Intel a annoncé fin juillet qu’il rencontre à nouveau des problèmes pour fabriquer ses futurs processeurs gravés en 7 nm, qui n’arriveront pas avant… 2022 ou 2023. Le marché s’inquiète mais AMD se frotte les mains. Le concurrent d’Intel produit déjà ses puces Ryzen 4000 en 7 nm depuis 2020… et il lancera ses processeurs Genoa gravés en 5 nm en 2022.
Mauvaise nouvelle pour les revendeurs et clients du fondeur américain. Lors de la présentation le 23 juillet de ses résultats pour le second trimestre 2020, Intel annonce que “le calendrier de production des processeurs 7 nm de l’entreprise est décalé d’environ six mois (supplémentaires) par rapport aux prévisions antérieures“, Sa prochaine génération de puces (CPU) gravées en 7 nm, la Granite Rapids semble-t-il, ne sortira donc pas avant 2022. Comme pour sa nouvelle génération de GPU d’ailleurs !
Que d’excellentes nouvelles en revanche pour AMD et ses revendeurs, dont les ventes ont bondi en 2020. Le concurrent d’Intel produit déjà depuis cette année ses puces Ryzen 4000 basées sur son architecture 7 nm, qui surpassent pour l’instant la majorité des offres 10 nm d’Intel. Et que dire alors des performances de ses futurs processeurs Genoa gravés en 5 nm, qui devraient sortir eux en 2022.
Intel contre-attaque pour tenter de combler son retard technologique
Intel contre-attaque en commercialisant dès la rentrée des processeurs 10 nm plus performants afin de tenter de combler son retard technologique sur le 7 nm d’AMD. Il pourrait ainsi sortir vers la rentrée 2020 ses puces Tiger Lake de 11e génération basées avec une technologie 10 nm++, dîtes de « troisième génération ». Le fondeur prévoit déjà de les remplacer en partie dès fin 2020 par ses premiers processeurs Alder Lake de 12e génération, mais toujours en… 10 nm.
La situation est-elle grave pour Intel ?
Ce nouveau report de fabrication de ses puces gravées en 7 nm pourrait cacher une situation plus problématique pour le fondeur. Le PDG d’Intel, Bob Swan, parle en effet dans sa communication d’un “défaut” dans le processus de fabrication des puces 7 nm. Il reconnaît aussi que leur production a désormais six mois, voire un an de retard sur sa feuille de route. L’insatisfaction grandissante de Bob Swan face à cette situation explique-t-elle le départ en juin 2020 de Jim Keller, le célèbre designer des processeurs chez Intel ?
La situation semble préoccupante pour le fondeur. Car non content de perdre son avance technologique, du moins en apparence (voir ci-dessus), il perd aussi en image et en crédibilité face à ses revendeurs et ses clients ; surtout à l’heure où le rapport puissance/consommation électrique, meilleur sur le 7 nm et le 5 nm, est devenu un critère de choix majeur chez les acheteurs de PC et de serveurs. Est-ce pour toutes ces raisons qu’Apple a décidé en juin 2020 de quitter Intel pour fabriquer ailleurs ses propres processeurs ?
Le retard des puces 7 nm bloque les ventes des nouvelles générations de PC et de serveurs
Intel est coutumier des retards dans les lancements de ses nouvelles puces, puis des pénuries à répétition, tant pour les processeurs 14 nm et 10 nm notamment. A croire qu’il organise la pénurie diraient ses détracteurs.
Mais si ses « sorties de route » industrielles et commerciales à répétition étaient « acceptables » par le passé de la part du leader mondial, elles ne le sont plus autant pour ses clients industriels depuis que son principal concurrent, AMD, innove davantage qu’Intel sur les CPU.
D’autant que les constructeurs d’ultraportables et de serveurs s’inquiètent du probable ralentissement de leurs ventes au second semestre 2020, voire d’un possible (nouveau) report de leurs nouvelles générations de produits. En outre, leurs commerciaux, ainsi que ceux de leurs revendeurs, sont lassés de louper régulièrement leurs objectifs depuis plus d’un an à cause des pénuries et des reports à répétition chez Intel.
Les commerciaux cèdent aux chants des sirènes de la concurrence
Les commerciaux des constructeurs et des revendeurs sont donc de plus en plus nombreux à céder aux chants des sirènes de la concurrence en 2020. Surtout depuis le printemps, où ils ont dû satisfaire en urgence la très forte demande des entreprises, et des particuliers, pour équiper les télétravailleurs confinés à cause de la Covid-19.
On a vu alors fleurir chez les constructeurs d’ultraportables et de serveurs bien davantage de configurations de PC ou de serveur à base de puces Ryzen AMD en 7 nm, y compris sur le segment Entreprises. Par exemple, Lenovo, l’un des principaux clients d’Intel, lancera en septembre 2020 la première station de travail à base d’AMD Ryzen Threadripper Pro au monde. Un lancement impensable il y a deux ans.
La Covid-19 aide Intel à améliorer ses résultats
Malgré ces retards et pénuries, les résultats financiers d’Intel pour le second trimestre 2020 sont plutôt bons, voire très bons. A cause de la Covid-19 notamment, qui a dopé les ventes de PC portables pour équiper les centaines de millions d’utilisateurs obligés de travailler et d’apprendre à domicile. L’activité Client Computing d’Intel est ainsi en progression de 7 % par rapport à 2019. Dans le même temps, la demande en processeurs pour les ordinateurs de bureau a diminué.
Au global, les revenus d’Intel ont également augmenté de 20 % par rapport à la même période de 2019, pour atteindre 19,7 milliards de dollars, grâce aussi à la vente de processeurs plus haut de gamme, moins touchés par la pénurie…, et à la croissance significative des résultats de ses divisions Datacentres et Solutions mémoire. Le match Intel-AMD promet des rebondissements dans les prochaines années.