Aravati by Humanskills et Robert Half ont dévoilé les tendances 2025 des métiers et des salaires du secteur du numérique dans des études dédiées. Ils notent une stabilisation générale des salaires avec des augmentations ciblées. D’autres rapports mettent en avant les nouveaux métiers dédiés à l’IA.
Pour l’édition 2025 de son étude annuelle « HR Pulse », Aravati by Humanskills, un cabinet de conseil RH, analyse les nouvelles dynamiques salariales et les profils les plus recherchés. En ce qui concerne les salaires, la tendance générale montre une stabilisation, avec une hausse moyenne de 4 % en 2024 (voir les chiffres de Robert Half plus bas), contre une augmentation de 7 % en 2023 (augmentation tirée vers le haut par les métiers de l’IA, de la data et de la tech). « Cette modération marque la fin des hausses spectaculaires observées ces dernières années, reflétant les incertitudes économiques mondiales dues au contexte géopolitique et à une inflation sous contrôle », conclut Aravati by Humanskill.
L’executive management, un marché en berne
La demande pour les postes de dirigeants se fait plus rare. Le rapport y voit l’influence de plusieurs facteurs : la baisse des investissements des grandes entreprises, en adéquation avec la croissance économique, ainsi que le retour des dirigeants expatriés de Russie ou encore d’Asie ont freiné les recrutements. Enfin, les start-up, confrontées à un manque de levées de fonds, ne créeraient plus de nouveaux postes pour accompagner leur croissance.
Cependant, certains postes de direction avec une forte composante technique, tels que ceux de CIO (Chief Information Officer), CISO (Chief Information Security Officer) et Head of AI, restent très recherchés. Les rémunérations pour ces rôles continuent d’augmenter, avec une hausse moyenne de 13 % qui témoigne de la valeur stratégique de ces compétences dans un environnement technologique en constante évolution. Dotés de 10 à 15 ans d’expérience, les CIO et CTO ont une rémunération annuelle moyenne de 140 000 euros contre 160 000 pour les CISO – un chiffre pouvant monter jusuqu’à 250 000 euros pour les CIO les plus expérimentés (plus de 15 ans) !
Certains postes de direction avec une forte composante technique (Chief Information Officer, Chief Information Security Officer ou Head of AI), restent très recherchés.
Les métiers de la data et de l’IA en tête des augmentations salariales
Les métiers de la data et de l’intelligence artificielle continuent d’attirer des talents, avec des hausses salariales significatives. Les experts en IA disposant de plus de sept ans d’expérience demeurent très recherchés, bénéficiant d’une augmentation de rémunération autour des 12 % (soit 95 000 euros par an), similaire à celle observée l’année précédente.
De nouveaux postes tels que les Machine Learning Ops, chargés de déployer les algorithmes en production dans des entreprises matures, émergent avec des salaires atteignant 80 000 euros pour cinq ans d’expérience. Par ailleurs, les data engineers et data analysts restent également fortement demandés, avec des augmentations de salaire moyennes de 6 %.
L’intégration croissante de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle marque l’évolution des métiers du produit et du design.
RSE et durabilité : des fonctions stratégiques de plus en plus recherchées
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) prend de l’ampleur alors que les entreprises se préparent à mettre en place leur reporting CSRD. Les profils hybrides, combinant expertise métier et forte culture environnementale, tels que les data analysts RSE, les analystes ESG et les diversity managers, sont particulièrement recherchés. Ces postes voient leurs salaires augmenter légèrement, d’environ 8 % par rapport à l’année précédente, bien que les budgets de fonctionnement restent contraints. Ils ont également l’avantage d’offrir aux collaborateurs de belles perspectives d’évolution financière, avec une rémunération qui a fortement augmenté en quelques années seulement : avec moins de trois ans d’expérience, le salaire moyen d’un analyste RSE est de 38 000 euros et de 40 000 euros pour le Chief ESG Compliance, contre respectivement 80 000 et 110 000 euros avec plus de sept ans d’expérience. La pénurie de profils expérimentés dans des domaines tels que le green management ou le green IT profite aux seniors dotés de compétences en labellisation, qui voient leur rémunération augmenter de 12 %.
Métiers du produit et du design : une orientation vers une dimension technique accrue
Les métiers de Product Owner (PO) et de Product Manager (PM) se diversifient et se spécialisent, donnant naissance à des rôles comme PO Data ou Product OPS (Product Operations Manager). Ces spécialisations répondent à des besoins spécifiques en matière de gestion et d’optimisation des processus de travail, reflétant une évolution vers une plus large intégration de ces fonctions au sein des entreprises.
L’intégration croissante de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle (IA) marque l’évolution des métiers du produit et du design. Sur le plan salarial, on observe une stabilisation autour de 2 %, en moyenne, pour les Product Owners « classiques », tandis que les Product Owners plus spécialisés bénéficient de hausses plus significatives, entre 8 et 10 %.
