Pat Gelsinger, le patron de la firme, lors de VM World 2013 Europe, à Barcelone, a changé le cap de son entreprise : «Il est temps de considérer l'ère du mobile Cloud, qui nous sortira de l'ère du client serveur synonyme de silos verticaux». L'administration du Cloud, les nouvelles solutions de stockage et enfin NSX, l'outil de virtualisation des réseaux marquent un changement profond de la firme, jusque là associée à la seule virtualisation des serveurs.
Le Software defined data center ne suffit plus. La firme synonyme de virtualisation a mis en avant, lors de sa réunion annuelle en Europe, sa gestion des postes mobiles avec Horizon.
Pat Gelsinger expliquait que le «mobile cloud» repositionne tout l'investissement logiciel dans une collaboration étroite entre les portables et le data center, le cœur du cloud : «Il s'agit en particulier de faire le pont entre les PC et les mobiles. On est en train d'intégrer l'administration et le provisionning des applications virtualisées dans notre suite horizon pour les utiliser sur PC et mobile de manière plus simple et plus intégrée». D'un point de vue pratique, il s'agit de l'arrivée de la version 5.3 de l'outil Horizon qui étend les fonctions d'administration des machines virtuelles sur les PC et les mobiles. Elle intègre en particulier les derniers OS : Windows 8.1, Apple IOS7 et les chromebooks promus par Google. L'offre «Desktop As a service» ou DAAS, pour la gestion des postes de travail à distance sera mieux intégrée dans les offres de service. Elle se veut surtout une meilleure alternative à ce que propose Microsoft avec son Virtual Desktop Access lié à Windows Server 2012. L'offre de gestion des postes clients de Citrix est aussi la cible de cette première salve d'annonces. Ces évolutions autour du poste client étaient étayées par l'annonce du rachat de la firme Desktone connue pour ses outils de gestion de clients distants.
VMware change son modèle de vente
La firme concurrente de Microsoft et de Citrix va offrir des services d'hébergement d'applications en Europe à Partir d'un centre de données proche de Londres.
Avec son offre vCloud hybrid service et son «online market place», VMware veut aussi simplifier l'accès aux applications dans le Cloud et proposer des développements plus faciles grâce à sa plateforme anglaise. Ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un marché d'application sera l'occasion de vente en direct de services Cloud, des offre qui se rapprochent de ce que propose Amazon. VMware en proposant des tests de ses différents logiciels ne fait que répondre aux multiples offres d'essai d'Openstack et de Cloudstack qui deviennent omniprésentes. L'offre reposera sur des services de reprise après sinistres, son Cloud foundry, son offre de client «desktop as a service», l'intégration hybrid cloud, les applications de son Marketplace (300 applications).
La firme soulignait : «la souveraineté est un problème en Europe car les clients aiment savoir ou se trouvent les données. Nous l'effectuerons avec le respect des législations locales et celui des obligations diverses».
Un discours centré sur les offres de Cloud
Pour montrer que désormais tout le monde pratique la virtualisation sur les serveurs, la firme américaine montrait que le nombre de ports virtualisés est supérieur au nombre de ports physiques, «Les utilisateurs n'ont plus à se préoccuper du hardware» était le discours de trois grands utilisateurs des services vSphere :
Le directeur technique de Citi, Greg Lavender, le directeur technique de Général Electric pour les GTE Appliance, Lance Weaver et le VP d'EBay, Sri Shivananda, se félicitaient, eux aussi, d'avoir pu grâce au Cloud et VMware, se focaliser sur les tâches essentielles.
La grand-messe de VMware, dans un deuxième temps a été l'occasion de plusieurs annonces autour des outils d'administration du Cloud.
Il s'agit de vCloud Automation Center 6.0 qui sera disponible en Novembre et vCloud Operations Management Suite 5.8. qui sera lancé en Décembre. Comme leurs noms l'indiquent, il s'agit de superviser les différentes machines virtuelles au sein de différents environnements hétérogènes. Première cible ; les Amazon AWS services, les serveurs HyperV, mais aussi le stockage de type Fiber Channel, enfin toutes les applications dites critiques pour l'entreprise qui pourront être contrôlées à distance.
Destinées en premier lieu aux administrateurs de serveurs virtualisés, la nouvelle version vCenter Log Insight 1.5, disponible en décembre, tout comme la suite de Business Management 8.0, a pour objectif d'obtenir un contrôle exceptionnel des VM à distance, une nécessité si l'on veut maîtriser les applications réparties sur différents serveurs virtualisés Interrogé sur l'évolution de Vsphere, passée au deuxième plan, qui est pourtant la principale source de revenus, Carl Eschenbach le président et Chief Operating officer de VMware, précisait que la part de 45% du CA (sur les 4, 61 milliards de dollars en 2012) de ce logiciel n'était plus majoritaire face aux offres autour de Cloud management, aux offres de services et aux suites horizon.
