- Un combat tout en nuances - Jet d’encre contre laser
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Technologies
Si vous avez besoin d’imprimer, il vous faut le bon périphérique. Mais lequel ? Laser et jet d’encre ont des arguments à faire valoir. Passage en revue en 4 points essentiels des atouts et des faiblesses de ces technologies.
Le discours des concepteurs de solutions d’impression a évolué. La plupart d’entre eux relèguent la technologie au second plan, préférant qualifier leurs offres de « réponses, d’adressages à des besoins d’impression », comme si, à l’heure d’une digitalisation tous azimuts de l’économie, gommer la complexité sous-jacente des matériels et des dispositifs permettait de mieux les vendre. Cette stratégie marketing est loin d’être propre à l’univers du print. Mais cette industrie a dû attendre le passage des copieurs analogiques aux multifonctions numériques pour placer une certaine intelligence au cœur de des solutions. Ce palier franchi, les fabricants ont pu dissocier les parties mécaniques, électroniques et logicielles, et sont aujourd’hui en mesure de revendiquer des offres dans lesquelles la technologie d’impression n’est qu’une brique parmi d’autres. Mais cette technologie d’impression n’en demeure pas moins un facteur déterminant dans les critères de choix des périphériques, notamment en termes de rapidité, de qualité, de respect de l’environnement et, dans une moindre mesure, de services. Dans tous ces domaines s’affrontent jet d’encre et laser, ou plus précisément, le laser a vu sa suprématie sur le marché des entreprises contestée par le jet d’encre. Et l’offensive a payé, le jet d’encre est à présent considéré comme une sérieuse alternative au laser pour le bureau. Le laser peut-il convenir à une organisation qui compte peu de collaborateurs ? Le jet d’encre est-il adapté à des groupes de travail importants ? La réponse à ces deux questions est oui, et va, de fait, à l’encontre d’idées reçues. Chaque technologie renvoie en effet une image qui lui colle à la peau alors que des évolutions ont changé la donne et que les comparaisons sont moins radicales qu’avant. Mais comment se départagent-elles aujourd’hui sur le plan des performances ?
- 1 – Vitesse d’impression : le jet d’encre rattrape son retard
La vitesse d’impression se compare toujours sur des bases communes : taux de remplissage et mode, qualité ou brouillon, identiques. Dans ce domaine, les lasers ont toujours été les meilleures mais les écarts ont diminué et les deux technologies font désormais jeu égal. « Les performances des moteurs d’impression de nos modèles PageWide et lasers sont extrêmement proches », indique Bénédicte Bouyer, chef de produit print laser chez HP, faisant référence aux 75 ppm délivrés par les modèles les plus véloces de son offre jet d’encre professionnelle. Le fabricant américain bannit d’ailleurs le terme « jet d’encre » pour mettre en avant celui de PageWide, technologie caractérisée par l’intégration d’une tête d’impression fixe de la taille d’une feuille de papier, et qui permet selon le géant de doper la vitesse d’impression.
HP n’est pas le seul à recourir aux éléments de langage pour évacuer les connotations négatives que peut encore revêtir le procédé jet d’encre, à savoir son manque de fiabilité et de robustesse. On parle par exemple de « PrecisionCore » chez Epson et non plus de jet d’encre Piézo, technologie sur laquelle le japonais a longtemps fait reposer ses annonces et dont PrecisionCore est une évolution. Au-delà des approches marketing, la vitesse des modèles jet d’encre est bel et bien comparable à celle du laser, quand elle ne la dépasse pas : la HL S7000DN de Brother atteint les 100 ppm, encore faut-il avoir besoin d’imprimer à cette cadence. « Alors que la majorité des documents imprimés ne dépasse pas 3 pages, ce qui importe c’est la vitesse de sortie de la première page, et là, le jet d’encre professionnel est plus réactif que le laser car il ne nécessite aucun préchauffage », note Pierre-Antoine Monfort, chef de produits business chez Epson. Même observation pour Nicolas Cintré, directeur adjoint marketing et communication chez Brother, qui estime également que l’impression des premières pages est plus rapide avec le jet d’encre mais qu’au bout d’une vingtaine de feuilles imprimées, les vitesses sont similaires à celles du laser. « Lorsqu’on travaille au format A3, avec des vitesses plus importantes et des outils de finition, le laser conserve une longueur d’avance », souligne pour sa part Philippe Pelletier, directeur marketing Business Imaging Group chez Canon.
Quant à Gérard de Carville, directeur marketing de Kyocera Document Solutions, il admet lui aussi qu’il existe désormais peu de différences entre les deux technologies sur le plan de la vitesse. « Qu’il s’agisse de jet d’encre ou de laser, c’est la circulation de la feuille de papier qui constitue un frein. Si l’on veut atteindre les 80 ou 100 ppm, les contraintes mécaniques du déplacement de la feuille sont telles qu’il faut passer sur des machines de production qui n’ont plus rien à voir avec l’univers bureautique en termes de prix et d’encombrement », explique-t-il. Fondamentalement, sauf à considérer le temps de sortie de la première page, cette notion de vitesse est accessoire aujourd’hui. Différencier une imprimante 35 ppm d’une 40 ppm suppose de les évaluer avec un chronomètre et de s’apercevoir que l’une d’elles est finalement un tout petit peu plus rapide.
