La pandémie et la généralisation du télétravail ont déclenché une évolution rapide et généralisée des ordinateurs portables, faisant d’eux de véritables piliers de la productivité dans des environnements non contrôlés.
La pandémie et l’essor du travail à distance ont changé la façon avec laquelle les utilisateurs et les services informatiques considèrent les ordinateurs portables. La mobilité et le télétravail ont entraîné une évolution rapide, afin de les adapter à fonctionner dans des environnements non contrôlés. De plus, ces ordinateurs portables ne sont plus utilisés comme des appareils mobiles, utiles seulement pour des tâches occasionnelles ou en déplacement. Ils sont devenus l’outil principal de la productivité au quotidien et de la collaboration à distance de millions d’utilisateurs. Cette intensification des usages nomades a entraîné une évolution rapide de l’architecture des ordinateurs portables, les fabricants se concentrant sur trois domaines clés : l’administration, la sécurité et la fonctionnalité. Le tout combiné à certains automatismes.
L’expérience d’impréparation subie lors du premier confinement a servi de rappel aux entreprises et à leurs services informatiques. Ils ont dû équiper les télétravailleurs dans l’urgence, avec des appareils le plus souvent obsolètes (cela comprend également les portables neufs de l’époque et dont l’équipement n’avait que très peu évolué), donc inadaptés aux charges de travail modernes des applications dans le Cloud et aux exigences de sécurité.
Dans un contexte de distanciation entre les services informatiques et les utilisateurs, les capacités d’administration à distance sont essentielles pour permettre aux travailleurs d’accéder à l’assistance informatique dont ils ont besoin, sans avoir à se rendre physiquement au bureau ou à envoyer leurs appareils en réparation. Durant les années qui ont suivi (2021 et 2022), les fabricants se sont efforcés de mettre à jour leurs modèles en intégrant des fonctions et des automatismes pour adresser les besoins nés du travail à distance.
La mutation du poste de travail en environnement de travail
Le basculement est d’importance, car les fabricants ne cherchent plus à fournir des postes de travail, mais plutôt des environnements de travail avec tout le confort et la richesse fonctionnelle qui les caractérisent. Il s’agit de proposer des plateformes améliorant la collaboration à distance, la convivialité et le confort, le tout en intégrant les préoccupations environnementales. Par exemple, dans le domaine de la vidéoconférence, des changements significatifs ont eu lieu. On peut citer de meilleurs webcams et microphones, dotés de fonctions améliorant l’expérience, comme la réduction du bruit ambiant, le suivi automatique du locuteur ou la participation à une réunion en un clic. Les ordinateurs portables post-pandémie sont également conçus pour être plus solides et durables en combinant la résistance aux rigueurs de l’utilisation quotidienne aux vertus environnementales.
Ces exigences en matière de durabilité influencent la manière avec laquelle les fabricants intègrent l’impact de leurs produits tout au long de leur durée de vie. Il peut s’agir d’efforts visant à réduire les déchets, à minimiser la consommation de ressources et à promouvoir le recyclage et la réutilisation. Certes, ces efforts peuvent paraître insuffisants, mais les fabricants les intègrent précautionneusement afin de ne pas déséquilibrer un modèle économique à la rentabilité fluctuante, car il est sévèrement contraint par une concurrence exacerbée, les variations des prix des composants et l’influence de la loi de l’offre et de la demande sur les prix.
La sécurité est un autre aspect crucial de l’architecture des ordinateurs portables, en particulier dans un contexte où les cybermenaces augmentent et où les violations de données peuvent avoir de graves conséquences. Les fabricants suivent plus ou moins fidèlement le standard établi par Microsoft sous l’appellation de Secured-Core PC après la sortie de Windows 11. Ces fonctionnalités, intégrées de fait, ou vendues sous forme de services, reposent sur une combinaison de matériel et de logiciels et visent à fournir une protection renforcée contre les attaques d’hameçonnage, ainsi qu’une meilleure protection des applications, des données et des appareils.
Les conditions requises pour un PC à noyau sécurisé doivent inclure un certain nombre de fonctions. Une racine matérielle de confiance ou « Hardware root of trust » est un composant physique pour démarrer le PC et vérifier le logiciel qui s’y exécute. Un firmware sécurisé qui doit être protégé contre les manipulations et ne doit permettre l’exécution que de logiciels de confiance. Le démarrage sécurisé grâce auquel le PC ne doit démarrer qu’à partir d’un logiciel de confiance. L’Intégrité du code de l’hyperviseur (HVCI) est une fonction de sécurité qui protège le noyau Windows contre les logiciels malveillants et autres attaques. Windows Hello for Business est une technologie d’authentification biométrique qui peut être utilisée pour remplacer les mots de passe. Enfin, BitLocker est une technologie de chiffrement de l’intégralité du disque pour protéger les données sur le PC.
