Dans le modèle de responsabilité partagée entre un fournisseur SaaS et son client, il est de la responsabilité de l’entreprise d’assurer la sauvegarde de ses propres données. Des solutions Cloud to Cloud sont de plus en plus nombreuses, mais le on-premise est aussi une option possible.
Le 15 aout 2020, une fausse manœuvre de l’administrateur du tenant Microsoft 365 de KPMG voit les conversations de 145 000 comptes Teams effacées d’un seul coup. Quand l’entreprise s’est tournée vers Microsoft pour récupérer ses données, ce dernier n’a rien pu faire. L’erreur était irréversible du fait de l’absence de sauvegardes par le client.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Microsoft n’a pas de sauvegarde par défaut pour les données de ses clients ; en cas de mauvaise manipulation, l’administrateur n’a pas de joker et ne peut compter que sur une sauvegarde externe pour récupérer des données perdues ou corrompues. Qu’il s’agisse de Microsoft 365, de Google Workspace, de Dynamics 365 ou de Salesforce, il est nécessaire de sécuriser ses données si on veut éviter toute mauvaise surprise en cas d’erreur de manipulation, de cyberattaque ou même de coupure de l’accès à un service SaaS pour un différend juridique ou une crise géopolitique.
Beaucoup d’entreprises ne sont pas équipées
Avec Veeam Backup for Microsoft 365, Veeam est l’un des premiers éditeurs à proposer une solution de sauvegarde pour la plateforme Microsoft. La solution est actuellement en version 6. « Nous comptons 11 millions d’utilisateurs couverts sur les 300 millions d’utilisateurs d’Office 365 » souligne Stéphane Berthaud, Senior Director Technical Sales, Southern EMEA & Africa chez Veeam Software : « Ce chiffre fait de nous les leaders de ce marché, mais le potentiel de développement est énorme. Nous couvrons la messagerie qui s’appuie sur Exchange, SharePoint Online qui vient de SharePoint, mais aussi OneDrive, Teams. Chaque nouvelle version étend un peu plus le support des différentes offres de Microsoft 365. » Un atout de l’offre Veeam par rapport à plusieurs de ses concurrentes est de ne pas être uniquement Cloud-to-Cloud, c’est-à-dire ne proposer qu’une sauvegarde d’Office 365 vers Azure ou AWS. Veeam propose de réaliser les sauvegardes sur n’importe quel fournisseur Cloud, mais aussi de les réaliser sur les infrastructures internes de l’entreprise, une approche qui permet à l’entreprise de s’assurer de la souveraineté des données sauvegardées. L’offre est disponible sous forme de souscription ou sous forme de service de sauvegarde via un MSP partenaire de Veeam comme AntemetA et Naitways. Par ailleurs, Veeam a dévoilé fin 2021 une solution équivalente pour Salesforce en version bêta. Celle-ci sera officiellement commercialisée au deuxième semestre 2022.
Faire converger la sécurité et la protection des données, une complémentarité
Un autre éditeur s’est positionné très tôt sur ce marché de la sauvegarde Microsoft 365, c’est OpenText Security Solutions, anciennement Carbonite-Webroot. Carbonite qui avait réalisé l’acquisition d’EVault en 2015, a été racheté par OpenText 4 ans plus tard. L’éditeur a lancé son offre Carbonite Backup for Microsoft 365 il y a plus de deux ans maintenant, un marché qui a connu une brusque accélération alors que beaucoup d’entreprises ont fortement accru les usages de la plateforme collaborative Microsoft lors de la crise du Covid : « Les ventes d’Office 365 ont explosé lors du Covid du fait du télétravail, et le besoin de solution de protection des données échangées sur la plateforme Microsoft a suivi. Il s’agit tant d’un besoin présent chez les PME que les grands comptes » explique Alexandra Lemarigny, directrice commerciale Europe du Sud chez OpenText Security Solutions. Carbonite Backup for Microsoft 365 assure une sauvegarde des données Office 365 sur le Cloud d’OpenText qui s’appuie sur l’Europe sur un datacenter situé aux Pays-Bas. Cette solution a été peu à peu étendue fonctionnellement avec notamment le chiffrement et l’archivage des emails. Plus récemment, l’éditeur a complété cette première offre de plusieurs autres solutions comme l’explique la responsable : « Une offre de sauvegarde pour Salesforce a été lancée il y a quelques mois, puis Dynamics et nos offres de Cloud to Cloud backup qui permettent de sauvegarder les données d’un Cloud privé, de ressource AWS ou Azure sur notre Cloud via les API. »
