Inauguré à la mi avril, cet espace hybride de co-création d’outils pédagogiques innovants est au coeur du plan de transformation phygitale, qui lie physique et digital, d’ESCP Europe. Anthony Hié, directeur de la transformation digitale de la grande école de commerce, en explique les clés à Solutions Numériques.
Installée dans le campus historique de l’ESCP, non loin de la place de la République à Paris, cette première Phygital Factory est un lieu d’échange et de co-création accessible à tous les étudiants (environ 300 sur le campus de République) et enseignants (120 pour les campus parisiens République et Montparnasse) mais aussi à tout le staff désireux de s’initier ou d’explorer le potentiel du numérique appliqué à l’enseignement supérieur.
« Notre Phygital Factory a également vocation à recevoir des startups de l’EdTech, qui pourront nous présenter leurs solutions innovantes et avec lesquelles nous pourrons co-construire », déclare à Solutions Numériques Anthony Hié, directeur de la transformation digitale de la grande école de commerce.
Son inauguration marque une étape majeure dans le déploiement du plan de transformation phygital So’School, porté par Anthony Hié et par José Ramon Cobo, doyen associé en charge de l’innovation pédagogique. Ce programme, qui couvre la période 2019-2022, s’est donné pour objectif d’offrir à tous les membres de la communauté ESCP une expérience phygitale unique de bout en bout sur l’ensemble des 6 campus européens de l’école d’ici à 2022. « Nous voulons être l’un des leaders européens du phygital learning parmi les business schools majeures », affirme Anthony Hié.
De l’idéation à la création de contenus digitaux pédagogiques
Véritable laboratoire d’innovation, l’espace de 70 mètres carrés, conçu dans une logique de prototypage rapide, se compose de trois espaces adjacents. La première zone, Design, est dédiée à l’idéation avec des outils permettant d’améliorer la collaboration, qu’elle soit physique ou digitale. On y trouve notamment un paperboard numérique et un smart projector de la startup Adok, fondée par un alumnus de ESCP, qui transforme n’importe quelle surface (table, tableau, bureau, mur…) en surface tactile.
Dans le deuxième espace, Share, les étudiants peuvent suivre des modules d’expériences immersives grâce à des casques de réalité virtuelle Oculus, tels que l’entraînement à la prise de parole en public ou aux entretiens d’embauche en anglais. Grâce à ces casques, il peuvent également collaborer en se connectant au jumeau numérique de la Phygital Factory que l’équipe a conçu tel qu’elle imaginait la Phygital Factory en 2026. « Avec le digital twin, nous sommes dans une logique d’intelligence collective sur l’ensemble des campus et d’open innovation avec l’extérieur, précise Anthony Hié. Le lien se fait via notre plateforme Openeo qui fait partie du programme So’School ».
La troisième zone, Make, est quant à elle dédiée à la création de contenus digitaux pédagogiques et originaux en mode micro learning ou en réalité augmentée. Grâce à des caméras de captation, les enseignants peuvent par exemple, enregistrer et monter des cours magistraux en ligne en y incrustant des présentations. Une équipe de cinq personnes, chacune experte dans son domaine (innovation, réalité virtuelle, audiovisuel, conduite du changement…), accompagne les utilisateurs dans l’élaboration de leurs projets.
So’School : un investissement de 7 millions d’euros
La Phygital Factory s’inscrit dans le plan de transformation phygital multi campus baptisé So’School de l’ESCP. « Le phygital, c’est une expérience sans couture entre physique et digital, un parcours interactif pour l’étudiant qu’il soit présent ou à distance, décrit Anthony Hié. Dès 2018, l’ESCP a déjà déployé le concept de classe hybride, grâce notamment à des dalles d’enregistrement sonore au plafond pour une captation spatiale du son dans toute la pièce sans aucun micro individuel ». 150 salles ont ainsi été équipées, dont 50 sur les campus parisiens, permettant aux étudiants de suivre les cours tant en présentiel qu’en distanciel.
So’School comprend 47 projets de transformation qui s’articulent autour de quatre axes de développement : améliorer l’expérience sur les campus et en ligne grâce à une approche du phygital, développer une véritable culture du numérique, co-construire les innovations pédagogiques avec toutes les parties prenantes et adapter la technologie à la stratégie et au usages. « A terme, l’approche visée par l’ESCP pour le développement du digital sur ses campus est de 20/40 : 20 % minimum de numérique dans chaque cours et 40 % minimum en physique, le solde laissant une marge de manoeuvre aux professeurs », indique le directeur de la transformation digitale.
L’inauguration de la Phygital Factory constitue l’un des jalons de So’School, qui se prolonge par le déploiement de projets comme le jumeau numérique de la Phygital Factory, la digital workplace So’ Wego, Intranet collaboratif dessiné aux étudiants avec des fonctions à valeur ajoutée, et la plateforme d’open innovation Openeo. « L’objectif d’Openeo est de stimuler encore plus l’intelligence collective, confie Anthony Hié. Nous espérons pouvoir lancer les premiers appels à projet avant les vacances d’été ».
La crise sanitaire a été un accélérateur du programme So’School sur l’aspect des salles de classe hybrides et son budget a par conséquent été revu à la hausse. « Au départ, fixé à 4 millions d’euros, il a été réévalué à 7 millions d’euros, confie Anthony Hié. Le directeur de la transformation digitale anticipe déjà l’après 2022. « Grâce à l’intégration des technologies d’intelligence artificielle, nous allons pouvoir analyser la masse de données générées par l’école, afin d’identifier les besoins ou les carences spécifiques à chaque étudiant et de proposer un enseignement personnalisé, un adaptative learning ».
Patricia Dreidemy