Accueil Business Face à l’opposition des régulateurs, Nvidia renonce à racheter Arm

Face à l’opposition des régulateurs, Nvidia renonce à racheter Arm

La levée de boucliers des autorités de la concurrence des trois plus grands marchés du monde aura eu raison du projet de rachat. Mais la vente d’Arm n’est pas abandonnée, SoftBank ayant annoncé préparer une offre publique dans le courant de l’année.

Finalement, les vents contraires ont eu raison du projet du rachat d’Arm : Nvidia et SoftBank Group (SBG) ont annoncé, dans un communiqué commun, l’abandon du projet. Rappelons que Nvidia avait proposé une somme qui valorisait Arm à 40 Md $. Une somme qui n’était plus d’actualité, car, avec la crise et la pénurie, la valorisation d’Arm a augmenté.

Dans un communiqué commun, « les parties ont convenu de mettre fin à l’accord en raison d’importants défis réglementaires empêchant la consommation de la transaction, malgré les efforts de bonne foi des parties. Arm va maintenant commencer à préparer une offre publique », ont-ils annoncé. En somme, la vente d’Arm est toujours à l’ordre du jour, mais à présent via une offre publique d’achat.

SBG a annoncé que, en coordination avec Arm, elle commencera à préparer une offre publique d’Arm au cours de l’exercice financier se terminant le 31 mars 2023. SBG estime que la technologie et la propriété intellectuelle d’Arm continueront à être au centre de l’informatique mobile et du développement de l’intelligence artificielle.

Des autorités de la concurrence intraitables

Après plus de quinze mois de tractations (l’annonce du rachat a été faite en septembre 2020), Nvidia n’a pas réussi à convaincre les différentes autorités de la concurrence du bienfondé de sa stratégie pour le marché des semiconducteurs en général. Avec la course aux semiconducteurs que se livrent les états, qui ont identifié cette technologie comme d’importance vitale, il est clair que le sujet s’est singulièrement compliqué en devenant une affaire d’État.

De fait, l’argument principal de Nvidia affirmant que « cette opération est l’occasion d’accélérer Arm et de stimuler la concurrence et l’innovation » n’a pas été entendu. Pourtant, le fabricant de GPU n’a pas ménagé ses efforts. Dans un argumentaire destiné à l’autorité de la concurrence britannique et envoyé le 20 décembre dernier, Nvidia affirmait qu’Arm « ne dispose pas de l’expertise en matière de construction de systèmes, de l’échelle d’ingénierie logicielle ou des ressources de R&D des fournisseurs de x86 comme Intel et AMD. Même dans le cadre des projections les plus optimistes, Arm ne pourrait pas générer les revenus nécessaires pour investir et rivaliser avec les fournisseurs historiques de x86 ». En clair, Arm profiterait de son écosystème et de son expertise pour se développer sur un marché dominé par les architectures x86.

Mais les autorités ont toutes émis de sérieuses réserves en lançant à tour de rôle des enquêtes. La Commission fédérale du commerce (FTC) des États-Unis a déposé une plainte administrative pour tenter de bloquer la super acquisition. En novembre, la phase deux de l’enquête du gouvernement britannique sur l’opération a été annoncée, juste après que la Commission européenne ait dévoilé sa propre enquête approfondie sur le projet de fusion en octobre. Finalement, les obstacles étaient trop importants, ce qui n’empêchera pas Nvidia de rechercher d’autres solutions d’investissement sur le marché. Wait and see.

 

 

Mourad Krim