Si les médecins ne soignent pas les patients avec un clavier et un écran, l'IT est devenue une aide indispensable à la pratique médicale, en facilitant les échanges d'informations entre praticiens, en aidant à rationaliser les processus dans les établissements de soins. Du SI hospitalier au Dossier Patient en passant par la télémédecine, quelques brèves histoires de l'informatique de santé.
«Nous sommes à l'aube d'un changement de paradigme : historiquement la médecine repose sur le colloque singulier entre le praticien et le patient, met en lumière Philippe Wlodyka, DSI du Groupe Hospitalier de l'Institut Catholique de Lille (GHICL)*. Aujourd'hui, le patient peut capter l'information par lui-même et la faire interpréter par un logiciel (par exemple mesure du cycle du sommeil ou de la fréquence cardiaque par une application iPhone), On en est à la préhistoire de l'IT dans le monde médical. Les possibilités relatives aux nouvelles technologies (par exemple la réalité augmentée, les robots chirurgicaux, les supercalculateurs) sont énormes. On pourrait déjà en faire plus avec toutes les informations patients accumulées. Mais il faudra faire attention aux conséquences juridiques, notamment en termes de responsabilité du médecin, et éthiques.»
Le financement de l'IT dans les hôpitaux
Les possibilités offertes par les nouvelles technologies sont en train de transformer en profondeur le monde hospitalier. L'informatisation de l'hôpital est un enjeu énorme. Pour Cyrille Roy, directeur du segment stratégique santé chez Econocom, «les enjeux de l'univers du soin s'articulent autour de quatre grands axes : l'attractivité de l'établissement, l'amélioration et le confort de vie du patient, l'amélioration et la sécurisation du soin, et l'efficience (gains de temps et de coûts).»
Sa mise en œuvre est relativement lente en France, au même titre que le Dossier Médical Patient (DMP). Cécile Lagardère, Manager Santé, Accenture, constate : «Il n'y a pas eu de démarche systémique dans le monde de la santé.» La France apparaît en retard par rapport à des pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, selon Eddie Anoufa, directeur général d'InterSystems en France, pays où cet éditeur américain est présent depuis 2005 et a acquis Siemens Healthcare Services en septembre 2011: «Si le back office de l'hôpital français s'est équipé d'outils informatiques de gestion, il reste à développer la production de soins. Le dossier patient est ainsi encore dans beaucoup de cas en papier. C'est un problème de financement. En général, le SI (matériel, logiciels et personnel) représente 1,5% du budget de l'hôpital. La santé n'a pas de prix mais elle a un coût. Les directions d'hôpital mènent l'informatisation pour coupler la production de soins et la facturation, avec la tarification à l'acte de la Sécurité Sociale. Ce faisant, elles développent la qualité des soins, grâce aux contrôles et à l'aide à la décision apportés par les solutions informatiques.»
Comme le nombre d'agents à former est bien souvent énorme, les forces réfractaires ont parfois été les plus fortes, conduisant à des gouffres financiers et d'énormes retards dans certains projets. Et de mettre en avant l'approche d'InterSystems : «elle consiste à prendre en charge la mise en place de notre outil de Dossier Patient Informatisé, Trakcare, de façon rapide jusqu'à un point de non-retour et jusqu'à une masse critique d'utilisateurs, le groupe hospitalier n'ayant plus qu'à finaliser le déploiement.»
Tristan Debove, directeur commercial France d'InterSystems, ajoute : «Nous travaillons d'abord à installer Trakcare dans les hôpitaux déjà clients de Siemens, comme le Groupement Hospitalier de l'Institut Catholique de Lille, les centres hospitaliers de Saint- Quentin dans l'Aisne et de la Côte Basque à Bayonne. Notre approche intégrée ERP permet d'accompagner le travail du personnel soignant.» Ainsi, la solution Clinicom de Siemens Healthcare Services qui équipe une soixantaine d'hôpitaux et comporte deux outils de gestion administrative des patients (accueil et mouvements) et de facturation est intégrée avec Trakcare.«Trakcare, notre système d'information de santé unifié, est ouvert et modulaire, poursuit M. Debove. L'objectif est d'aider la pratique médicale et de ne pas grignoter sur le temps du médecin. Notre solution décisionnelle Deepsee apporte en outre l'analyse des données. En France, nos solutions s'adaptent aux besoins, avec des pratiques médicales plus pointues que dans des pays anglo-saxons, comme la gestion des injectables. Notre socle technologique est souple et flexible, ce qui permet d'avancer plus vite.» Eddie Anoufa complète : «La solution intègre tout ce qui est nécessaire au parcours patient, avec une même interface utilisateur, ce qui permet un gain de temps, de confort et de sécurité.»
