Le Forum International de Cybersécurité (FIC), habituellement Lillois, inaugurait sa version américaine au Canada. Retour, avec Jean-Noël de Galzain, CEO de Wallix, sur la phase bêta d’un événement qui pourrait rapidement devenir une institution.
Clap de fin, mercredi 2 novembre, pour l’édition outre-Atlantique du FIC. Une première pour les organisateurs du Forum International de Cybersécurité, habitués à Lille, mais également pour les Canadiens qui accueillaient au Palais des congrès de Montréal leur premier salon dédié à la cybersécurité. Sur 2 jours, l’événement annonçait plus de 3 500 visiteurs et a vu défiler suffisamment de personnalités pour lui donner tout le crédit dont il avait besoin.
Eric Caire, locataire du tout nouveau ministère québécois de la Cybersécurité et du Numérique créé en janvier 2022, s’est notamment chargé du discours de la plénière d’ouverture : “Nous allons avoir besoin de tisser une toile de collaboration et d’échanges entre acteurs de part et d’autre de l’Atlantique ». Et c’est bien l’objectif de cette édition : présenter “l’Équipe de France de la Cyber” et faire de l’offre française une offre de rang mondial. Pour cela, les talents hexagonaux sont venus en nombre : Atempo, Erium, Cyber-Detect, Stormshield, Sopra Steria, Nameshield, Campus Cyber, Wallix, etc. ont ainsi fait le déplacement pour exposer leur compétence et partager leurs bonnes pratiques auprès d’utilisateurs essentiellement exposés aux offres voisines.
L’alternative française face à une offre majoritairement américaine
“Aujourd’hui, selon le gouvernement canadien, 70 % des échanges du Canada se font avec les Etats-Unis. Les acteurs américains sont donc naturellement assez présents, confirme Jean-Noël de Galzain, CEO de Wallix et président fondateur de l’association Hexatrust. Il va s’agir pour nous d’être plus présents et de développer davantage de partenariats. A la fois sur le plan économique mais aussi sur le plan académique ». Le Canada investit en effet dans des projets de recherche nationaux et bilatéraux comme celui sur l’intelligence artificielle en santé. “Il y a ici un tissu académique mobilisé sur l’émergence d’ingénieurs et de profils bilingues sur nos sujets”, ajoute Jean-Noël de Galzain. Le CEO souligne ici un autre avantage pour nos cyber Jacques Cartier : “Nos offres ont cette particularité d’offrir le bilinguisme anglais-français qui correspond parfaitement aux besoins canadiens. » Pour le dirigeant, le développement économique favorisera une influence plus large d’un numérique francophone, “un numérique de confiance qui incarne les valeurs que nous nous astreignons à promouvoir. »
Voir ce qui se fait ailleurs avant de s’engager
Parmi les différents retours d’expérience, ce fut également l’occasion de découvrir que les Canadiens expérimentaient depuis plus de dix ans déjà la question de la cyberassurance. Cela, alors même que le sujet est en cours de discussion du côté de Bercy. “Et leur bilan est extrêmement négatif. Ils ont depuis enregistré une augmentation spectaculaire de cyberattaques faisant du Canada la cible mondiale numéro 1 », explique Jean-Noël de Galzain.
Pour les assureurs, qui voient un lien direct entre cette hausse et la promulgation de la loi, il est aujourd’hui question de se retirer d’un système jugé trop coûteux. “Une information dont devraient tenir compte nos instances actuellement en pleine réflexion sur le sujet, suggère Jean-Noël de Galzain. Regardons ce qui se fait ailleurs avant de nous engager sur des dispositions qui pourraient avoir un effet contraire à ce qu’on en attend. » Les enseignements tirés lors de ces rencontres sont d’une grande richesse.
Une main tendue aux dirigeants français
Enfin, côté business, si la question du carnet de commandes n’a pas été évoquée, le CEO fondateur de Wallix se réjouit d’avoir pu rencontrer un grand nombre de clients potentiels issus de la banque, de l’industrie ou encore de l’aérospatiale et tire, surtout, une grande fierté d’appartenir à ce mouvement pionnier. “Nous sommes vraiment honorés d’être partenaires de ce FIC North America et de représenter le savoir-faire hexagonal. »
Pour lui, la réussite de l’événement est un message fort envoyé à nos instances dirigeantes et doit être considérée comme une invitation pour Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, à faire le déplacement l’année prochaine. “C’est également une invitation pour notre ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, à travailler avec nous sur ce que pourrait être un environnement numérique de confiance avec une collaboration étendue et renforcée entre nos deux pays. Nous avons clairement un travail de conquête et de séduction à faire pour travailler davantage avec le Canada ! », conclut Jean-Noël de Galzain.
Installé à Montréal depuis quelques années, Wallix prévoit d’investir une dizaine de millions d’euros sur les deux prochaines années pour s’implanter plus largement en Amérique du Nord.
Stéphane Bellec