INTERVIEW – Kyndryl ne souhaite plus être perçue seulement comme l’ex-division infogérance et Cloud privé d’IBM. Selon Philippe Roncati, le président de sa filiale en France, l’infogérance ayant évolué vers la cogérance avec les DSI, Kyndryl doit davantage intégrer le cloud hybride dans ses offres, en partenariat avec les hyperscalers. Mais toutefois sans renier son ADN.
Olivier Bellin, magazines Solutions Numeriques et Channel : En quittant le giron d’IBM en novembre 2021, Kyndryl (18,6 milliards de dollars) est-elle devenue de facto la première société de services IT mondiale, dans l’infogérance IT notamment ?
Philippe Roncati, président de la société de services Kyndryl en France :
Kyndryl ne souhaite pas se comparer avec de grandes sociétés de service IT comme Accenture, Capgemini, DXC, etc. car le groupe ne cherche pas à rivaliser avec elles. La priorité de Kyndryl est de se focaliser sur le service rendu à ses 4000 clients dans le monde, essentiellement des grands comptes, dont 350 sont basés en France. Mon objectif est de les amener à migrer vers un Cloud 4.0 combinant Cloud privé, public et hybride, mais aussi du Edge Computing.
Quels sont les challenges de Kyndryl pour 2022 ?
Je suis confiant dans notre développement rapide. En effet, Kyndryl part avec un capital important constitué en premier lieu de ses 80 000 collaborateurs. Toutefois, la marque Kyndryl étant encore peu connue, l’un de nos premiers challenges est de mieux la faire connaître. Nous allons aussi veiller à être plus simple et transparent dans notre organisation. En effet, le monde des services IT évoluant rapidement à cause du Cloud, nous devons tous apprendre à travailler dans une complexité grandissante avec nos partenaires. C’est une composante importante de notre stratégie à l’heure où Kyndryl multiplie les partenariats technologiques, avec de grands acteurs du cloud notamment.
Kyndryl va-t-il développer davantage le cloud que l’infogérance en 2022 ?
Si 99 % de notre base installée dans l’infogérance nous a suivi lors de la création de Kyndryl en novembre 2021, nous devons continuer à faire nos preuves car rien n’est acquis, dans les services IT comme ailleurs. D’autant que le monde de l’infogérance a évolué vers la cogérance pour offrir, avec d’autres acteurs, une expérience plus importante aux clients, dont les Directions des Services Informatiques (DSI), qui sont de plus en plus gérées comme des ESN.
Le chiffre d’affaires de Kyndryl ne risque-t-il pas de reculer en 2021 si votre base installée bascule trop rapidement vers le Cloud ?
Kyndryl est le premier opérateur mondial de cloud privé avec environ 500 000 serveurs répartis dans 400 datacentres en cours de modernisation dans le monde, dont 15 en France. Toutefois, il existe une érosion naturelle de notre base installée à cause du Cloud. En effet, certains clients basculent vers les services Cloud mutualisés de fournisseurs concurrents d’IBM, dans le cloud public notamment. Cela dit, C’est aussi une opportunité pour Kyndryl car notre plateforme Network Services nous permet de gérer également leurs environnements multi-cloud hybrides.
Kyndryl s’inscrit-il désormais dans une logique de coopétition dans le cloud hybride avec les hyperscalers ?
Kyndryl devient un acteur mondial des plateformes de Cloud hybride. Nous signons de nombreux partenariats avec des hyperscalers en 2022. Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud, ou encore Alibaba Cloud, sont des partenaires de choix alors que les entreprises cumulent l’utilisation de plusieurs clouds. De même, Kyndryl peut utiliser désormais des serveurs de Hewlett Packard Enterprise ou de Dell car nous ne sommes plus une division d’IBM.
Tous les liens sont-ils coupés entre Kyndryl et IBM ?
Non, sur le plan commercial, IBM demeure le 1er client de Kyndryl dans les services IT par exemple. Nous sommes également le premier utilisateur des services Cloud d’IBM.
Kyndryl prévoit-il d’augmenter le nombre de ses collaborateurs en France cette année ?
Kyndryl a déjà recruté 180 collaborateurs en 2021 et nous prévoyons d’en embaucher au moins 200 de plus en 2022, dont des apprentis. Kyndryl compte déjà 1300 salariés en France, qui pilotent environ 2900 collaborateurs basés eux en Inde et en Pologne.