Hasso Plattner dit adieu à SAP cinq décennies après l’avoir co-fondée

Hasso Plattner, l’une des plus grandes fortunes d’Allemagne et une figure du capitalisme de la première économie européenne, a fait jeudi ses adieux au géant des progiciels SAP, qu’il avait contribué à fonder il y a plus de 50 ans.

Avec SAP, vous et vos quatre partenaires fondateurs avez écrit une histoire économique – et je ne pense pas que ce soit trop exagéré, l’histoire de la mondialisation“, a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, lors d’une cérémonie actant le départ de M. Plattner organisée au siège de l’entreprise à Mannheim (ouest) en présence de près de 4 000 personnes. “L’économie mondiale fonctionne aujourd’hui sur le logiciel de SAP“, a-t-il
ajouté.

Hasso Plattner laisse derrière lui un groupe de taille mondiale qui l’a rendu multimilliardaire : il détient avec son épouse quelque 6,6 % du capital de SAP, et sa fortune est estimée à 12 milliards de dollars par Forbes, soit la 164e place au classement mondial. SAP a réalisé en 2023 plus de 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 107 600 employés. En Bourse, le groupe pèse 217 milliards d’euros, plus que n’importe quelle autre entreprise allemande.

Avec quatre autres ingénieurs chez IBM en Allemagne, M. Plattner a claqué la porte du groupe en avril 1972 pour fonder à Mannheim ce qu’on nommerait aujourd’hui une startup. Leur vision: créer une solution informatique couvrant la plupart des besoins d’une entreprise, de la gestion des biens matériels à celle des ressources humaines.

M. Plattner partage aujourd’hui son temps entre Potsdam, au sud de Berlin, et San José, berceau de la Silicon Valley aux Etats-Unis. Il s’est aussi fait connaître par son style de management, n’hésitant pas à pousser vers la porte des dirigeants s’opposant à sa vision stratégique. Ce capitaine d’industrie est sévère avec l’Allemagne, un pays où le “doute
(confine à) l’autodestruction“, a-t-il dit au journal Neue Zürcher Zeitung. “Aux Etats-Unis c’est différent et cela nous affaiblit dans la concurrence internationale”, a-t-il conclu.

 

Juliette Paoli avec AFP