Une intégration inégale des fonctions de sécurité
Selon leur segmentation par produit et la clientèle visée, les fabricants intègrent ces mécanismes, ou des mécanismes équivalents, en standard ou sous forme de services. Par exemple, HP Wolf Security s’apparente plutôt à une solution d’entreprise, un EDR (Endpoint detection and response) allant du matériel jusqu’au Cloud, avec de multiples couches de sécurité. Dell Data Protection est un service de sauvegarde et de protection des données. Il propose des fonctions telles que la protection contre les logiciels malveillants, le chiffrement et la prévention de la perte de données. Lenovo ThinkShield est le plus conforme aux préconisations de Microsoft avec Secured-core PC, c’est-à-dire un ensemble de mécanismes de sécurité intégré aux ordinateurs portables du fabricant et qui comprennent des fonctions telle qu’une puce de sécurité ainsi qu’une autre pour sécuriser le Bios.
L’intérêt de ces solutions réside dans la possibilité pour les services informatiques d’y souscrire à la carte, en fonction de leur besoin en protection et en flexibilité. Ce choix peut permettre d’alléger les coûts, les charges de travail et la complexité des infrastructures. Certes, la mise en œuvre peut ne pas être à la portée d’un utilisateur moyen, mais elle est nécessaire dans un monde où la sécurité devient l’aspect le plus critique de la productivité.
L’intelligence fonctionnelle est le troisième domaine dans lequel l’architecture des ordinateurs portables s’est considérablement améliorée. Il s’agit des nouvelles fonctions basées sur l’IA ou sur des algorithmes à base de règles, qui visent à améliorer l’expérience de l’utilisateur et les performances des ordinateurs portables. Nous avons déjà cité les améliorations de la collaboration et des appareils, telles que l’annulation du bruit, le flou d’arrière-plan, le suivi des visages et la reconnaissance des gestes pour l’appareil photo et le microphone. D’autres fonctions intelligentes optimisent les performances de l’ordinateur portable, telles que la gestion adaptative de la batterie, le contrôle thermique et l’optimisation du réseau. Ces fonctions rendent l’ordinateur portable plus économe en énergie, davantage réactif et fiable.
Des architectures segmentées par charge de travail
Du point de vue de l’architecture, les modèles modernes bénéficient d’une plus grande variété de possibilités en fonction des charges de travail. Grâce à une segmentation générationnelle, Intel, avec Core 11e, 12e et 13e génération et AMD, avec Zen 3 et Zen 3+, les fabricants peuvent couvrir tous les types de charges de travail. La 11e génération de processeurs Intel Core (Tiger Lake) est fabriquée en technologie SuperFin de 10 nm et possèdent jusqu’à 4 cœurs et 8 threads, et peut atteindre une fréquence maximale de 4,8 GHz. Ils supportent de nouvelles fonctionnalités comme Thunderbolt 4 et Wifi 6. La 12e génération (Alder Lake) est basée sur la technologie du processus Intel 7 et introduit une architecture hybride combinant des cœurs à haute performance (P-cores) et des cœurs à haute efficacité énergétique (E-cores). Ils peuvent recevoir jusqu’à 16 cœurs, avec une fréquence turbo maximale de 5,0 GHz. Ils incluent le support de la mémoire DDR5 et de PCIe 5.0.
La 13e génération, connue sous le nom de Raptor Lake, est également basée sur la technologie du processus Intel 7. Elle améliore l’architecture hybride de la 12e génération en augmentant le nombre de cœurs E et la taille du cache L2 pour chaque cœur. Raptor Lake compte jusqu’à 24 cœurs, avec une fréquence turbo maximale de 6,0 GHz. Ils offrent des performances et une efficacité encore meilleures et supportent de nouvelles fonctionnalités comme l’accélération avancée de l’intelligence artificielle.
Pour AMD, les génération Zen 3 et Zen 3+ proposent des plateformes optimisées pour l’efficacité énergétique. La série Ryzen 5000, basée sur l’architecture Zen 3, rivalise avec les processeurs Core de 11e génération d’Intel. Ils sont réputés pour leurs performances multicœurs et leur efficacité énergétique, offrant jusqu’à 16 cœurs, 32 threads et une fréquence maximale de 4,9 GHz. La série Ryzen 6000, basée sur l’architecture Zen 3+ améliorée, vise à concurrencer les processeurs Core de 12e génération d’Intel et devrait offrir de nouvelles améliorations en termes de performances et d’efficacité.