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Europe de l’Ouest : plus d’un quart du travail ne sera plus réalisé par des humains d’ici 2023

C’est l’un des résultats de l’étude « Vers le monde digital de demain » * de Willis Towers Watson, qui décrit les grandes tendances liées à la digitalisation du travail

Sébastien Biessy

Aujourd’hui, 84% des entreprises européennes automatisent certaines tâches (89% d’ici 3 ans), quand 15% du travail n’est déjà plus réalisé par des humains (26% dans 3 ans). « Qu’elles soient manuelles ou intellectuelles, toutes les tâches non cognitives, répétitives ou ne demandant pas d’intervention relationnelle sont susceptibles d’être automatisées, affirme Sébastien Biessy, directeur de l’activité Talent chez Willis Towers Watson France. C’est le cas depuis longtemps dans les usines. Dans les services, toutes les tâches de calcul, de finance, et parfois aussi, avec les chatbots, la relation client, sont concernées. On le constate notamment dans les compagnies d’assurances et dans les banques où l’automatisation des tâches est très forte ».

Selon l’enquête « Talents »** qui complète l’étude « Vers le monde digital de demain », deux travailleurs sur cinq perçoivent un haut risque de perdre leur emploi, estimant qu’il pourrait être automatisé ou délocalisé d’ici dix ans. Les plus conscients des risques de l’automatisation sont ceux prêts à entrer en concurrence dans un nouveau marché où les défis et la rémunération s’avèrent plus importants, ainsi que ceux qui craignent d’être distancés par la transformation des métiers. Ils sont aussi plus disposés à investir dans le développement de leurs compétences (65%) par rapport à ceux qui perçoivent un faible risque de perte d’emploi (45%).

Un recours accru aux free lances

« Tout un travail reste à faire auprès des collaborateurs pour réinventer les métiers puisqu’une partie des tâches va disparaître, commente Sébastien Biessy. Certains vont se retrouver, non pas sans emploi, une partie de leur job subsistant, mais moins occupés. On leur demandera par conséquent plus d’interactions, de communication, de prise de décision. Et c’est là que la formation joue un rôle extrêmement important afin de les faire monter en compétences sur tous ces aspects ».

Les directions RH pointent plusieurs aspects nécessitant des avancées pour que les défis de la numérisation soient relevés avec succès : le développement du leadership avec en rôle central celui des RH (59%), et des managers, véritables coaches accompagnant les équipes pour atteindre les résultats ; le pilotage de la performance (61%) pour donner du sens aux actions quotidiennes des collaborateurs en les reliant à une vision, des objectifs et des actions concrètes à mettre en place.

Demain, les entreprises vont cependant avoir davantage recours à des free lance ou des ressources externes. « Les tâches deviennent toujours plus spécialisées, explique Sébastien Biessy. Pour autant, les entreprises n’auront besoin de compétences très pointues que ponctuellement ». Si les plate-formes de talents sont en pleine explosion, c’est qu’elles correspondent parfaitement à ces besoins. « On va observer une accélération de cette pratique en Europe, liée à son retard par rapport aux Etats-Unis. confie Sébastien Biessy. Même si elle s’est assouplie ces dernières années, la législation est encore assez protectrice ».

 

Auteur : Patricia Dreidemy

* L’étude « Vers le monde digital de demain » a été réalisée en ce qui concerne l’EMEA auprès de 245 entreprises

** L’étude Talents a été effectuée auprès de 6 000 salariés de 3 pays (Chine, Royaume-Uni et Etats-Unis)