Supervision DCIM (DataCenter Integrated Management) : où en est-on ? Solutions Numériques a pu s’entretenir avec Kevin Brown, le CTO de Schneider Electric, à l’occasion du salon Datacloud de Monaco qui s’est déroulé les 5 et 6 juin.
Il y a dix ans, plusieurs cabinets d’analystes prévoyaient un marché de la supervision DCIM (DataCenter Integrated Management) devant atteindre 3,5 à 7,5 milliards de dollars dans les prochains mois, ce qui est loin d’être le cas. « Ces logiciels aident à résoudre de gros problèmes sur chaque infrastructure du centre de données. En réalité, le marché actuel est évalué à 700 millions de dollars. Cela ne signifie pas que le besoin pour ce type d’outils n’existe plus. En pratique, 50% seulement des utilisateurs exploitent une console DCIM, et une installation sur quatre est un échec. Le paysage des datacenters a évolué, des sites d’entreprise vers un environnement bien plus hybride, incluant la colocation et la bordure locale (local edge datacenter) ».
Ces échecs proviennent-ils seulement d’obstacles techniques ?
« Les clients ont du mal à atteindre un retour sur investissement. Et la console DCIM reste complexe, d’un point de vue organisationnel. Elle s’adresse aux équipes de gestion technique du bâtiment et aux équipes IT qui ont du mal à coopérer au quotidien. De plus, on recense 275 fournisseurs d’offres DCIM avec divers périmètres fonctionnels, voire une définition différente ».
Les problématiques à résoudre demeurent les mêmes. Comment doit évoluer la console DCIM ?
« Le responsable d’exploitation veut savoir si le datacenter est bien disponible et s’il tourne de façon aussi efficace que possible. Il cherche aussi à optimiser sa capacité à accueillir de nouveaux services pour ses clients. Dans un environnement hybride, la console DCIM doit fournir une visibilité sur de plus nombreux sites, et engager l’écosystème de partenaires, par exemple pour contrôler 2 000 petits sites répartis dans le monde. Cela ne se fera pas tout seul. ».
Quelles sont les évolutions vous permettant de répondre à ce nouveau défi ?
« Il y a deux ans, nous avons décidé d’exploiter les technologies Cloud pour résoudre ces problèmes. L’architecture Cloud d’EcoStruxture IT Expert et IT advisor est conçue pour passer à l’échelle et pour accéder aux grands volumes de données répartis, en conjonction avec l’intelligence artificielle. Tandis que l’installation exigeait 67 jours, elle requiert 25 jours à présent. Et les mises à jour de la console DCIM s’effectuent automatiquement, comme sur un téléphone ».
Quels apports concrets l’IA procure-t-elle aux responsables de la maintenance du datacenter ?
« L’IA nous aide à comprendre ce qui est utilisé dans quel rack, et à réduire le nombre d’alarmes à gérer. Certains clients nous demandent de gérer pour eux leurs infrastructures. Nous exploitons alors nos propres outils et constatons que l’on peut réduire de 54% le nombre d’alarmes tout en conservant un niveau suffisant d’informations. Le dilemme consiste à signaler précisément les équipements à l’origine d’un problème, puis à concentrer sur eux seuls toute la richesse d’informations. Avec l’IA, les alarmes deviennent plus prédictives : on peut préciser que, d’ici à trois mois, il faudra remplacer cet onduleur précis. Cela laisse du temps pour s’organiser. De plus, le seuil pour déclencher l’alarme n’a plus besoin d’être défini par l’utilisateur, c’est l’application elle-même qui va le définir ».
D’ici à la fin de l’année, Schneider Electric compte fournir une API ouverte facilitant les coopérations avec son écosystème de partenaires. Cela permettra notamment d’échanger des données et services avec les plateformes d’administration de VMware et d’HPE en place chez les prestataires de services hébergés.
Auteur : Olivier Bouzereau