Le datacenter est au cœur de l’actualité, parce qu’il a su résister aux effets de la pandémie, parce qu’il supporte le cloud, parce qu’il accueille la donnée, mais également parce qu’il subit les foudres des politiques et des écologistes. C’est beaucoup, et cela relève trop souvent de la méconnaissance du sujet. Faisons le point sur le datacenter.
Un datacenter, c’est d’abord un lieu sur un territoire, un terrain et un bâtiment, existant ou à construire, judicieusement choisi pour être accessible et proche d’une source d’énergie et d’un backbone pour la connectivité. Le datacenter est donc d’abord un projet immobilier, avec les niveaux investissements qui correspondent. C’est ensuite une usine, qui embarque des équipements électriques et de refroidissement lourds (onduleurs, batteries, câbles, etc.) et fortement consommateurs d’électricité. C’est également de la sécurité, pour protéger le bâtiment et ce qu’il renferme contre les intrusions et les incendies, et pour le secours électrique avec les groupes électrogènes et les réserves de fuel. Ce sont des interconnexions réseaux, internet et télécoms, un datacenter qui n’est pas connecté n’a pas d’intérêt, sauf peut-être pour des usages militaires. Ce sont enfin des équipements de type baies, racks, PDU (prises électriques) prêts à accueillir l’infrastructure informatique.
Le datacenter est donc d’abord un projet immobilier et industriel, qui implique de lourds investissements, des autorisations diverses, et une longue période d’amortissement. Et ce qui domine dans ces projets, c’est la criticité. Un datacenter doit être conçu pour offrir un service sécurisé et sans interruption, 24/7 et 365 jours par an.
Viennent ensuite les usages : l’hyperscale est un datacenter géant destiné aux acteurs du cloud public ; le datacenter neutre dit de colocation fournit la surface, l’électricité et le refroidissement pour accueillir l’informatique que l’entreprise ou son infogéreur vont installer et gérer sur place ; le datacenter d’hébergement fournit jusqu’aux équipements IT sur lesquels l’entreprise va placer ses applications et services, par sa taille plus réduite il est souvent qualifié de régional ; le datacenter privé est généralement la salle informatique ‘on premise’ de l’entreprise équipée en mode CAPEX ; et surgissent les datacenters Edge ou micro-datacenters destinés à des usages de proximité, antennes 5G, smart building, smart city, chaîne de production, chaîne logistique, IIoT (internet des objets industriel), pilotage des véhicules autonomes, etc.
Quelques chiffres
Il y a environ 5 000 datacenters qui répondent à ces critères en France, en majorité des datacenters privés. Selon l’Arcadis Data Center Location Index 2021, la France compte 247 datacenters ‘publics’, colocation et hébergement, dont 108 à Paris. Ce qui place la France en 4ème position en nombre de datacenters en Europe et à la 9ème place dans le monde. Du côté des hyperscalers – Amazon Web Services, Google, Microsoft Azure, Facebook, Apple, Alibaba, et Oracle – 650 datacenters sont identifiés en 2021.
L’Europe est considérée comme une terre d’accueil pour les datacenters. Elle dispose de nombreux atouts : c’est le plus grand marché économique unique ; le PIB par habitant est l’un des plus élevés ; les gouvernements sont démocratiques et stables ; les abonnements à large bande mobile sont majoritaires et affichent une vitesse de téléchargement moyenne élevée ; nous assurons également une sécurité énergétique, ainsi qu’un accès grandissant aux énergies renouvelables.
Le marché global de la construction mondiale de datacenters a été évalué à 207,2 milliards de dollars en 2019, avec un taux de progression annuelle de 6,4% selon ResearchAndMarkets. En Europe, il devrait franchir la barre des 122,05 milliards de dollars entre 2021 et 2025, avec un taux de progression de 20%. Selon Grand View Research, le marché global de la colocation a été de 12,81 milliards de dollars en Europe en 2020. Et il devrait atteindre à l’échelle mondiale 117,82 milliards de dollars en 2028.