- 2 – Qualité de sortie et robustesse : un équilibre s’opère
Quant à la qualité des sorties, les caractéristiques techniques, notamment la résolution, ont atteint un tel niveau qu’il devient difficile de départager les technologies. « Nous utilisons aujourd’hui sur nos PageWide une encre pigmentée issue des presses numériques jets d’encre du monde graphique, qui accentue la brillance des couleurs et l’intensité du noir. La qualité des sorties a donc été grandement améliorée mais reste à l’appréciation subjective de chaque personne. Pour autant, le rendu de la couleur reste mat sur le jet d’encre et brillant sur le laser. Aussi, pour un département marketing et communication par exemple, nous préconisons du laser pour bénéficier de ce rendu brillant auquel on est habitué en France », indique Bénédicte Bouyer. En utilisant un papier spécial, le jet d’encre peut toutefois approcher cette fameuse brillance attribuée au laser, mais pour beaucoup de professionnels les procédés ne produisent pas encore tout à fait les mêmes résultats. « La qualité photographique est un atout indéniable du jet d’encre, mais elle s’obtient à des vitesses beaucoup plus lentes que celles utilisées en bureautique. En vitesse nominale du moteur d’impression, le laser reste encore supérieur en qualité au jet d’encre », résume Gérard de Carville.
À cet avantage du laser s’ajoute la longévité des documents imprimés due à la cuisson du papier au moment de son impression. La robustesse est un autre point fort de cette technologie, en partie parce que les pièces mécaniques en jeu sont soumises à l’usure – contrairement au jet d’encre qui en a très peu – et que leur remplacement permet d’allonger la vie des périphériques. Mais, là encore, les centres de gravité se déplacent. « Nos MFP jet d’encre délivrent un volume moyen de 6000 pages par mois alors qu’ils peuvent faire beaucoup mieux. Mais c’est un fait, les volumes plus importants, de 15 000 à 20 000 pages par mois, sont encore confiés à du laser, mais plus pour très longtemps », indique Pierre Antoine Monfort. Et le futur proche existe déjà, notamment chez Brother : « notre offre jet d’encre HL S7000 est donnée pour 1 million de pages, on joue donc bien sans limitation technique aujourd’hui sur le même terrain que les lasers. Mais nous avons fait le choix stratégique de présenter des gammes dans lesquelles le laser bénéficie d’une meilleure robustesse », souligne Nicolas cintré.
- 3 – Green printing : avantage au jet d’encre
Le volet environnemental est aujourd’hui le seul domaine où le jet d’encre surpasse son adversaire. Les deux technologies s’opposent sur leurs procédés, l’un à froid, le jet d’encre, et l’autre à chaud, le laser. Et c’est le four du laser, grand consommateur d’énergie, qui est en cause. Ces dernières années, les fabricants se sont toutefois attachés à optimiser son fonctionnement. Aux lampes allogènes utilisées dans les années 90, se sont substituées d’autres matériaux qui ne demandent aujourd’hui quasiment aucun délai de préchauffage pour imprimer. Bon nombre de périphériques laser exploitent à présent des dispositifs proches de celui utilisé par les plaques chauffantes à induction. Certifiées par les principaux labels Energy Star, Blue Angel, TCO et 80 Plus, les normes basse consommation apposées sur les différentes solutions sont désormais une obligation. Les progrès réalisés dans la gestion des modes de veille permettent également d’alléger la facture énergétique pour le laser comme pour le jet d’encre. Enfin, le cycle de fabrication des différents composants d’une imprimante laser et jet d’encre et de leurs consommables ne départage pas les concurrents : qu’il s’agisse de concevoir des encres ou de produire du toner, de mettre au point des plastiques ou d’assembler des circuits électroniques, l’industrie de l’impression reste polluante, comme bien d’autres, et cela malgré l’implication des acteurs de toute la filière.
- 4 – Services et fonctionnalités : agnostiques de la techno
De l’écran LCD d’un panneau de commandes aux services d’impression managée (MPS) en passant par les applis disponibles dans le Cloud, toute l’intelligence que peuvent déployer les périphériques d’impression est indépendante de la technologie laser ou jet d’encre. Les fabricants font en revanche le choix stratégique de la développer au gré des plateformes, en particulier pour les offres de coût à la page. « Pour la plupart des acteurs du marché, les produits laser et jet d’encre ne sont pas éligibles aux mêmes services. A ce jour, nous ne proposons pas pour le jet d’encre professionnel d’offres de facturation à la page », indique Philippe Pelletier. À l’inverse, chez Epson, le RIPS (Replaceable Ink Pack System), dont la particularité est de pouvoir imprimer jusqu’à 75 000 pages sans interruption à partir d’un petit sac d’encre, n’est destiné qu’aux services d’impression managée. Ces choix sont en partie dictés par le TCO qui varie à la fois en fonction de la technologie et des usages. À ce jeu, le jet d’encre est aujourd’hui plus intéressant si l’on considère le prix d’acquisition du périphérique et celui de ses consommables, et que l’on tient compte des coûts de maintenance. Mais les coûts d’exploitation du laser tendent à baisser, et le procédé peut se révéler plus adapté à des contextes d’utilisation, impression monochrome et grands volumes par exemple. En outre, la capacité des cartouches de toner, souvent supérieure à celles du jet d’encre, réduit la logistique d’approvisionnement. Enfin, laser et jet d’encre ne constituent pas les deux seules voies royales de l’impression. Face à ces deux procédés, il faut évoquer le LED, sérieux concurrent du laser, mais aussi le gel d’encre, promu par Ricoh, et l’encre solide de Xerox qui, même s’ils peinent tous deux à s’imposer, peuvent constituer une niche de repli.
> Alors que nous avons bouclé cet article, Toshiba a annoncé une gamme eBridge Next de 19 multifonctions A3 couleur et N&B qui bénéficient d’une interface et d’un pilote d’impression communs, d’un OCR embarqué et d’une plateforme ouverte facilitant la dépose des documents numérisés : en interne (mail, répertoires, applicatifs métier…) et vers l’extérieur (Cloud).