VMware renouvelle son mode de stockage
Néanmoins, la nouvelle solution de stockage de VMware, VSAN, sera entièrement intégrée avec son logiciel vedette : vSphere. Bien qu'elle ne soit encore qu'en version Bêta, elle devrait rapidement modifier l'approche du stockage des machines virtuelles. VSAN agrège automatiquement les disques des serveurs dans un cluster afin de créer un stockage partagé. Il s'agit à fois d'un système de stockage à base d'objets et d'une plateforme décisionnelle pour le stockage des VM. Cela simplifiera, selon VMmware, les décisions à prendre sur les modes de stockage. VSAN est compatible avec les trois autres modules Vsphere High Availability (vSphere HA), vSphere Distributed Resource Scheduler (vSphere DRS) et Motion vSphere. Son objectif annoncé est donc de fournir à la fois une haute disponibilité et du stockage dit «scale-out», sans limites d'ajouts de nouveaux espaces. Ce sont des fonctions connues dans Red Hat et récemment introduites dans Windows Server 2012 R2, directement liées à l'hyperviseur HyperV. Cela simplifiera l'agrégation des volumes présents sur les serveurs et leur transformation en une ressource partagée. VSAN permet aussi de faire abstraction des baies SAN et NAS. L'administrateur pourra contrôler de façon plus fine les performances du serveur en assignant des ressources de stockage au plus proche des VM. Les architectures VDI, très sensibles à ces limites de temps de réponses devraient profiter de ces évolutions. VSAN sera limité à un maximum de 32 nœuds soit la taille actuelle d'un cluster ESXi.
Si l'évolution VSAN ne fait pas que des heureux chez les constructeurs de baies virtualisées, les VSA pour Virtual Storage Appliance intégrant déjà serveurs et stockage de VMS, dans la logique des systèmes autonomes de Google, progressent. VSAN de VMware, même s'il réduit leurs champs d'action, les valorise. Les vendeurs de VSA précisent que l'idée chez eux est déjà depuis longtemps tout à fait au point. Pour tous, les solutions «prêtes à l'emploi» ne sont pas un luxe dans des entreprises ou chaque minute de production perdue se chiffre en milliers d'euros.Enfin le gros morceau des annonces de VMWorld a été NSX, l'environnement de virtualisation des réseaux NSX permet de virtualiser les réseaux locaux et distants et de distribuer les machines virtuelles sans complications sur différents sites, à condition toutefois de posséder les commutateurs adéquats. Cette fusion réseau et serveur ouvre la porte à une vague impressionnante de nouveaux produits chez les fabricants de produits réseaux. En ouvrant son logiciel, la firme de Pat Elsinger va certainement démocratiser la virtualisation des réseaux.
Moins de souci pour répartir les charges
Concrètement, l'arrivée des applications optimisées pour les réseaux sur les data centers prendra encore du temps mais déjà l'administration des VM (Virtual Machine) où tournent les applications sera simplifiée. Les contraintes matérielles sont moindres dans la mesure où les VM peuvent passer d'un serveur à un autre.
La gestion des serveurs lames et des serveurs classiques ne sera plus vraiment différente, passé le cap du premier paramétrage, sans compter l'optimisation du stockage, souvent déjà virtualisée mais qui pourra là encore, bénéficier de cette nouvelle souplesse. Dominique Vanhamme, en charge des réseaux chez Dell, résume la situation simplement. «Jusque-là, avec la virtualisation des serveurs, on profitait d'une simplification de l'administration dans un axe que l'on surnomme Nord-Sud' entre les postes clients et les applications du serveurs. Maintenant on va pouvoir distribuer les applications sur un axe Est-Ouest' entre serveurs parfois situés dans des data centers différents ; Cela permet sans délai de tirer profit de plusieurs racks de serveurs, d'éviter les engorgements, sans trop de manipulations». Cette évolution qui remet en cause pas mal dautres outils comme les répartiteurs de charges (load balancer) et autre pare-feu qui devront néanmoins s'intégrer à l'existant souvent vieillissant. Dans un premier temps, on devrait les voir surtout dans un service limité aux seuls data centers.
L'exemple de Dell
A titre indicatif le Switch 6000 de Dell qui comporte 32 ports de 40 Gbits dans une première formule ou 96 ports de 10 Gbits associés à 8 ports 40 Gbits dans une seconde, coûte près de 75 000 dollars, un tarif qui le réserve aux gros utilisateurs. Mais les PME profiteront de VM moins chères grâce à tous ces appareils. Devenu très pertinent en termes de gestion de machines virtuelles sous VMware, Dell offrira la compatibilité avec le contrôleur logiciel VMware NSX, et une flopée d'outils d'administration et d'automatisation des plateformes Dell.
Le point de vue du créateur de NSX
Martin Casado, le directeur technique de VMware (ex-PDG de Ncira à la base de la solution VNX), précisait à Barcelone : «C'est comparable à l'impact de l'hyperviseur ESX de VMware, c'est du logiciel qui ne demande pas une conversion complète de l'infrastructure. Ce qui change profondément c'est le provisionning des ressources réseaux. A part le logiciel et le cluster Controller, il ne s'agit que d'une mise à jour de l'existant. Pour les pare-feu et les load balancer, il y aura plus de modifications mais c'est un travail de partenariat qui a commencé depuis début 2013». Pour le moment Cisco, F5, Juniper, HP, Dell, Big Switch, Arista ont signé un accord pour porter VNX sur leurs nouveaux commutateurs. C'est une nouvelle révolution pour les réseaux.