(AFP) – La Commission européenne a informé mardi les opérateurs de télécommunications Orange et MasMovil que la fusion de leurs activités en Espagne risquait d’avoir des effets négatifs “considérables” pour la concurrence, selon des conclusions préliminaires.
Si ces doutes sont confirmés dans la suite de la procédure, les deux groupes pourraient être conduits à modifier leur projet ou à y renoncer.
La Commission, gardienne de la concurrence dans l’UE, avait ouvert le 3 avril une enquête approfondie sur cette opération qui doit créer une coentreprise valorisée à plus de 18 milliards d’euros. A l’issue de cette enquête, l’exécutif européen a expliqué, dans un communiqué publié mardi, qu’il redoutait que l’opération envisagée élimine un concurrent innovant dans les services de télécommunications mobiles, l’accès à l’Internet fixe et les offres groupées “multiple-play”. La Commission craint de possibles “hausses de prix substantielles” en Espagne. “Les effets anticoncurrentiels prévus sont considérables“, a-t-elle averti. L’opération réduirait de quatre à trois le nombre d’opérateurs de réseaux de télécommunications dans le pays.
Les deuxième et quatrième opérateurs les plus importants
Le géant français Orange et son concurrent espagnol MasMovil avaient annoncé en juillet 2022 leur intention de fusionner leurs activités en Espagne dans une coentreprise alors qu’ils sont respectivement deuxième et quatrième opérateurs les plus importants sur ce marché. L’objectif affiché était de finaliser le projet au cours du second semestre 2023 “au plus tard”, sous réserve de l’approbation par les autorités de concurrence. L’opération a été notifiée le 13 février à la Commission européenne. Orange et MasMovil ont justifié la création de leur coentreprise notamment par des gains d’efficacité qui leur permettraient “d’accélérer les investissements dans la fibre optique et la 5G“.
L’opération s’inscrit dans un contexte où plusieurs responsables d’opérateurs européens ont appelé à la consolidation du marché sur le continent pour réduire la concurrence et accroître leur rentabilité, à l’heure où ils investissent lourdement dans ces technologies.
En informant par écrit Orange et MasMovil de ses griefs, la Commission franchit une étape formelle dans son enquête, sans préjuger de son issue. Orange et MasMovil ont à présent la possibilité de répondre aux inquiétudes de Bruxelles, de consulter le dossier et de demander une audition.