Accueil Les ESN écrivent l’histoire digitale des entreprises

Les ESN écrivent l’histoire digitale des entreprises

Le Cloud et l’IA, l’IoT, ou encore le DevOps sont au cœur d’un environnement qui se complexifie pour les entreprises, en pleine transformation numérique de leur business. Les ESN tentent de le simplifier.

 

Syntec Numérique présentait fin décembre non seulement ses chiffres de croissance pour 2018, mais indiquait ceux estimés pour 2019. Le temps va rester beau, prévoit le syndicat professionnel des ESN, éditeurs de logiciels et sociétés de conseil en technologie. Alors que la croissance en 2018 a été de 4,1 %, celle attendue en 2019 sera de 3,9 %. Tout comme en 2018, Syntec Numérique s’attend à ce que les projets de transformation numérique, notamment les SMACS (Social, Mobilité, Analytics et Cloud), progressent : les SMACS atteindront 28,5 % du marché logiciels et services, et afficheront une croissance de 14,7 %.

Conseil et services : croissance de 3,3 % en 2018

Si 78 % des Entreprises de Services du Numérique (ESN) augmentent leur chiffre d’affaires en 2018, cela devrait perdurer avec le développement des nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée (comme la cybersécurité et l’intelligence artificielle / les systèmes cognitifs) et celui des offres Cloud qui s’intensifie. Du coup, on note une baisse dans l’infogérance d’infrastructure, en raison du développement du Cloud, « mais pas sur l’infogérance du poste de travail, qui croît de 2,6 % en 2018 », nous indiquait lors de la présentation de cette enquête Thierry Siouffi, président du pôle Conseil et services, et par ailleurs vice-président senior d’Atos. Nul doute que cela continue en 2019.

Le conseil en technologies se porte bien également, avec une croissance de 5,5 % en 2018 et 5,2 % attendue en 2019. 73 % des sociétés du conseil en technologies augmentent leur chiffre d’affaires en 2018. Un chiffre qui devrait se maintenir en 2019, avec des leviers de même type : accélération des prestations dans le domaine de l’ingénierie de process, accompagnement de la transformation des business model des clients industriels vers la vente de solutions, développement de prestations dans le domaine des objets connectés (développement, sécurisation, gestion des objets, gestion des données, etc.). Ces chiffres étant indiqués, il faut souligner que le marché des sociétés de conseil et de services est divers. Petites structures, ESN de taille intermédiaires et grosses organisations se côtoient, des généralistes aux spécialistes, chacune revendiquant cependant de multiples spécificités, dans l’organisation, la ou les technologies maîtrisées, la capacité à monter en compétences, les offres verticalisées ou thématiques, etc.

Savoir-faire et agilité

HN, par exemple, fondée en 1983, veut se différencier en étant une entreprise française « 100 % indépendante et 100 % familiale », nous indique Loïc de Galbert, directeur Administratif et Financier du groupe HN. Avec un CA de plus de 72 M€ et quelque mille cinquante collaborateurs, elle se présente comme « une entreprise à taille humaine qui dispose du savoir-faire des grands groupes avec la souplesse et la proximité des plus agiles ».

Le groupe grandit à l’international : Roumanie, Portugal, Etats-Unis et Espagne, et intervient en conseil et AMOA jusqu’à la production et support, en passant par les études et le développement. « Nous accompagnons nos clients sur l’ensemble des modèles de delivery : assistance technique unitaire (40 %) et prestations globales (60 % – centres de services, assistance technique groupée, forfaits, centres de compétences, tierce maintenance applicative…) », précise le responsable. Le groupe réalise plus de 2/3 de son activité en environnement bancaire et fait partie des leaders (Top 10) sur le marché de la prestation informatique auprès des banques françaises.

Plus petite, avec 120 collaborateurs, Neoxia revendique elle une approche « Digital Business Partner » pour séduire plus particulièrement les entreprises et administrations en quête « d’un partenaire de proximité » avec des expertises technologiques « pointues » : API management, architecture serverless, data engineering, DevOps, Infogérance Cloud, etc. Comprenez que, comme pour quelques autres ESN sur le même créneau, elle assume « une compréhension fine des enjeux business », et des expertises de pointe « sur les grands sujets technologiques du moment ».

Jean-Baptiste Paccoud

Il n’existe pas tant de structures de cette taille – la plupart se faisant racheter par les plus grosses – dont l’avantage est de pouvoir garder une certaine culture d’entreprise et une proximité entre collaborateurs et dirigeants nous explique Jean-Baptiste Paccoud qui a été nommé directeur général de Neoxia à la mi-janvier.

