(AFP) – Huit députés de tous bords ont réclamé mardi, lors d’une conférence de presse commune, que l’Assemblée nationale retrouve “au plus vite” un “fonctionnement normal”, si besoin au moyen d’outils numériques, considérant qu’il s’agit là d’un “impératif de démocratie”.
Le fonctionnement de l’Assemblée nationale “nous paraît de plus en plus dévoyé“, a estimé au nom du groupe PS Hervé Saulignac, à quelques heures de la présentation par le gouvernement du plan de déconfinement devant les députés, suivie d’un débat et d’un vote, selon un dispositif contesté au sein des oppositions.
Les huit députés se rejoignent pour regretter qu’un débat spécifique à l’application de traçage Stop-Covid “ait été écarté” et pour demander le report du débat et du vote sur le plan de déconfinement, afin de pouvoir “l‘étudier avant de se prononcer”, a indiqué Paula Forteza, députée ex-LREM à l’initiative de la conférence de presse.
“Quoi qu’il arrive, et malgré la crise, nous restons une démocratie libérale“, a souligné Guillaume Chiche (LREM), pour qui le changement “de dernière minute” de l’ordre du jour de l’Assemblée “percute de plein fouet nos libertés fondamentales“.
Dans “une période de crise, d’incertitude“, les institutions “doivent solidement remplir leurs missions“, a défendu Hervé Saulignac, jugeant le pouvoir exécutif “maltraitant” à l’égard du Parlement.
“On a deux chambres qui sont censées assurer des contre-pouvoirs, je trouve qu’en réalité elles abritent les eunuques de la République“, a regretté de son
côté Philippe Gosselin (LR).
“L’Assemblée nationale, le Parlement, ne sont pas des formalités administratives“, a déclaré Ugo Bernalicis (LFI), tandis que Marie-George Buffet (PCF) plaidait que “dans une crise telle que celle-ci, on ne peut pas se priver de l’expérience, des propositions des élus de la Nation”.
Dénonçant “une forme de mépris du Parlement” par le gouvernement, Sophie Auconie (UDI-Agir) a estimé qu’il “participe évidemment à l’antiparlementarisme“.
Des outils numériques pour assurer la continuité du travail parlementaire
“Nous devons revenir sur nos bancs le plus rapidement possible, c’est un impératif pour notre démocratie“, a affirmé Sandrine Josso (Libertés et Territoires), suggérant l’utilisation d’outils numériques pour assurer la continuité du travail parlementaire.
Pour Paula Forteza, l’Assemblée a “une marge de progression énorme” en matière de numérisation de son travail en temps de crise, citant en exemple des technologies de vote à distance utilisées à l’étranger.
Selon le patron des députés LREM Gilles Le Gendre, il n’y a “aucune hostilité de principe” à l’égard de ces technologies mais “pas dans n’importe quelles conditions“. “Les questeurs et les services de l’Assemblée sont à la tâche pour trouver les solutions et rattraper le retard“, a-t-il indiqué lors d’une visioconférence de presse distincte.