DSIO et directeur logistique de Cora, Philippe Courqueux est également administrateur du Cigref. Il a par ailleurs été élu DSI de l'année 2010 sur la relation métier par notre confrère 01 Informatique. Il nous livre ici sa vision du rôle de DSI, qui s'inscrit dans un contexte complexe et éminemment évolutif.
Le sujet de la relation métier tient particulièrement au cœur de Philippe Courqueux, qui effectue des sondages tous les deux ans auprès de ses utilisateurs et obtient généralement, à sa grande satisfaction, des appréciations excellentes. “Tout n'est pas parfait cependant, mais notre informatique est vraiment devenue un partenaire des métiers“, constate-t-il. “Il n'y a que 10 % de questions vraiment techniques posées à notre service de support, le reste concerne le fonctionnel et le métier, comme par exemple la programmation d'opérations commerciales ou le périmètre d'un inventaire“.
De grands changements
Pour Philippe Courqueux, le métier de DSI a connu des changements majeurs, ces dernières années, notamment du fait de l'évolution de l'informatique grand public, qui a tendance à prendre le pas sur l'informatique d'entreprise. “Auparavant, l'informatique était une affaire de spécialistes, souvent enfermés dans leur tour d'ivoire. Puis le centre de gravité de l'informatique s'est déplacé vers l'informatique individuelle avec l'arrivée des PC. Ces dernières années ce sont les PDA, les iPad et autres tablettes, et les réseaux sociaux qui ont vu le jour et influent fortement sur l'informatique d'entreprise“.
Il s'agit là d'une opportunité mais aussi d'un risque. “Considérant l'application comme intéressante, j'avais introduit Google Search il y a 6 ou 7 ans déjà au sein de mon entreprise, sans accompagnement particulier. Mais l'usage de l'information n'est pas le même en entreprise que dans un cadre personnel : au travail, on utilise des applications informatiques précises et les gens n'ont pas fait l'effort d'aller voir sur Google. Ils recherchent l'instantanéité et ne font pas l'effort de sortir de leur application. Le rôle du DSI est donc important pour identifier ce qui est réellement utile et important pour l'entreprise.“.
“Il ne faut pas confondre 'être spécialiste d'une technique' (d'interrogation de données, de tableur etc.) et 'en faire le bon usage'“, poursuit-il. “En informatique comme dans les métiers, il est important de savoir sélectionner les bonnes techniques. Nous avons par exemple tous connu des spécialistes des macros Excel. Mais ceux-ci ne seront pas forcément les meilleurs relais pour définir la pertinence de telle ou telle application. Aujourd'hui, on trouve des spécialistes des PDA qui comparent Android à Windows Mobile. Mais ils ne seront sans doute pas pertinents pour choisir une application PDA“.
Le pouvoir du DSI en question ?
Le Cigref précise l'articulation entre le métier et la DSI via la gouvernance des SI. De nombreux travaux ont été menés sur ce sujet au cours des dix dernières années, qui ont tous été bénéfiques. Parmi ses nombreuses activités, Philippe Courqueux anime également le club N-Tech de Metz. Le thème d'une récente réunion concernait précisément les défis des entreprises en fonction de leur taille. Il est apparu que l'une des grosses différences entre les grands comptes et les moyennes entreprises est la taille de l'organisation qui gère l'informatique. “En PME, le RI est souvent sorti des rangs. Il y a alors un risque réel de tomber dans le travers évoqué plus haut“, estime notre interlocuteur, qui précise :
“En revanche, je ne place pas trop le DSI au centre du débat autour du pouvoir. Il faut sortir de cette discussion, car elle est biaisée. Le rôle du DSI est de faire en sorte que ses équipes travaillent sur des projets informatiques. Par exemple, notre projet CoraDrive est à 90 % informatique : il a néanmoins été mené en binôme avec le métier“.
Benoît Herr
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