Comme l’an passé, Bruno de Latour, pionnier de l’électronique grand public en France depuis 40 ans, vous adresse ses premières réactions à chaud.
Au CES de Las Vegas (450 000 M2 et 1 200 startups, dont 250 françaises) il y a ceux qui font grand bruit, qui attirent les foules, remplissent les salles, et il y a les discrets qui attendent le chalant, le journaliste, le business angel, le patron de magasin, l’importateur. Ils rêvent et transpirent, car ils ont investi des dizaines de milliers d’euros ou de dollars. Il existe aussi une troisième catégorie, sans doute liée à la première, qui occupe des suites d’hôtels pour convoquer des startups convoitées, futures proies ou partenaires. Ainsi de Samsung, LG, TCL, Qualcomm, Sony, Intel Hisense.
La confidentialité des données, une préoccupation majeure
Au cœur des discussions : la protection des données. Même Thierry Breton, nouveau commissaire Européen, indiquait hier à Bruxelles : « Les Européens doivent être propriétaires de leurs données et celles-ci doivent être traitées en Europe, selon nos règles et nos valeurs ». Sans doute a-t-il lu l’enquête commanditée par Dassault3DS au cabinet indépendant Cite Research, pour la France, et diffusée sous le manteau à Las Vegas, qui souligne que pour 96 % des personnes interrogés la confidentialité des données est une préoccupation majeure. Mais attention, 88 % cesseront de recourir à un service utile s’ils n’ont pas une garantie de la bonne protection de leurs données. En revanche, plus d’un quart des personnes interrogées (25,6 %) sont disposées à partager leurs données. On dit même que certaines clientèles seraient prêtes à les monnayer ! Et voilà que l’IoT présenterait une nouvelle source de revenu … Qui l’eut cru ? Cette enquête a été menée auprès d’un panel d’adultes vivants aux États-Unis, en Chine et en France. Parmi leurs conclusions, les analystes indiquent que « L’industrie a l’occasion de définir clairement la personnalisation des produits et services ». C’est ce qui intéressent les consommateurs internationaux interrogés : que les produits et les services qu’ils utilisent s’adaptent à leur profil en quelques instants. Ainsi, pour des plans de santé préventifs personnalisés qui reposent sur le comportement, ou des systèmes d’alerte en cas de chute. Les consommateurs Chinois, Américains et Français sont préoccupés par la manière dont leurs données sont collectées et traitées. Ils sont même prêts à payer en moyenne un surcoût de 25,3 % pour la personnalisation. En contrepartie, ils entendent bénéficier d’une compensation.
Des préoccupations en lien avec l’actualité
Il faut relier ces préoccupations à l’actualité autour de Xiaomi qui s’est vu pirater ses caméras de surveillance par un utilisateur pouvant voir des images provenant d’autres maisons sur son écran. Google a aussitôt réagi avec une suspension de l’intégration des objets connectés de Xiaomi par les appareils Google. Que dire de ces “U Alertes” avec l’Appli FaceMe qui permet d’automatiser des notifications sur ordinateurs ou appareils mobiles. Le visage d’un intrus est capturé par une caméra, U peut automatiquement envoyer un message avec photo ou clip vidéo aux employés ou aux agents de sécurité afin qu’ils puissent prendre des mesures immédiates. “U Alertes” est dérivé de “U Messenger” de CyberLink.
Soupçonné d’espionnage pour le compte du pouvoir communiste à Pékin, le géant chinois Huawei a reçu de fortes sanctions du gouvernement Trump. La délégation chinoise à Las vegas est bien moins impressionnante que les années précédentes. Même les mastodontes Tencent et Alibaba restent en retrait, tout en espérant un accord commercial entre Pékin et Washington le 15 janvier.
L’année 2020 doit permettre de consolider la sécurisation des data afin de rassurer le consommateur et permettre un véritable décollage du marché des objets connectés.
Auteur : Bruno de Latour