Ces solutions sont éditées par OpenText Security Solutions, une division de l’américain qui est positionnée à la fois sur la protection des données (Data Protection) et la sécurité (Data Security), une complémentarité sur laquelle l’éditeur mise aujourd’hui : « Nous travaillons aujourd’hui sur une console unique qui pourra gérer tant nos services de protection que de cybersécurité. Il s’agit d’une demande forte de nos clients qui souhaitent une plus grande rationalisation de leurs outils d’administration et ne plus avoir à utiliser de multiples consoles. »
De plus en plus d’acteurs sont positionnés sur la sauvegarde Microsoft 365
Parmi les rivaux de Veeam et OpenText sur ce marché à haut potentiel figure Arcserve. Cet acteur historique de la sauvegarde a récemment fusionné avec StorageCraft. L’américain a lancé il y a quelques semaines la solution SaaS Backup, une solution de sauvegarde pour les services SaaS qui s’appuie sur le service Keepit Saas Backup. Guillaume Maidon, Senior Presales consultant chez Arcserve, détaille les capacités de cette offre : « Arcserve SaaS Backup permet aujourd’hui de sauvegarder Google Workspace et Office 365. La demande la plus forte actuellement porte sur Office 365. Nous sommes capables de tout sauvegarder, depuis Exchange online, Teams, OneDrive et SharePoint et repositionner toutes les données en place avec leur structure alors que jusqu’à maintenant nous ne sauvegardions que les fichiers. Pour Google Workplace, nous sauvegardons Gmail, Team Drive, les fichiers, les calendriers, les tâches. Dans les prochaines semaines, nous aurons de la même façon la sauvegarde pour Salesforce et Dynamics 365 et enfin Azure AD. » Arcserve mise sur la simplicité de configuration pour se faire une place sur le marché. Pour l’Europe, les données peuvent être sauvegardées à Copenhague ou à Frankfort, sur des installations certifiées ISO 27002. « Les sauvegardes sont transférées sur un stockage immuable, avec un algorithme basé sur la blockchain. L’entreprise dispose de la garantie quant à la sécurité de ses données, et une sauvegarde immuable constitue la dernière ligne de défense face aux attaques de ransomware. »
A la recherche d’une offre souveraine
Pour les entreprises à la recherche d’une offre souveraine, l’éditeur français Atempo propose sa solution Tina qui a été adaptée à la sauvegarde des contenus de Microsoft 365 en Cloud to Cloud ou vers une infrastructure on-premise. « La cible initiale de cette solution, ce sont les moyens et grands comptes » explique Pascal Potier, Executive Vice President, Software Engineering & Global Services chez Atempo. « Nous avons décliné l’offre pour les PME avec notre appliance de sauvegarde Continuity. Cette appliance est issue de la fusion d’Atempo avec Wooxo fin 2021. » Ce dernier vendait sa propre solution de sauvegarde YooBackup sur une appliance qui est aujourd’hui proposée aux TPE avec la solution YooBackup mais aussi Tina pour Microsoft 365.
L’appliance s’adresse aux entreprises de moins de 50 postes, Tina pour Microsoft 365 s’adressant généralement aux entreprises de 500 à plusieurs milliers de postes. « Tina a été refondue afin d’être plus facile à configurer », explique le responsable. « Lors de cette refonte, nous en avons profité pour mettre en place une couche d’API REST qui permet aux MSP d’automatiser le provisioning de services basés sur la technologie de Tina. C’est notamment ce qu’à fait Be-Cloud, un MSP partenaire de Microsoft qui propose 365 aux PME. Quand ils ont un nouveau client, une nouvelle instance Tina est provisionnée dans une VM avec son propre stockage ».
Avis d’expert
Alexandra Lemarigny,
directrice commerciale Europe du Sud OpenText Security Solutions
« Même si leurs données sont hébergées dans le cloud, les entreprises sont responsables de la sécurité de leurs données, les conditions générales de vente de Microsoft sont très claires sur ce point. »