« Uberisation du DSI », tel était le thème, provocateur, d’une table-ronde lors de la Cloud week, en juillet. Il est vrai que le Byod avait donné le goût de la liberté aux utilisateurs, les applis en Saas, le stockage dans le Cloud leur en ont donné les moyens. D’après une étude de NTT*, 78% des cadres admettent que leur département utilise des services que la DSI ignore, en SaaS, en IasS ou en Cloud public. Et surtout, ils sont 83% à estimer que ces usages « clandestins » vont se renforcer ! 4 sur 5 pensent que les données stockées dans le cloud qu’ils ont choisi est critique et 77% pensent qu’arrêter ces services serait une entrave au fonctionnement de leur service.
Le constat est cruel, mais il faut le regarder en face. Le « shadow IT » semble irréversible. Le DSI peut-il encore reprendre le « contrôle », et comment ? C’est l’objet d’un dossier de ce numéro.
Ce court-circuitage de la DSI par les métiers repose sur un grand malentendu entre le SI et le reste du monde. Les règles du jeu ont changé : l’utilisateur -salarié et client- est au centre de tout. Et il n’attend pas. Pour réaliser ces transformations, l’agilité devient un impératif. Or le Service Informatique ne saurait pas répondre à ces exigences et serait perçu par les utilisateurs comme le « ministère du “Non” », selon l’étude NTT, face au “peuple”, c’est-à-dire les utilisateurs, les Métiers.
Du coup, le poste de CDO a été inventé, plus légitime aux yeux de la direction générale et des métiers pour accélérer la transformation numérique.
Dépossédé de l’innovation, le DSI peut avoir la tentation de se cantonner à la technique, au contrôle des salles machines du paquebot…
Mais il peut aussi reprendre l’avantage. Rattraper le Cloud et le mettre à son service. Accompagner les métiers dans la course à la transformation digitale de l’entreprise en mettant à leur disposition un catalogue de services, un store d’applis, un portail qui permet la transparence et la proactivité. L’analyse des données, le Big Data font partie des compétences de la DSI et représentent un véritable apport de valeur.
Et surtout, la généralisation des cyber-risques et le renforcement de la réglementation donnent au responsable de l’IT le rôle naturel d’être le garant de la sécurité et des données auprès de la direction générale. Le DSI conquiert une nouvelle légitimité, qui lui demandera cependant de redoubler au quotidien d’écoute et de pédagogie.
Jean Kaminsky
Directeur de la publication et de la rédaction
jk@solutionsIT.fr
Etude Vanson Bourne pour NTT Communications,
“Growing Pains in the Cloud II” : The People vs. The Ministry of No