Aux portes de Toulouse, à Labège, la France dispose désormais de sa « Data Valley ». 20 000 m2 de bureaux, inaugurés le 17 juin par l’éditeur iTrust qui y installe son nouveau siège. Et c’est aussi le « pôle expertise Cyber » et le « Lab IA » du groupe Iliad (Free) , majoritaire à 60%chez iTrust au travers de sa filiale Free Pro.
« Le Hub de la cyber »
L’ambiance était à la fois solennelle et festive pour cette inauguration. C’était le grand jour pour Jean-Nicolas Piostrowski, président d’ iTrust, qu’il a fondé il y a 17 ans. Un peu plus d’un an après l’arrivée de Free Pro au capital (avril 2023), ce 17 juin est l’inauguration de ce grandiose vaisseau amiral, que son dirigeant qualifie de « Hub de la cyber ».
Ancrage territorial: 800 collaborateurs du groupe Free en Occitanie
L’installation du groupe au cœur d’Enova, dans le bâtiment DATA Valley, aux côtés de celles d’ITrust est aussi un message fort. Au total, ce sont déjà plus de 100 collaborateurs Free Pro, Scaleway et ITrust qui collaborent au quotidien à Labège, et une quarantaine de recrutements est prévue d’ici la fin de l’année.
Le Groupe iliad fait ainsi le choix, comme en région PACA avec Free Pro, d’un ancrage territorial fort en Occitanie / Midi-Pyrénées. Les équipes B2B viennent en effet compléter les 700 collaborateurs de Free implantés dans la région et dédiés au déploiement et à la maintenance des réseaux Fixe et Mobile du groupe, à la vente en boutique et à l’assistance aux abonnés en Free Proxi.
Le groupe témoigne surtout de l’enjeu que représente la cybersécurité, en adoubant l’entrepreneur, avec la présence de son directeur général, Nicolas Thomas, au côté de Denis Planat, DG de Free Pro, associé à iTrust. Même le « cousin » Scaleway, en charge du Cloud du groupe, représenté par Damien Lucas est de la fête.
Nicolas Thomas a rappelé les valeurs communes d’Iliad (la maison mère de Free) et de ses entités. Il a aussi annoncé indiqué que Opcore, la société du groupe en charge de la gestion des datacenters , s’engageait à investir 5 milliards d’euros sur 5 ans. Le DG de Free a enfin rappelé que le groupe est le 4ème opérateur mobile du pays avec près de 14% de parts de marché et comptait à fin mars 2024 plus de 11,0 millions d’abonnés mobiles.
« la cybersecurité n’est pas un métier comme un autre » Jean-Nicolas Piostrowski
Dans son discours d’inauguration, Jean-Nicolas Piostrowski a reconnu avec émotion que sa fierté au travers de la réussite d’iTrust. Mais surtout: « ce n’est pas un métier comme un autre, nous protégeons la société »
Objectif PME
L’objectif stratégique, que rappelle Denis Planat,est de démocratiser la cybersécurité auprès de toutes les organisations via une offre dédiée aux TPE/PME. « L’offre Cyber XPR est actuellement adoptée par deux nouvelles TPE/PME chaque jour. Depuis un an, ce sont ainsi 650 nouveaux clients qui y ont souscrit » indique-t-il. Le dirigeant de Free Pro va plus loin, il veut, nous a-t-il déclaré le 17 juin « bousculer le marché du B2B », en expliquant: « on a décidé de tout casser, de rendre les choses plus simples, avec de fortes propositions de valeur ».
« On a décidé de tout casser, de rendre les choses plus simples » denis Planat, Free Pro
Ce discours très disruptif, tout à fait dans la veine d’un Xavier Niel, le patron du groupe, se base sur le fait que la protection cybersécurité des PME est laborieuse. Denis Planat reste effaré des résultats de l’étude IFOP qui pointait la faible maturité des PME en matière de cybersécurité. Enquête à laquelle ITrust était s’était associé, avec Apave et la Fédération Française de la Cybersécurité, à l’été 2023.
Rappelons qu’ avant de prendre une participation majoritaire chez iTrust, FreePro (à l’époque encore Jaguar Network) collaborait avec l’éditeur, qu’il avait intégré pour la cybersécurité de son offre Cloud XPR . Ce partenariat technologique s’est donc pérennisé et renforcé au travers du partenariat financier et commercial actuel.
