- Télétravail et ultra-mobilité des salariés
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Travail à domicile et ultra-mobilité des salariés sont en plein essor grâce aux nouveaux outils de communication et collaboratifs. Enjeux et difficultés.
Selon une étude menée par IDC et Bouygues Télécom (janvier 2014), le travail en situation de mobilité se diversifie et s’intensifie nettement en France. Qu’il s’agisse de télétravailler à domicile pendant les heures de bureau, ou en dehors de ces horaires, de revoir un rapport pendant le temps de transport domicile-entreprise, ou encore de mener à bien un projet directement chez un client : 74 % des salariés le pratiquent, et cela de plus en plus souvent. Un chiffre confirmé par Ciel mon bureau (conseil en gestion de biens immobiliers) qui indique de son côté que plus de 70 % des cadres français travaillent en dehors de leur entreprise. Pour le télétravail proprement dit, encadré par la loi (voir l’avis juridique), entre 10 et 15 % des salariés français seraient concernés contre 18 % à 20% en Europe, selon les chiffres. « Le télétravail en France concerne moins de 15 % des salariés. A titre de comparaison, dans les pays anglo-saxons ou scandinaves, entre 20 % et 35 % des salariés travaillent régulièrement à distance. Preuve, s’il en fallait, que le télétravail n’est pas encore rentré dans les mœurs dans l’Hexagone », affirme Mickaël Hoffmann-Hervé, directeur général délégué en charge des ressources humaines du groupe Randstad France. L’enquête IDC et Bouygues Télécom indique, elle, que les salariés témoignant de dispositions « contractuelles » (contrat de travail ou accord de branche) ont progressé de + 20% pour représenter 32 % des salariés travaillant à domicile.
Le travail flexible sert la chasse aux talents
Au-delà de ces chiffres, les salariés perçoivent le télétravail comme un vrai avantage, se sentant valorisés, dignes de confiance et davantage productifs. Voilà de quoi séduire les entreprises, car « pour être couronné de succès, le télétravail est suspendu à la confiance qui anime le manager et son collaborateur », soutient Mickaël Hoffmann-Hervé, pour qui un « choc de confiance » pourrait être « le prélude à l’essor du télétravail en France ». Une meilleure productivité est aussi une bonne raison – source de profits pour l’entreprise, de richesse créée – tout comme les économies de temps et de transport que procure le télétravail. Selon une étude de Citrix datant de décembre 2014, deux jours par semaine de travail à distance en France représentent, tenez-vous bien, 9,8 milliards $ annuels de gains pour l’économie française, soit 0,5 % du PIB, et encore 1,7 milliard $ d’économies annuelles en coûts de transport. Pour le salarié, ce sont 300 $ par an gagnés en pouvoir d’achat. « L’employé admet être plus efficace et productif lorsqu’il travaille à son rythme. Il s’agit d’une réelle requête de la part des employés aujourd’hui. Les sociétés qui choisiront de ne pas permettre le travail flexible à leurs employés risquent fort de perdre la chasse aux talents sur le marché de l’emploi », prédit Eric Kline, vice-président de Citrix pour l’Europe de l’Ouest.
Certaines sociétés ont d’ores et déjà franchi le pas pour attirer et retenir les meilleurs talents. Et pas seulement celles qui œuvrent dans le domaine de l’IT : PSA Peugeot-Citroën par exemple compte plus de 1 000 télétravailleurs, Renault plus de 1 500, Sanofi permet à 2 400 et quelques collaborateurs en France de travailler chez eux à raison de un à deux jours par semaine. Atos, Banque Postale, Thales, Oracle, Microsoft, SNCF, Macif, L’Oreal se sont aussi lancés dans l’aventure depuis plusieurs années. Chez Sage France (voir encadré), on pratique non seulement le télétravail mais aussi le travail occasionnel à domicile : « Des modes de travail novateurs et responsables, qui sont fondés sur la relation de confiance entre le collaborateur et son manager. Ce sont des modes d’organisation souples et adaptés qui permettent un meilleur équilibre vie privée et vie professionnelle », analyse Anne Van Doorn, directrice des ressources humaines chez Sage France. « Nos études montrent que pour 4 entreprises sur 10, le travail flexible fait partie des trois réponses les plus citées pour stimuler l’innovation, juste après les technologies, affirme Christophe Burckart, directeur général de Regus France, fournisseur d’espaces de travail flexibles. Car vous donnez à vos collaborateurs la possibilité d’avoir une vie plus équilibrée entre vie personnelle et professionnelle, et de travailler de manière plus efficace. »