- Santé et Big data au secours des Clouds souverains
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Décollage laborieux pour le Cloud souverain. Orange s’apprête à reprendre Cloudwatt tandis que Numergy fait feu de tout bois avec Atos/Bull, ciblant les secteurs de la santé et de l’énergie.
Cloudwatt et Numergy – les deux Clouds souverains créés en 2012 à partir des fonds publics du grand emprunt – ont activé tous les leviers de croissance possibles. Is se heurtent toujours à un marché atone depuis deux ans. Hormis dans la santé et l’énergie où l’analyse de données massives devient un avantage compétitif, l’externalisation de services auprès de prestataires Cloud ne soulève pas d’enthousiasme retentissant chez les décideurs.
En France, on note un taux d’adoption du Cloud de 12%, comparable à celui de l’Allemagne, mais deux fois moins élevé que celui du Royaume-Uni. En moyenne, 35% des grandes entreprises et 18% des PME de l’Union Européenne consomment des services Cloud : près de deux fois sur trois, ce sont des services Cloud publics plutôt que privés (Eurostat -novembre 2014).
L’essor du marché Cloud hexagonal reste donc à écrire. Cloudwatt a vécu un démarrage commercial laborieux. Du coup, en mars prochain sauf imprévu, l’opérateur Orange tiendra la barre seul, passant de 44 % à 100 % des actions de Cloudwatt. En face, les deux actionnaires privés de Numergy ont déjà changé de main, Bull rejoignant Atos et SFR passant chez Numéricable. Cette année, le bras de fer du Cloud souverain oppose Orange à Atos, l’un comme l’autre cherchant à conquérir la pole position du Cloud européen.
Un écosystème indispensable
Premier constat, faute d’impliquer des revendeurs ou des intermédiaires de proximité, le nuage bleu-blanc-rouge semble voué à l’échec. En dépit des écoutes massives d’agences étrangères, offrir des machines virtuelles et du stockage à la demande sur le sol national ne suffit pas. Il faut délivrer des logiciels SaaS éprouvés et des services complémentaires.
« Notre Cloud Santé est une offre star qui fonctionne très bien depuis l’été 2014. »
Philippe Tavernier, Numergy
« Les grands comptes, entreprises de taille intermédiaire et PME exigent un accompagnement », constate Philippe Tavernier, le PDG de Numergy. Le Cloud souverain s’est structuré pour évangéliser et faire goûter l’informatique en nuage à tous les acteurs économiques. Dans son réseau, « 130 partenaires montrent une forte appétence pour les solutions cloud de Numergy », recense le manager.
Des serveurs virtualisés et supervisés par VMware ont permis à Numergy de formuler rapidement une offre de classe entreprise. Mais la compétition se déplace maintenant vers le socle libre OpenStack, choix initial de Cloudwatt qui doit combler son retard. Pour créer des réseaux virtuels sur cette infrastructure, Cloudwatt retient la solution Open Contrail, développée par Juniper Networks. Pour sa part, Numergy préfère y adosser l’offre SDN (Software Defined Network) d’Alcatel-Lucent.
En ce qui concerne la plateforme big data, l’offre Hadoop est retenue par les deux clouds souverains. Mais la route vers le succès semble plus sinueuse que prévue, y compris pour les éditeurs en quête de financements. En effet, le Cloud computing impose de changer de modèle économique, de bâtir de nouveaux accords et argumentaires commerciaux. Chaque virage doit être négocié habilement. Les commerciaux craignent surtout une baisse de leur rémunération ou des objectifs intenables. La cohabitation de deux modèles – licences traditionnelles et abonnements SaaS – s’avère délicate. L’impulsion doit venir des deux Clouds souverains, dont les effectifs devraient rester stables en 2015 en dépit du changement d’actionnaires : 80 salariés, des ingénieurs techniques et commerciaux en majorité.