Une augmentation/promotion ?
Selon le « Guide des salaires 2025 » de Robert Half, 68 % des salariés en IT et numérique pensent qu’il sera plus difficile d’obtenir une augmentation de salaire en 2025. Alors qu’ils sont également 68 % à estimer que leur salaire ne correspond pas à leur expertise, leur expérience ou leur niveau de responsabilité. Parmi la génération Z, 77 % des salariés interrogés par Robert Half se disent plus exigeants que l’année dernière en termes de salaire. Les salariés de l’IT et du numérique sont les plus enclins à affirmer qu’ils chercheraient un nouvel emploi s’ils n’obtenaient pas une augmentation au cours des 12 prochains mois (20 %, soit deux fois plus que les salariés des fonctions finance et comptabilité). Ils disent aussi qu’ils changeraient d’entreprise si une opportunité
d’augmentation salariale de 10 à 20 % venait à se présenter. Notez que 58 % des employeurs admettent que la présence au bureau a un impact sur la probabilité qu’un employé obtienne une promotion. « La multiplicité des enjeux numériques accentue toujours plus la tension sur le recrutement de profils qualifiés, essentiels au bon fonctionnement et à la croissance des entreprises. La très forte progression des métiers liés à la mise en place et au contrôle qualité des produits IT montre leur caractère prioritaire. Pour ces profils, le salaire reste le critère principal mais la flexibilité est aussi très attendue et offre des marges de manœuvre de fidélisation aux employeurs prêts à faire évoluer leur regard sur le travail hybride », selon Quentin de Beaufort, directeur chez Robert Half.
Quelles sont les fonctions IT qui connaissent des augmentations significatives ?
Si l’évolution des salaires IT est dans l’ensemble modérée, certaines fonctions en forte demande connaissent des augmentations significatives, peut-on apprendre dans le « Guide des salaires 2025 » de Robert Half.
Les salaires IT n’augmentent plus autant que les précédentes années, constate Robert Half dans son étude. En moyenne, c’est 2 % d’augmentation. Cependant, trois fonctions connaissent des augmentations autour de 10 % : testeur/responsable QA, chef de projets IT et ingénieur DevOps.
- Testeur/responsable QA : + 14 %
Rémunération : 25e percentile – 45 000 € ; 50e percentile
– 55 000 € ; 75e percentile – 65 000 € - Chef de projets IT : + 9 %
Rémunération : 25e percentile – 45 000 € ; 50e percentile
– 55 000 € ; 75e percentile – 65 000 € - Ingénieur DevOps : + 8,8 %
Rémunération : 25e percentile – 60 000 € ; 50e percentile
– 72 000 € ; 75e percentile – 80 000 €
IA : les Européens moins bien formés que les Américains
Selon une toute récente étude du cabinet de recherche Forrester, 39 % des travailleurs européens disent avoir reçu une formation sur la manière d’utiliser l’IA dans le cadre de leur travail, loin derrière les 52 % de travailleurs américains qui déclarent la même chose. En 2025, Forrester s’attend à ce que cet écart atteigne au moins 15 points de pourcentage. Le spécialiste explique que les entreprises européennes sont moins enclines à fournir une formation formelle efficace aux employés non techniques sur la manière d’utiliser l’IA dans le cadre de leur travail.
Le nombre d’offres d’emploi dans l’IA augmente-t-il ?
La part des offres d’emploi contenant des termes liés à l’IA reste modeste, selon une toute récente étude d’Indeed et de son institut de recherche économique Hiring Lab. Elle varie de 1,5 à 2,5 % en France.
Si les technologies d’IA générales (distinctes des nouvelles technologies d’IA générative) existent depuis un certain temps, la part des offres mentionnant des termes liés à cette technologie aujourd’hui est globalement similaire à celle du début de 2020.
La part liée à l’IA a augmenté jusqu’en 2022, puis un ralentissement dans le secteur technologique l’a fait diminuer. Elle est repartie à la hausse au cours de l’année écoulée.
IA générative : 0,15 % des offres en France
En revanche, si les emplois liés à l’IA générative représentent une part encore faible, ils connaissent une très forte croissance de l’ensemble des offres, relève l’étude. En France, ces mentions ont été multipliées par 15 de 2022 à aujourd’hui. Cette augmentation s’est rapidement manifestée après le lancement de ChatGPT à la fin de l’année 2022. Il faut cependant temporiser : ces emplois restent rares, avec environ 0,15 % des offres en France.
