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Etudes dans le numérique : stéréotypes de genre et sexisme freinent les femmes

Il n’y a pas assez de femmes à recruter, se plaignent les employeurs du numérique. Or peu sortent d’études spécialisées dans le numérique, alors même que 96 % de celles qui en font sont satisfaites de leur choix. La faute à des stéréotypes sexistes tenaces dans l’entourage éducatif et amical, montre l’étude Gender Scan.

Le facteur humain apparaît décisif dans le choix d’orientation des jeunes, selon l’étude internationale Gender Scan parue en décembre 2021 et réalisée dans 117 pays. Cet article analyse les résultats de la France.

Avoir des professeur.es et des proches qui vous poussent ou qui vous freinent à aller vers le numérique est le critère clef dans le choix d’études des 1 561 étudiants interrogés en France, qui poursuivent leur cursus en STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), dont une partie dans le numérique.

Le stéréotype négatif et masculin du geek no life a la vie dure. 43 % des étudiantes ont été découragées d’étudier dans le numérique, et 28 % des étudiants. 64 % des jeunes filles que l’on a découragées l’ont été par des enseignants, 23 % par la famille et 23 % par des amis.

Stéréotypes de genre

Les principaux arguments avancé vis-à-vis des jeunes femmes se fonde sur des préjugés sexistes à classer dans la catégorie « ce n’est pas un métier de femmes » (40 % des réponses). Le second est de ne pas être au niveau (36 % des femmes et 55 % des hommes qu’on a voulu décourager). Or, parents et professeurs ne sont pas forcément les mieux placés pour juger du niveau à avoir pour faire des études dans le numérique… L’enfer est pavé de bonnes intentions, et le monde de personnes qui aiment donner leur avis non qualifié.

Sans surprise, un entourage bienveillant donne confiance en soi et aide à faire un choix motivé. Les facteurs humains et matériels suivants influencent grandement le choix des jeunes françaises étudiant le numérique : les proches avant tout (famille, amis), les professeurs et l’accès aux nouvelles technologies à l’école.

Des femmes très satisfaites de leurs études…

96 % des étudiantes interrogées en France se montrent satisfaites de leur choix d’études dans le numérique, dont 65 % très satisfaites (respectivement 90 % et 56 % des jeunes hommes). Il n’y a pas de différence liée au genre, la majeure partie des étudiants se sent à l’aise, intégrée et épanouie dans les formations au numérique. Les motifs de satisfaction sont les mêmes quel que soit le genre : développement des compétences, possibilité de trouver un emploi, et ce dans de nombreux secteurs.

… mais confrontées au sexisme

Tout n’est pas rose toutefois pendant les études, la faute là encore au sexisme. 38 % des étudiantes du numérique ont été confrontés à des comportements sexistes et près d’une sur six à du harcèlement sexuel (16 %), qui est un délit pénal. Pour une étudiante en numérique sur trois l’impact du sexisme est multiple : démoralisant et stressant, il réduit la confiance en soi, empêche de bien étudier, isole des autres.

 

Les ados ouverts aux métiers du numérique

Gender Scan a aussi interrogé 2 691 élèves en collège et lycée en France. Leurs jugements sont moins stéréotypés que ceux de leurs parents. 96 % d’entre eux pensent que le secteur du numérique convient autant aux hommes qu’aux femmes. Toutefois, 29 % des garçons ont envie de s’orienter vers le numérique, contre 7 % des filles. Près d’un tiers ne savent pas si le numérique les tenterait. Les formations au numérique extra-scolaires et la spécialisation en 1ère et Terminale augmentent l’envie de s’orienter dans le numérique, quel que soit le genre.

Leurs motivations sont globalement les mêmes, hormis une moindre appétence pour les aspects techniques et logiciels du côté féminin.

Le game designer, plébiscité

Au total 79 % des filles connaissent certains métiers du numérique contre 85 % des garçons. Le top 5 des métiers du numérique les plus intéressants est le même pour les filles et les garçons : game designer, graphiste web, chef de projet, policier d’internet, expert en robotique.

Les filles et les garçons ont une perception similaire des métiers du numérique. Ce sont selon eux des métiers innovants, qui contribuent à des projets importants pour la société et permettent de travailler en équipe. Ce sont des métiers d’avenir avec de bonnes perspectives d’emploi.

En conclusion, cette étude montre également aux employeurs et aux écoles du numérique qu’il faut poursuivre le travail entamé afin d’améliorer l’attractivité auprès des femmes, leur accueil, ainsi que la rigueur de la politique de lutte contre les comportements sexistes et le harcèlement sexuel.

 

Christine Calais