Si la France est en train de connaître les années « pic » de son déploiement en fibre optique, l’emploi reste l’un des principaux enjeux de sa réussite, selon le 9ème Observatoire national du très haut débit, tandis que se profile le challenge de l’après fibre.
C’est lors du « Trip de Printemps 2021 » de l’Avicca que l’Observatoire national du THD, réalisé par la fédération Infranum, l’Avicca et la Banque des territoires, a été dévoilé. Grâce à la mobilisation des centres de formation, le recrutement et la formation surpassent les prévisions, à l’image du déploiement de la fibre optique. Fin 2022, l’objectif gouvernemental de 80 % de couverture devrait être dépassé de 7 %.
« Nous avions prévu pour l’année 2020 un recrutement, avec difficulté, de 5 300 ETP (ndlr : équivalents temps plein) et ce sont 9 700 ETP qui ont été embauchés, constate Julien Delmouly, délégué général adjoint d’Infranum. De même, en 2021, ce sont 5 500 recrutements qui sont programmés au lieu des 1 500 estimés. Ces recrutements ne sont bien entendu possibles qu’avec la formation préalable. On peut saluer la mobilisation exceptionnelle des centres de formation qui, malgré le Covid et les difficultés en présentiel, ont su s’adapter et ont atteint un taux d’occupation de 97 % ». D’après l’Observatoire, le taux d’insertion à trois mois s’élève par ailleurs à 80 %.
Recherche raccordeurs désespérément
Julien Delmouly le souligne, de gros efforts restent à faire sur la construction. « Nous nous attendions à voir le nombre de formations pour le raccordement clients exploser, mais si on sent une évolution (+ 4 %), ce n’est pas encore le raz de marée. Cela dit, l’accélération de la demande en formation pour le raccordement client se fait sentir, et demain, ce sont évidemment les domaines de la maintenance, du datacenter et de la smart city qui deviendront prégnants ».
Etienne Dugas, président d’Infranum le confirme, la filière rencontre encore des soucis pour embaucher. « Malgré les 190 organismes de formation présents dans notre pays et les 46 centres labellisés Objectif Fibre, il s’agit toujours du même problème de communication et d’attractivité de nos métiers, même si petit à petit, à force d’en parler, la situation progresse ». Il manque encore quelque 5 500 collaborateurs pour pouvoir atteindre le fameux pic et c’est pour le métier de raccordeur que le besoin est le plus fort. La filière est toujours en discussion avec l’Etat sur le lancement d’une grande campagne de communication sur les métiers de la fibre.
L’après fibre en arrière plan
Si le summum des recrutements sera bientôt atteint, il faut anticiper la décrue et réfléchir à la reconversion nécessaire des salariés. « C’est tout l’objectif de l’Engagement de Développement de l’Emploi et des Compétences 2 (EDEC 2), qui devra déterminer comment l’ensemble des emplois de la filière fibre seront « transformés » pour la 5G, le smart et, en ce qui nous concerne, l’export, affirme Etienne Dugas. Si l’EDEC 2 est finalisé, il n’a encore été signé car il nécessite quelques petits ajustements avec certains OPCO explique-t-il. L’Etat a fait sa part, il n’y a pas de débat ». Le président d’Infranum mise sur une signature durant l’été. Le premier objectif de cet EDEC 2 sera de recenser tous les possibles dans les nouveaux métiers », précise-t-il.
Les enjeux de l’emploi dans les datacenters de proximité
Parmi les nouveautés de l’Observatoire figure cette année l’analyse des enjeux liés aux données numériques : Cloud, datacenters de proximité, hébergement, souveraineté numérique… Usages et données numériques étant étroitement liés, Infranum a décidé de faire de l’enjeu des data l’une de ses nouvelles priorités. L’arrivée de la fibre crée en effet une véritable dynamique dans les territoires.
Elle se mesure notamment par l’accélération des implantations de datacenters avec une évolution notable des centres de proximité, qui représentent deux tiers des projets, nés ou en cours. « Le datacenter, c’est également de l’emploi local avec aujourd’hui en France déjà 8 000 emplois locaux mobilisés sur les projets de datacenter », met en avant Julien Delmouly. Ces emplois se répartissent en 2 000 emplois directs et 650 indirects dans les datacenters de proximité et en 2 600 emplois directs et 2 700 indirects dans les datacenters hyperscale.
Patricia Dreidemy