est financé à hauteur de
300 millions d’euros. Une bonne partie des fonds utilisés jusque-là l’ont été pour financer la
puissance de calcul, Kyutai faisant tourner au moins un millier de cartes graphiques pour concevoir et entraîner ses modèles.