Tribune libre, par Charles Crouchman, CTO de Turbonomic
Le DSI d’aujourd’hui doit être un agent du changement. Les grandes entreprises comptent sur lui pour faire évoluer la valeur de l’IT, du « fonctionnement pur et simple » à l’innovation.
Une tâche d’autant plus difficile que les tendances IT ont introduit une complexité accrue, augmenté les coûts , rendant la gestion économique du SI quasiment impossible. Dans ce contexte, pour répondre aux priorités de l’entreprise, le DSI doit déplacer les coûts de gestion de l’infrastructure traditionnelle existante vers l’élaboration de solutions de transformation numérique.
Ce défi continue de peser sur bon nombre d’entreprises aujourd’hui. Selon une enquête publiée l’année dernière par BMC et Forbes, 37% des responsables IT indiquent que la quasi-totalité de leur budget IT est allouée à l’entretien et la gestion courantes, au maintien du fonctionnement et de la disponibilité ; à l’installation des mises à jour, correctifs et patches ; à la sécurité, par rapport au développement de nouveaux projets ou de nouvelles initiatives comme le numérique, la virtualisation ou le cloud par exemple.
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Pour modifier cette situation, les organisations doivent faire voler en éclat les silos structurels qui les lient et imaginer un portefeuille de technologies permettant à l’agilité humaine et à l’efficacité du capital de suivre l’accélération du rythme de l’entreprise.
La solution : gérer la triade de compromis conflictuels
La solution : réorienter la stratégie. En passant du modèle manuel traditionnel offre/attribution à un modèle axé sur la demande de charge de travail applicative. A l’instar des marchés qui exploitent la demande pour affecter des ressources dans une économie, la gestion de la demande s’attache à répondre aux besoins en temps réel de la charge de travail applicative plutôt qu’à essayer manuellement d’affecter des ressources d’infrastructure en jouant aux devinettes.
Les charges de travail, unités d’application fondamentales dans notre monde fondé sur le cloud, représentent la capacité (logique applicative et données) nécessaire à l’exécution d’une tâche applicative spécifique. La demande de charge de travail peut varier considérablement en fonction de l’utilisation et, de ce fait, les charges de travail absorbent différemment les ressources d’infrastructure à travers le temps et les environnements IT.
En se focalisant sur la gestion de la demande de charge de travail dans l’ensemble de l’environnement, les équipes IT peuvent enfin cesser d’essayer de deviner (en vain) où et quand les charges de travail doivent s’exécuter et ce, avec quelles ressources pour satisfaire une demande en perpétuelle mutation. Ces processus doivent également mapper de nouveaux concepts de charge de travail à mesure de l’évolution des machines virtuelles aux instances cloud, contenants, PaaS et autres services (DBaaS par exemple).
Mais cela est plus facile à dire qu’à faire. Comment gérer une charge de travail en temps réel , qui doit assurer un fonctionnement sans accroc : garantie de la performance, maintien de la conformité et gestion des coûts ?
- Garantie de la performance
Le but de l’IT, c’est d’assurer la performance des applications. Cependant, nous opérons dans un monde soumis à des contraintes, où la garantie de la performance va généralement à l’encontre de l’optimisation de l’efficience. Le défi, pour les administrateurs de datacenters, consiste à réaliser simultanément les deux critères suivants : maintenir l’environnement dans un état où la performance des applications est assurée, tout en optimisant l’efficience.
Cet équilibre exige de nombreux compromis dans le datacenter, dont aucun ne peut être abordé séparément. Ces compromis sont entre d’immenses forces opposées.
L’élément clé permettant de contrôler l’environnement dans cet équilibre, c’est d’être en mesure d’analyser constamment et simultanément l’ensemble des compromis et d’automatiser les décisions relatives à l’environnement et aux mesures.
- Maintien de la conformité
La conformité revêt de multiples formes de défi et constitue un ensemble supplémentaire de compromis. Intéressons-nous au compromis émanant des contraintes d’ordre pratique : disponibilité élevée, continuité des activités et reprise après sinistre, avec d’importants concepts comme le basculement, les règles d’affinité et d’anti-affinités, la géodiversité de la résilience des applications et autres, tous conçus pour prévenir toute interruption catastrophique de service.
Il importe ici de mettre en place un cadre politique pour maintenir la conformité aussi bien sur site que dans le cloud. Par exemple, une politique de placement simple garantit aux charges de travail de rester dans une région publique du cloud reposant sur la souveraineté des données ou des exigences de localité des données.
- Passage du statu quo à l’innovation
Pour remplir pleinement le rôle d’agent du changement, les DSI doivent agir rapidement : passer du statu quo à l’innovation dans les cent jours. Ils pourront opérer la transformation de l’entreprise en migrant des plates-formes d’aujourd’hui, comme la virtualisation, vers les plates-formes de demain : cloud et Internet des objets. Et surtout, cette évolution libère les ressources les plus précieuses des DSI – les équipes – pour créer, innover et apporter davantage de valeur ajoutée à l’entreprise.
Charles Crouchman, CTO de Turbonomic