GenAI : + 411 % au niveau mondial
À l’échelle mondiale, les offres d’emploi liées à l’IA générative (GenAI) sont en hausse de 411 %, selon le dernier rapport Skyhive by Cornerstone, « Global State of the Skills Economy Report », qui se base sur l’analyse des cinq dernières années. Il souligne une forte augmentation des offres d’emploi dans les domaines de l’intelligence artificielle (IA), du machine learning (ML) et de l’IA générative (GenAI), avec une croissance de 65 % des annonces en IA et machine learning depuis 2019 face à 411 % pour la GenAI.
L’étude chiffre à 1,1 % le portefeuille d’offres d’emploi axées sur l’IA et le machine learning en France. Elle se classe au 7e rang des pays demandeurs.
Il faut noter que la demande de compétences en GenAI ne se limite pas à l’industrie informatique. Bien qu’elle soit principalement concentrée dans des secteurs comme le développement logiciel et le conseil en informatique, elle connaît une croissance dans les services financiers, la santé, l’industrie pharmaceutique et le secteur bancaire.
Réalités augmentée et virtuelle : une forte demande
Selon le rapport « Global State of the Skills Economy », les offres d’emploi dans les domaines de la réalité augmentée (RA) et de la réalité virtuelle (RV) ont augmenté de 154 % au cours des cinq dernières années, ce qui montre que le secteur est en passe d’être adopté à grande échelle. Au-delà du simple divertissement, les industries explorent désormais ces applications pour les simulations de formation, la collaboration à distance et l’amélioration de l’expérience client.
Les compétences informatiques de base, un prérequis qui reste fort
Les compétences techniques élémentaires, telles que la capacité à utiliser un ordinateur et des logiciels courants, sont assez largement répertoriées, dans près de 8 % des annonces, selon l’étude d’Indeed. La maîtrise du pack Office est exigée dans plus de 1 annonce sur 20. Au total, 13 % des annonces requièrent ces compétences numériques de base.
Les outils collaboratifs, pierres angulaires du modèle de travail hybride
Automatisation, collaboration, 5G… le dernier rapport de veille stratégique de GlobalData, « The Future of Work – Thematic Research (globaldata.com) », étudie les technologies qui changent notre façon de travailler.
En matière de collaboration, Laura Petrone, analyste principale dans l’équipe d’intelligence stratégique chez GlobalData, explique : « De nombreuses entreprises exigent désormais que les employés travaillent au bureau cinq jours par semaine. Cependant, beaucoup de salariés continuent de travailler à distance. Par conséquent, les outils de collaboration comme la visioconférence et la messagerie instantanée sont devenus les pierres angulaires du nouveau modèle de travail hybride. Ils joueront également un rôle essentiel pour empêcher l’émergence d’une main-d’œuvre à deux niveaux, dans laquelle les travailleurs à distance seraient désavantagés par rapport à leurs collègues travaillant au bureau. »
le travail selon GlobalData.
Formations à l’IA : Microsoft accélère son engagement en France
Microsoft rend disponible en français sa plateforme d’apprentissage de l’IA, AI Skills Navigator. L’éditeur veut aussi former les demandeurs d’emploi.
La solution, gratuite, donne accès à un assistant IA qui guide les utilisateurs dans la création d’un parcours d’apprentissage sur mesure, aligné avec leurs objectifs, leur métier, leur niveau de compétences et leurs modalités d’apprentissage.
Elle propose plus de 200 ressources issues de Microsoft Learn, LinkedIn Learning, GitHub et de partenaires. Via l’outil d’évaluation disponible, il est également possible d’évaluer ses compétences, d’identifier ses besoins et de suivre sa progression plus facilement.
L’IA pour les demandeurs d’emploi
Par ailleurs, Microsoft a annoncé un partenariat avec France Travail et Kokoroe, une société française d’Edtech spécialisée dans le micro-learning, et lance un programme de formation IA destiné aux demandeurs d’emploi. Au programme, sur 31 jours : des modules courts et accessibles pour utiliser l’IA, que ce soit dans son usage au quotidien ou comme outil d’aide à la recherche d’emploi. En France, l’objectif de Microsoft est de former 1 million de Français à l’IA d’ici 2027.
Pour les professionnels de l’IT, l’IA libérerait jusqu’à 16 heures de productivité mensuelles
L’IA aiderait d’ores et déjà les professionnels de l’IT à économiser près de 16 heures de travail par mois, selon un rapport mondial de TeamViewer, connu pour ses solutions de connectivité à distance.
7 répondants sur 10 à ce rapport sur les opportunités de l’IA (« AI Opportunity Report ») estiment que l’IA sera à l’origine du plus grand boom de productivité depuis un siècle. Les professionnels du secteur informatique font partie des principaux utilisateurs des outils d’IA et parviennent à économiser en moyenne 16 heures de travail par mois (7 heures pour les Français), contre 6 pour les employés du secteur public, où l’adoption de l’IA est moins avancée. Ces données indiquent un vaste potentiel d’amélioration de la productivité au fur et à mesure que l’adoption de l’IA se poursuit.
Juliette Paoli