Les dix engagements de ces fonds pour des entreprises de la tech plus inclusives – startups en particulier – ont été présentés le 17 octobre durant une soirée de l’écosystème au ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Oeuvrer pour la diversité dans les entreprises de la tech est une chose, convaincre ces dernières de mettre en place des politiques de recrutement inclusif en est une autre. Le collectif TechYourPlace, qui n’a pas atteint son objectif de fédérer, à la fin de l’année 2021, une centaine de startups autour de l’enjeu de la diversification des talents, en sait quelque chose.
Cofondé en décembre 2020 par l’association Diversidays et la Fondation Mozaïk, il vient cependant de réussir un coup de maître : celui de fédérer autour de sa démarche douze fonds d’investissement (Alter Equity, Daphni, Educapital, Eurazeo, Isai, Parquest, Raise, Ring Capital, Sagard, Serena, 360 Capital et Galion.exe). « Ce n’est pas qu’une adhésion, c’est un signal fort du marché qui est envoyé aujourd’hui sur le fait de vouloir changer les règles de l’écosystème » a souligné Anthony Babkine, cofondateur de Diversidays. Les douze fonds ont en effet pris un certain nombre d’engagements concrets (lire en fin d’article), dont le premier est d’insérer systématiquement une clause « inclusion et diversité – égalité des chances » dans leurs pactes d’investissement.
Passer à l’acte
« Le sujet de l’égalité des chances n’est pas un problème de principe, mais de passage à l’acte, a affirmé Christophe Poupinel, general partner chez Isai, un des douze fonds d’investissement. Quand vous demandez aux fondateurs ou fondatrices de startups ce qu’ils pensent de l’idée, 80 % répondent que c’est une bonne idée mais moins de 20 % passent à l’acte. Non pas parce que ce sont des personnes égoïstes mais parce qu’elle sont pressées. J’ai été entrepreneur et quand on gère une société en croissance, on se fait une matrice avec les choses importantes et les choses urgentes. On commence par les choses importantes et urgentes, et les choses importantes mais pas urgentes, on ne les fait pas. Maintenant, en tant qu’investisseur, mon rôle est d’aider les sociétés de mon portefeuille à travailler aussi sur le long terme, donc sur les choses importantes mais pas urgentes dans le sens où elles ne génèrent pas de chiffre d’affaires le mois suivant ». Tous les fonds d’investissements existants sont par ailleurs invités à rejoindre l’initiative.
Lors de son discours de clôture de la rencontre, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, a pour sa part rappelé que l’appel à candidatures pour l’édition 2023 du French Tech 120 et du NEXT40 (ndlr : cet appel à projet de la Mission French Tech apporte chaque année un soutien financier à des initiatives portées par des acteurs de l’écosystème startup français) tenait compte du sujet. “Parce que nous savons qu’un grand nombre des entreprises du NEXT40 et du FT120 ont le souhait et ont déjà inscrit dans leur stratégie la nécessité et l’envie d’être exemplaires, nous allons leur demander de réaliser un bilan carbone et de réaliser l’index pour l’égalité hommes-femmes. Donc de s’engager de manière très résolue et très nette sur la question de la responsabilité environnementale d’un côté et sur la question de la parité de l’autre. Par ailleurs, dans le processus de candidature, nous allons leur poser un certain nombre de questions sur leur politique de diversité et d’inclusion ».
Les dix engagements des douze fonds d’investissement
- Insérer systématiquement une clause « inclusion et diversité – égalité des chances » dans les pactes d’investissement, incluant notamment la mise en place d’une politique inclusion et diversité au sein des entreprises financées.
- Promouvoir publiquement le mouvement TechYourPlace, notamment au sein de l’écosystème des fonds de capital investissement.
- Inviter les entreprises de leur portefeuille à rejoindre le mouvement TechYourPlace.
- Définir et mettre en œuvre une politique d’inclusion et de diversité dans leur propre organisation.
- Mesurer l’efficience de cette politique avec des indicateurs chiffrés pertinents et outils adaptés.
- Publier leur politique d’inclusion et de diversité et ses résultats annuels sur leur site Internet.
- Former 100 % de leurs managers sur les enjeux d’inclusion et de diversité.
- Nommer au moins un référent « inclusion et diversité » au sein de leur organisation.
- Recruter en passant systématiquement par des canaux de sourcing divers orientés
« inclusion et diversité » (par exemple diversifiezvostalents.com). - Participer à deux rendez-vous annuels pour partager leur expérience et faire évoluer les pratiques de l’écosystème au global.
Patricia Dreidemy