Le pôle de Banque de Grand Clientèle et Solutions Investisseurs de Société Générale, qui sert les clients institutionnels, grandes entreprises et la clientèle de banque privée, accélère sa transformation digitale. Au programme : la transformation de ses infrastructures Cloud, de son modèle opérationnel Continuous Delivery et de son digital.
Si la banque de détail Société Générale est confrontée à la révolution numérique, comme toutes les autres banques, « la BFI [NDLR : la banque de financement et d’investissement de la Société Générale], la banque privée, les métiers titres et la gestion d’actifs sont également concernés », précise Didier Valet, posant le contexte des importants changements digitaux qui s’opèrent dans les métiers de sa banque. Début juillet, lors d’une réunion avec les journalistes dans l’immeuble Basalte de la Défense pour évoquer sa transformation numérique, et juste à côté des immenses salles de marchés où s’affairent les traders devant leurs multiples écrans, le directeur de la banque d’investissement à la Société générale parle du nouveau Digital Office, créé en avril 2016. Ce Digital Office est en charge de l’animation de l’innovation au sein du pôle, de la mise en œuvre de la stratégie digitale et du pilotage des projets de transformation au sein des métiers. Il contribue également à la promotion des experts digitaux en interne et à la conduite du changement nécessaire pour favoriser l’émergence d’idées innovantes et inventer la banque de demain. Aux côtés de Didier Valet, Alain Fischer, le nouveau Chief Digital Officer (CDO) qui anime le Digital Office, et Carlos Goncalves, le DSI.
Des webservices personnalisés
L’idée force est que ce Digital Office fournisse aux utilisateurs internes et externes « des webservices personnalisés avec un point d’accès unique, des interfaces optimisées et des applications interconnectées ». Pour les activités de marchés par exemple, les services de pré-trade, trade et post-trade sont accessibles à plus de 20 000 utilisateurs depuis la plateforme Internet SG Markets. Dématérialisé, le processus de « pricing » de produits structurés gagne ainsi en rapidité, fluidité via un service dédié nommé « Web Pricer ».
Globalement, il s’agit pour la banque d’une refonte complète de son informatique et de son digital. « Nous devons réinventer les interfaces d’interactions avec nos clients et la manière de concevoir des services tout en garantissant la sécurité et la confidentialité des données », indique Didier Valet. Un programme ambitieux se déroulant sur plusieurs années et se basant sur une architecture utilisant des API. Un changement profond qui passe par la transformation des infrastructures Cloud, aussi bien le Cloud privé que le Cloud public – dans ce dernier cas, une dizaine d’applications y sont prévues d’ici la fin de l’année, la Société générale ayant mené des PoC (Proof of Concept) concluants en 2015 avec Amazon Web Services et Microsoft Azure. Mais 60 % des environnements de développement sont dans le Cloud privé. Et aucune donnée clients ne sera jamais mise sur le Cloud public, précise Carlos Goncalves.
Le Cloud n’est qu’un moyen. « Le passage en mode Cloud apporte de l’élasticité. On peut provisionner et dé-provisionner des ressources très vite », indique Carlos Goncalves, le DSI. Car, à l’instar d’un site d’e-commerce, la Banque subit aussi des pics d’activités. Pour le calcul des risques en fin de journée par exemple. Ce Cloud partagé sur l’intégralité de la maison offre sa puissance de calcul pour tous les métiers.
La transformation du modèle opérationnel
La banque insiste également sur l’agilité. Actuellement « 60 à 70 % des développements se font en approche agile », soutient Carlos Goncalves. Et pour renforcer cette agilité, la banque mise depuis 2015 sur le Continous Delivery, une pratique à laquelle les collaborateurs ont été formés (3000 pour 2016), pour un « passage en production plus simple, sans stress ». La banque compte poursuivre la transformation de ses applications pour devenir ce qu’elle appelle une « Continuous Delivery shop ». Objectif : que 50 % des SI livrent des nouveaux services et fonctionnalités toutes les 2 à 4 semaines. Et à la fin 2016, 50 % du parc applicatif sera en Continuous Delivery. Ce qui implique des tests rapides et automatisés, la « full automatisation des tests » selon les mots de Carlos Goncalves. Livrer en production tous les jours et vérifier que ce qui est délivré est bien utilisé par le client (en externe ou en interne) pour ajuster si besoin.
API au programme
La plus grosse transformation est que le SI a été repensé véritablement en Lego avec des API, ces interfaces de programmation applicatives via lesquelles un logiciel offre des services à d’autres logiciels. Toutes les applications seront interconnectées et orientées services. « 90 % de notre transformation se fait sur les API », indique Carlos Goncalves. La Société générale y voit trois avantages : les codes ne partent pas sur l’extérieur – la Société Générale donne l’appel à l’API, pas le code – elle sait combien de personnes les utilisent, et elle crée de la valeur. Pour Alain Fischer, « l’intelligence » de la banque ne doit pas servir qu’en interne. « Source de valeur ajoutée », elle doit « profiter aux clients » à travers ses API. Et de prendre l’exemple de l’application de cartographie de Google Maps.
Une approche qui permet de « favoriser l’émergence d’idées innovantes » et de proposer de nouvelles offres de valeurs aux clients à partir des informations détenues par la banque, comme celles du calcul des taux de couverture de risques, selon l’exemple donné par Alain Fischer. Les entreprises clientes de la banque pourront, en fonction de ces données, corriger leurs politiques de couverture. Si la banque ouvre ses données sur l’extérieur, elle compte également utiliser les API des FinTechs pour enrichir ses propres services.
Attirer les talents IT
Dans un environnement où la guerre de recrutement des talents IT fait rage, et pour assurer ces transformations et accélérer la mutation des SI, la banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs recrute 250 ingénieurs par an dont 50 % de juniors. Et a mis en place des programmes de développement de compétences : formation, mentoring et partage des expertises via des hackathons et des challenges organisés en interne. Dans le même esprit, elle participe aux événements et conférences de renommées, tels que « Le Meilleur Dev de France » ou Devoxx, et tisse des liens étroits avec les écoles qui forment ses collaborateurs de demain.
Symbole de ces changements, la technopole de Val de Fontenay, le nouvel ensemble immobilier « Les Dunes » accueille cet automne un tiers des collaborateurs IT. Outils mobiles et connectés sont à disposition ainsi qu’un espace de 1 000 m2 dédié aux startups internes et externes.