Le projet franco-allemand Gaia-X franchit une nouvelle étape pour créer une infrastructure IT et des services destinés à donner de la « souveraineté » aux données européennes. Ses 22 fondateurs, de grandes entreprises françaises et allemandes, ont constitué en septembre une association à but non lucratif (AISBL)
Les fondateurs de Gaia-X travaillent depuis 2019 à la définition de normes et de prototypes pour créer une infrastructure de données européenne, et donc un Cloud souverain et des services associés (IaaS, Paas, SaaS, etc.), tant du point de vue des fournisseurs que des utilisateurs. L’un de leurs objectifs est de s’attaquer au « vendor lock-in » de certains grands fournisseurs IT qui peuvent profiter de leur position dominante pour pratiquer des augmentations de tarifs arbitraires.
« L’objectif de Gaia-X est d’introduire transparence et interopérabilité des services cloud en Europe. Cette approche européenne souveraine des données est essentielle à l’heure où de plus en plus d’applications et données critiques sont détenues par les Gafam et où les BATX révèlent leurs stratégies d’expansion » souligne Anne-Sophie Taillandier, directrice de Teralab, la plateforme de l’IMT.
Que de grandes entreprises françaises et allemandes et peu de startups
Le modèle associatif retenu va permettre l’accueil de nouveaux membres européens et internationaux. Les membres fondateurs de l’AISBL Gaia-X sont : Amadeus, Atos, Beckhoff Automation, BMW, Bosch, Cispe, DE-CIX, Deutsche Telekom, Docaposte, EDF, Fraunhofer Gesellschaft, German Edge Cloud, Institut Mines-Télécom (IMT), IDSA, Orange, OVH, PlusServer, Safran, SAP, Scaleway, Siemens et 3DS Outscale (Dassault Systèmes).
On remarque l’absence d’associations thématiques comme Eurocloud, sans doute parce qu’elle accueille de nombreux Gafam dans ses rangs, de startups et de certains acteurs français qui ont fondé Cloudwatt et Numergy, nos deux ex-Clouds « souverains à la française »… Cela dit, les créateurs franco-allemands de Gaia-X ne sont pas opposés à l’accueil de Gafam ou Batx si ceux-ci jouent le jeu. Par exemple, ils devront s’assurer que les services cloud intégrés par Gaia-X seront bien accessibles par le biais d’API ouvertes et clairement documentées.
Un financement encore modeste et d’origine franco-allemande
Quant à son financement, il reste modeste et d’origine franco-allemande principalement. Pour financer la création du consortium, chaque membre fondateur met en théorie 75 000 euros sur la table, ce qui porte le fond d’amorçage à 1,6 million d’euros. Ensuite, le Gouvernement français a annoncé en septembre, lors de la présentation de son plan de relance, qu’il a réservé une enveloppe pour Gaia-X. Ses homologues allemands ou provenant d’autres pays européens en feront-ils autant ?
L’association belge s’installera progressivement à Bruxelles en mettant en place des structures organisationnelles-clés. L’association a d’ores et déjà planifié l’organisation d’un sommet Gaia-X, mi-novembre 2020.
Espérons que nous assistons davantage aux prémices de la création d’un « Airbus du Numérique » plutôt qu’à un mauvais remake politique franco-allemand de Cloudwatt et Numergy.