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Evolution du modèle de tarification des produits SAP et problématique des accès indirects : “Notre déception est à la hauteur de nos espérances : immense !”, Claude Molly-Mitton, USF

SAP France
Bureaux de SAP France à Levallois-Perret

L’association des utilisateurs francophones des solutions SAP (USF) vient de réagir officiellement, par la voix de Claude Molly-Mitton, son président, à l’évolution du modèle de tarification des produits SAP dessinée par le géant allemand en mai dernier. Dans une lettre adressée à SAP, l’association se dit profondément “déçue” et recommande aux utilisateurs SAP de ne pas accepter pour l’instant de nouvelles conditions contractuelles sur les bases générales que l’éditeur allemand a proposées.

En mars dernier, la communauté SAP s’enflammait à la suite d’un jugement rendu par la cour royale de justice : un juge britannique condamnait le groupe agro-alimentaire Diageo au bénéfice de SAP. Client de la firme de Walldorf depuis 2004, Diageo a lancé en 2012 deux projets « relation clients », bâtis sur Salesforce, et connectés à SAP via une infrastructure d’échange disposant d’une licence légitime pour accéder aux données. SAP a estimé que cette licence était insuffisante et a assigné son client en justice, exigeant que tous les utilisateurs qui accèdent aux données SAP via l’infrastructure d’échange s’acquittent d’un droit d’usage. SAP réclamait ainsi en reprenant l’historique 64 millions d’euros à Diageo

SAP peut-il facturer les clients pour les usages et accès indirects de ses systèmes par le biais d’applications de tiers ? Telle est la question de fond. En France, l’USF, l’association des utilisateurs SAP francophones, s’en était inquiétée la première publiquement. « Cette affaire donne un signal négatif : elle risque de faire fuir certains prospects et clients de SAP, car elle constitue une épée de Damoclès pour les utilisateurs », commentait début mars Claude Molly-Mitton, président de l’USF. En mai, la rébellion semblait avoir été entendue.

Le directeur monde de SAP, Bill Mc Dermott
Bill McDermott, PDG de SAP

A la conférence annuelle Sapphire d’Orlando, le PDG de l’éditeur, Bill McDermott, avait enfin abordé publiquement la question controversée des licences indirectes dans son discours d’ouverture. « J’entends que l’accès indirect cause de l’anxiété, alors disons-le comme il l’est. La protection de la propriété intellectuelle et la facilité de faire des affaires est un équilibre délicat. Mais, même si nous maintenons cet équilibre, nous pouvons montrer une plus grande empathie », avait-t-il déclaré en introduction. « Aujourd’hui, j’annonce des prix simplifiés. Les processus de «procure to pay» et «d’order to cash» seront maintenant basés sur les commandes, ce qui constitue un résultat mesurable pour toute entreprise. L’accès statique à la lecture dans les systèmes tiers est vos données, et SAP ne facturera pas pour cela. »
Hala Zeine, vice-présidente senior de la stratégie de commercialisation chez SAP SE, précisait alors dans un billet de blog : « La lecture statique indirecte sera maintenant incluse dans la licence du logiciel sous-jacent, c’est-à-dire sans frais supplémentaires lorsqu’un client est correctement titulaire d’une licence. »
SAP semblait donc faire un pas vers les utilisateurs, mais manquait de clarté, la licence étant un sujet fort complexe. Quelle métrique (par utilisateur ou volume de commandes) utilisée selon les processus, à un instant T et à l’avenir ? A l’époque, l’USF voulait prendre le temps « d’analyser l’annonce de SAP sur les nouveaux contrats » avant de se lancer dans des commentaires, d’ “avoir matière à régir sur le fond ». C’est chose faite : Claude Molly-Mitton vient d’envoyer une lettre à Hala Zeine, dont une copie est donnée à la presse IT et économique.

Claude Molly-Mitton, président de l’USF, l’association des utilisateurs francophones des solutions SAP
Claude Molly-Mitton, président de l’USF

Force est de constater que SAP reconnaît enfin, par ses récentes annonces, l’existence d’un problème que jusque-là elle niait totalement, au moins au niveau de SAP France. Nous ne pouvons donc, sur le principe, que nous féliciter de ce changement majeur de position. Et nous tenons à vous rappeler que ce problème des accès indirects à SAP, s’il a été en effet soulevé depuis longtemps par certains clubs d’utilisateurs, notamment par les clubs allemands et français, avait été évidemment créé à la seule initiative de l’éditeur SAP et non pas à celle de leurs clients !”, indique-t-il en début de lettre. Avant de poursuivre : “Toutefois, notre déception est à la hauteur de nos espérances : immense ! En effet, vous nous présentez un modèle qui est à la fois contestable, incomplet, imprécis donc de fait incompréhensible et inacceptable en bien des points, sur ce que nous avons pu en comprendre.” Conclusion ? Une recommandation générale de l’USF “de ne pas accepter pour l’instant de nouvelles conditions contractuelles sur les bases générales que vous nous avez présentées, en l’état actuel de celles-ci.”

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Lettre SAP – lincensing – USF – 29062017