Structurer les processus de l'hôpital
Le SI de santé doit permettre de récupérer les données ad hoc en temps réel. Or, Florent Bavoux, directeur Europe du Sud, Perceptive Software, éditeur américain de solutions de gestion des processus et de contenus structurés, semi-structurés ou non structurés pour le secteur de la santé, présent en France depuis 2011, souligne : «Le monde du logiciel dans les hôpitaux est très disparate, depuis la gestion du linge en passant par divers logiciels médicaux, alors que le service informatique dispose le plus souvent de ressources limitées. Nos solutions préparamétrées et donc déployables rapidement, aident à structurer les processus de l'hôpital, à améliorer l'interopérabilité entre les différents services de l'hôpital, et répondent à ses besoins de gestion. Au final, l'hôpital doit être plus réactif et disposer de certains processus plus automatisés afin de pratiquer plus d'actes.»
Le SI de santé a pour objectifs d'optimiser les actes médicaux, la facturation et fournir un reporting d'indicateurs de performance pertinents et ciblés, afin d'évaluer la qualité et la productivité des activités de l'établissement de soins.
Les piliers de la réussite
La réussite de la mise en place d'un système d'informations de santé nécessite le soutien de trois personnes : le directeur de l'hôpital, bien entendu le président de la commission médicale d'établissement qui apporte son point de vue fonctionnel, et la direction du système d'information et de l'organisation, qui véhicule sa vision technique et opérationnelle. Il est garant du bon déploiement puis du bon fonctionnement du SI hospitalier. Dernière pierre à l'édifice du SI, non négligeable, le chef de projet, diplomate et solide, appuyé par la direction médicale. La coordination entre les acteurs est incontournable.
iCod Healthcare équipe 25 Cliniques
Cheops Technology a annoncé au printemps 2013 une nouvelle offre iCod Healthcare®, pour laquelle elle a obtenu l'agrément du ministère de la Santé comme hébergeur de données de santé.Cette offre de Cloud privé externe entièrement dédiée au monde de la santé prend en compte toutes les pratiques du Guide Hôpital numérique 2012.
Elle a convaincu le n°3 de la santé en France, le groupe Médi-Partenaires et ses 25 cliniques, tant pour la gestion administrative que pour celle des dossiers des patients.«Ce contrat démontre la capacité de Cheops Technology à gérer des entreprises de toutes tailles en intégrant toutes les contraintes métier», souligne son PDG, Nicolas Leroy-Fleuriot.
Surveiller l'état de santé du SI !
Le Centre Hospitalier de Sens supervise son système d'information et objective son taux de disponibilité, avec POM Monitoring
En décembre 2012, la DSI du CH Sens décide de s'équiper d'une solution de supervision pour surveiller l'état de santé de son SI, composé notamment d'une centaine d'applications (hébergées sur 75 serveurs et virtualisées à 90%), de 650 postes de travail, 140 tablettes et 250 imprimantes.
La DSI du CH Sens disposait déjà d'un inventaire des équipements matériels, d'infrastructure et réseaux à mettre en supervision : la mise en production de POM Monitoring, sur une machine virtuelle interne, et son paramétrage, via un simple tableur, n'ont pris que quelques jours. La reconstitution des chaînes de liaison applicatives a également été rapide à réaliser. «Désormais, nous disposons d'une cartographie exhaustive et précise de notre système d'information, qui facilite sa préhension par les nouveaux arrivants et les prestataires de la DSI, et accélère la détection des incidents», poursuit le Directeur Adjoint. Ces vues synthétiques et les alertes en temps réel permettent désormais à l'équipe informatique du centre hospitalier de corriger la majorité des dysfonctionnements, avant même que les utilisateurs n'appellent le support.
En outre, les tableaux de bord de POM Monitoring, sur les taux de disponibilité et les performances des applications, contribuent à objectiver et à valoriser le travail de la DSI dans le cadre du programme Hôpital Numérique et vis-à-vis des utilisateurs.