D’après la dernière étude mondiale d’ADP (Automatic Data Processing) intitulée « Future of Pay », 62 % des employeurs de l’Hexagone estiment avoir un rôle à jouer dans la modernisation des versements des salaires et leur personnalisation s’ils veulent recruter et retenir les talents de demain
Près de 9 salariés et dirigeants sur dix* pensent toujours que les salaires seront versés en majorité par virements bancaires dans les dix prochaines années mais ils envisagent également des versements via des plateformes digitales (62 %), sur mobiles (60 %), par cartes bancaires prépayées (56 %), voire en cryptomonnaies (34 %).
Au total, plus de 8 répondants sur 10 pensent que les employeurs pourront utiliser ces méthodes de paiement non traditionnelles. Cependant, plus de la moitié des employeurs (55 %) s’attendent à ce que le virement continue à être la méthode de paiement dominante et estiment que seul un tiers des salariés demanderont à être rémunérés via des plateformes digitales, cartes bancaires prépayées (12%) ou mobiles (10 %).
Un décalage entre les attentes des salariés et la perception des employeurs
Par ailleurs, les employeurs ne perçoivent pas toujours l’évolution des attentes de leurs salariés. Prenons le cas des millennials : du fait de leur appétence pour les nouvelles technologies, les dirigeants s’attendent à ce que la majorité d’entre eux soient intéressés par les nouvelles méthodes de paiement. Ils pensent que 27 % préfèreraient le paiement sur mobile, 19 % les plateformes digitales, et 10 % les cartes prépayées. Dans les faits, 69 % des millennials privilégient encore aujourd’hui le virement.
« La dichotomie entre la perception des entreprises et le ressenti des collaborateurs est marquante, affirme Mohamed Zaghou, chef de projet marketing Produit chez ADP en France. Les entreprises considèrent que les nouvelles méthodes de versement des salaires vont être très importantes pour leurs collaborateurs. A l’opposé, ces derniers ont une vision un peu plus pragmatique. Ce qu’ils priorisent est le côté simple et surtout sécuritaire. Ils ne sont pas « indifférents » à l’apport des nouvelles technologies mais le vrai point d’orgue est le volet sécurité. C’est pourquoi ils considèrent que même si de nouvelles méthodes de paiement arriveront dans l’avenir, le virement reste leur favori ».
Des évolutions subordonnées à la législation
Ce décalage entre les deux parties s’explique par la propension des entreprises à vouloir anticiper les nouveaux virages technologiques. « Elles sont confrontées à des problématiques de guerre et de rétention des talents et essaient d’anticiper ce que les collaborateurs, et notamment les jeunes générations, pourront vouloir dans l’avenir, explique Mohamed Zaghou. Enormément d’éléments influencent l’attractivité et l’image de marque d’un employeur et parmi eux la paie peut en être un. La différence pourra se faire en terme de stratégie de rémunération pour attirer un maximum de talents ». Si d’ici là, la législation le permet…
Néanmoins, un passage à de nouvelles méthodes de paiement ne fait pas consensus : pour les deux tiers des employeurs interrogés, la paie est un sujet trop important pour envisager un changement majeur pouvant la mettre en péril. D’ailleurs, 68 % estiment que le salaire en lui-même est plus important que la manière de le percevoir.
* 251 salariés et 200 employeurs en France
Auteur : Patricia Dreidemy