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Google Cloud Summit Paris en live – Google veut conquérir les banques françaises

Si, logiquement Google taille des croupières à Amazon Web Services dans le secteur de la distribution, l’américain poursuit sa conquête du CAC40 et s’attaque aujourd’hui à un nouveau secteur d’activité : la banque. Un défi pour un acteur du Cloud public.

Carrefour, Veolia, Monoprix, Renault, Decathlon, ou encore l’annonce d’un partenariat étendu avec Sanofi, les services Google Cloud séduisent de plus en plus de grandes entreprises en France. Eric Haddad, directeur général de Google Cloud en France, et Bastien Legras, directeur technique ont répondu aux questions de Solutions Numériques. « Nous avons démarré notre activité en France il y a une dizaine d’année et nous avons grossi de façon relativement linéaire, nous concentrant sur des secteurs comme la grande distribution où il y avait de forts besoins. Cela a donné des partenariats à l’image de celui que nous avons signé avec Carrefour il y a un an et qui est aujourd’hui beaucoup plus large qu’initialement. Le secteur bancaire s’est intéressé au Cloud plus tard et nous-mêmes n’avions pas encore la maturité nécessaire pour répondre aux besoins de ce secteur. La “cloudification” de ce secteur est encore relativement faible si on la compare à d’autres industries. Nous avons muri nos offres et pouvons résoudre des problèmes qui se posent à eux notamment avec le Machine Learning au service de leurs clients, ou encore la détection de fraude où l’IA peut remplacer les algorithmes traditionnels. »

Eric Haddad
HSBC et Macif témoignaient à Paris

Parmi les premières références de Google dans ce secteur figure HSBC, par ailleurs gros consommateurs de ressources Cloud AWS, ou la Macif. Mais pour Eric Haddad, ce n’est qu’un début. Bastien Legras ajoute : « Beaucoup de DSI des banques rêvent des technologies que nous avons à leur proposer. Ils ont besoin de puissance informatique pour faire des calculs de position, pour la lutte anti blanchiment, il y a des similitudes avec les usages réalisés dans le monde de l’assurance. Jusqu’à aujourd’hui, les banques avaient des stratégies de Cloud privé, une approche qui a ses limites. Nous voyons déjà aux Etats-Unis et à Londres des acteurs du secteur banque/finance nous rejoindre. On sait que la France a deux ans de retard dans son adoption du Cloud mais dès que le mouvement sera initié, ça ira très vite ! » Le directeur technique souligne que des projets Cloud sont déjà lancés dans le secteur du retail banking, des acteurs où le poids du legacy est sans doute moins important. « La technique employée est d’éplucher couche après couche leur système d’information, avec les couches hautes qui vont vers le Cloud tandis que le Core Banking, les mainframes exposent leurs services sous forme d’API qui vont répondre aux front-end hébergés dans le Cloud. »

Ne pas avoir de datacenter en France n’est pas un frein

Pour autant, si Google veut conquérir les acteurs français de la finance, l’américain ne dispose toujours pas de datacenter sur notre territoire, et encore moins de services certifiés SecNumCloud par l’ANSSI : « Nous travaillons déjà avec les banques, ce qui ne serait pas le cas si c’était un frein » souligne Bastien Gras, « c’est plus une question de posture qu’autre chose » estime Eric Haddad, « la réalité factuelle, c’est que nous n’avons pas besoin de datacenter en France pour être conforme au RGPD et être conformes aux différentes régulations et lois. Et du point de vue de la sécurité des données, nous avons largement démontré nos capacités dans ce domaine. »

Bastien Legras ajoute : « Pour le secteur bancaire, ce qui ne va pas quitter la France, ce sera essentiellement le Core Banking, qui est de toute façon sur mainframe. Pour les autres couches, nous fournissons des garanties pour que les données restent en Europe, et une présence en France n’est pas obligatoire pour obtenir la certification SecNumCloud. »

Priorité au Big Data, HPC et modernisation des applications

Parmi les solutions Cloud poussées par Google auprès des banques figurent notamment ses technologies Dataflow pour la capture de données transactionnelles en temps réel et BigQuery pour stocker les données qui sont analysées par les modèles analytiques. « Ce type d’architecture où l’on capture, on traite et j’offre un data warehouse sur lequel je dispose d’outils de visualisation type Data Studio ou d’outils partenaires tels que Tableau, va permettre aux métiers de visualiser en temps réel ce qui se passe sur l’ensemble des comptes clients, éventuellement lier cette approche au Machine Learning. Autre usage, l’exécution d’algorithmes de Monte-Carlo. Il s’agit de traitements de type HPC avec des applications souvent sous Windows ou Linux, ce que nous savons héberger sur notre stack Compute. Un dernier cas d’usage porte sur la modernisation de leur front-end et pour cela, les banques peuvent s’appuyer sur nos technologies Serverless pour développer rapidement et accélérer les cycles de mise en production. Enfin, un dernier point, les banques sont souvent moquées sur les réseaux sociaux pour les indisponibilités de leurs services de banque en ligne. Nous sommes approchés pour nos technologies de réplication actif/passif afin de basculer la production sur une infrastructure de secours sans avoir à payer pour celle-ci lorsqu’elle n’est pas utilisée. » Pour le directeur technique, les containers apportent aujourd’hui une excellente réponse à ce besoin.

Google mise sur l’expertise d’Atos en mainframe

Quant à la migration des mainframes sur GCP, Eric Haddad estime que la meilleure façon d’aider les entreprises dans ce type de projets consiste à s’appuyer sur des partenaires. « Nous avons annoncé un partenariat avec Atos qui est très important pour nous tant en France qu’en Europe. Atos est un spécialiste de la gestion de datacenters et une expérience dans les migrations de datacenters avec des études en cours en ce moment de grand projet de “downgrade” de datacenter dans différentes industries. » Bastien Legras détaille le volet technologique de ces projets de migration : « Soit les entreprises réécrivent ou adaptent leur code, comme ce cas dans la distribution qui a lancé la réécriture d’une application initialement Oracle pour la faire tourner sur PostgreSQL. C’est le chemin le plus difficile. Une autre approche est de ne pas tout mettre dans le Cloud et redévelopper sur des technologies Cloud native, mais avoir recours à une interconnexion directe entre son mainframe et le stack Cloud. De plus en plus de fournisseurs mainframes proposent des connecteurs. Enfin, il y a quelques acteurs de niche qui poussent le mainframe dans le Cloud, notamment via émulation, mais on voit beaucoup plus les applicatifs partir dans le Cloud avec le mainframe qui reste et enfin des projets de réécriture. » Eric Haddad conclut : « Plus un secteur d’activité est mature vis-à-vis du Cloud, plus il nous confie de choses et même des projets de “Lift and Shift” vers le Cloud. »

 

Auteur : Alain Clapaud