1200 clients fidèles
La clientèle iTrust ne se limite pas aux PME. Avec ses clients historiques, grands comptes et PME, les organisations du secteur public (notamment collectivités locales et hôpitaux), ITrust compte aujourd’hui au total 1200 clients. Jean-Nicolas Piostrowski est fier d’un taux de renouvellement de 79,2% de ceux-ci. Mais sa principale victoire vient du taux de protection totale qu’il apporte à ses clients: les 400 000 menaces détectées par an n’ont jamais abouti à ce jour. Et ce depuis les 17 ans d’existence d’iTrust.
Objectif: multiplier le CA par 10 dans les 5 ans
Le magnifique nouveau siège d’iTrust est aussi le signe de l’ambition de ses actionnaires. L’objectif est de multiplier le CA en 10 ans, insiste Denis Planat, qui se donne 5 ans pour le réaliser. Sachant que le chiffre actuel est de l’ordre de 5 à 6 millions, l’objectif s’élève donc à 50 millions …
Cette croissance est rendue possible par l’alliance avec Free et Free Pro. « Notre crédo commun est de protéger 100% des clients, soit 60 000 entreprises », explique le dirigeant de Free Pro
Cybersécurité en mode managé
ITrust et Free Pro ont l’intention de bâtir un écosystème autour de l’offre logicielle de iTrust. Son Siem/XDR, Reveelium, « dopé à l’IA » et doté d’analyse comportementale, se trouve ainsi renforcé par les solutions d’éditeurs tiers comme Trend Micro et Eset.
Reveelium pèse 80% du chiffre d’affaires et la moitié de celui-ci est déployé en mode managé, ce qui montre la croissance de l’activité vers le segment des PME, davantage attirées vers l’externalisation de leur cybersécurité
« Scène de crime », visite du Soc avec alertes en cours…
Nous avons eu la chance de visiter l’étage iTrust et d’assister à des démos. Après une entrée des locaux qui rappelle la qualification en tant que « PASSI » de l’éditeur (Prestataire d’Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information),nous rencontrons l’équipe de la cellule Red Team. Ces hackers éthiques font des tests d’intrusion et surveillent les données sur le darknet. Ils nous font une démonstration avec une clé USB malencontreusement utilisée par un employé naïf qui permet de compromettre en quelques secondes son poste de travail. Une autre démo prend comme scénario une attaque d’adresse IP.
Nous visitons aussi la salle des développeurs des 2 logiciels maison, Icare (scanner de vulnérabilité) et de Reveelium (Siem enrichi à l’IA et disposant de Soar (automatisation et réponse à incident). La recherche et développement de ces softwares intégre de plus en plus d’IA, comme il se doit.
Et enfin la salle du SOC, avec des bandelettes interdisant de pénétrer à l’intérieur du local, avec la pittoresque indication « Scène de crime ». Nous sommes prévenus que les photos sont interdites. En effet, en haut des écrans qui remplissent un mur, le nom des sociétés clientes surveillées est indiqué. Et les flèches vertes ou rouges qui remplissent l’écran montrent que ce n’est pas du cinéma: les alertes sont permanentes, et les analystes visiblement fébriles.
Académie Cyber Occitanie
Dans les bureaux d’iTrust est également logée un centre de formation. D’abord appelée Ecole 21 (clin d’oeil à l’Ecole 42 de Xavier Niel, le chiffre étant lui même la référence des geeks, entichés du livre mythique Le Guide du voyageur galactique, qui y fait référence), l’Académie Cyber Occitanie fête sa 4e promotion. Elle vient de s’associer à l’école CSB (Cyber Management School), de Lyon. L’ étendue des formations va du sans-bac, pour des postes d’assistants cyber à des diplômes post-bac. Les formations couvrent la cybersécurité, le développement et l’Intelligence Artificielle. Elle délivre entre autres, un diplome de Développement Sécurisé.
L’école compte plus de 50 entreprises et organisations partenaires, dont Airbus (voisin, à Toulouse), Derichebourg, le Ministère de l’Intérieur…Le but de l’Académie, explique J.N. Piotrowski, est « d’ alimenter toutes les entreprises de la région en collaborateurs cyber et IA ».