Offres thématiques et valeur ajoutée métier

En 2018, l’ESN a réalisé un chiffre d’affaires de 7,8 M€ sur le territoire français et un chiffre d’affaires de 2,2 M€ pour sa filiale marocaine. Elle affiche une croissance de 25 % depuis 2017 et a recruté 25 collaborateurs en 2018, portant les effectifs à 120 « Neoxiens ». 30 recrutements sont prévus en 2019 pour soutenir son développement. L’ESN intervient sur la création d’architecture de plateformes numériques (activité Business Technology Consulting), sur le design et le développement de solutions innovantes web, mobiles, IoT, data driven (activité Digital Factory) ou des projets DevOps et infogérance cloud (activité Skale5). L’approche « Digital business partner » est un levier important pour l’ESN. « Maîtriser les sujets technologiques n’est pas une fin en soi. Notre mission est d’aider nos clients à créer de la valeur ajoutée métier. On les aide à parler services numériques, plateformes numériques, transformation de leur métier ». Le dirigeant donne deux exemples de cette transformation digitale, au cœur du bouleversement même des business models des entreprises. D’abord avec CNP Assurances que Neoxia a aidé pour produire un portail destiné aux partenaires-distributeurs d’assurance-vie. « Notre force a été de proposer un ensemble d’expertises, du design des interfaces à la technique sur les parties front et back office. » Le projet est en cours de déploiement. L’ESN a travaillé également avec « un acteur du monde de l’e-commerce », qu’il fait passer « d’un business model open source à un modèle pure SaaS », pour proposer des boutiques en ligne déployées automatiquement sur un serveur et infogérées. Autre spécificité de Neoxia : sa capacité à prendre en charge, de manière agile, le développement des solutions/plateformes imaginées par des startups ayant besoin de renforcer ou d’externaliser totalement la réalisation technique. Chaque année, l’ESN accompagne 3 à 4 startups pour les aider à porter leurs idées vers le marché. En 2018, ce sont Clem’, Felice et Coodoc qui ont bénéficié de ses services.

Le généraliste se veut aussi spécialiste

Avec ses 2 700 collaborateurs et ses 215 millions de CA, Umanis se perçoit comme un généraliste, mais « a toujours eu une conviction autour de la data, de l’analytics, de la BI, et maintenant de l’IA », précise François Binder, directeur Consulting Adjoint de l’ESN.

Fançois Binder

Le responsable explique que si le champ de compétences d’Umanis s’élargit, « on souhaite structurer autour de la data toutes les compétences ». Alors que les projets des clients se complexifient, et demandent à être traités rapidement, en particulier par les métiers, l’ESN doit faire preuve d’agilité, dans les outils et les méthodes, avec DevOps notamment et le as a service. Autres axes importants, plaide le responsable : la sécurité et le réglementaire. Ainsi, si 2018 a vu la mise en place du RGPD – et de fait les entreprises ont demandé études et recommandations à l’ESN – les plans d’action commencent à se mettre en place cette année et se poursuivront dans les 3 – 4 ans à venir. Umanis cherche également « à aider, à conforter » les entreprises clientes dans la mise en place des opportunités business qui se profilent pour elles. Et notamment avec le Cloud. L’ESN a d’ailleurs obtenu le label de partenaire « prime » de Google Cloud. Mais Umanis revendique de connaître tous les « clouders » « Ma conviction personnelle, c’est qu’il y a un bon clouder selon les typologies de projets que l’on veut lancer », explique François Binder. Au-delà du Cloud, l’ESN se veut proche des métiers, et toujours dans l’esprit de répondre aux attentes des clients, a développé il y a 1 an et demi ce qu’elle appelle « le picking de compétences » pour les entreprises qui n’ont pas eu le temps de faire un cahier des charges précis d’un projet, mais souhaitent atteindre leur objectif rapidement. Démarches agiles et outils internes ont été mis en place pour constituer la bonne équipe qui va débuter le projet. Selon les cas, un expert en cyberscurité, un autre métier, dans le marketing digital par exemple, ou encore un spécialiste en objets connectés seront mis à disposition dans l’entreprise pendant 2 – 3 jours… Quel que soit le service proposé, Umanis perçoit son offre comme une seule : « l’accompagnement de nos clients à la transformation digitale ».

Olivier Pouligny

Alors que les demandes s’accélèrent dans ce sens, Olivier Pouligny, le directeur général d’Umanis rappelle que « le rythme de croissance de l’ESN est supérieur à 10 % ». Le plan Expansion 2022 de l’entreprise prévoit un chiffre d’affaires doublé à l’horizon 2022 « avec un plan de croissance organique pour 1/3 et externe pour 2/3 ». Les acquisitions viendront aussi renforcer les compétences humaines alors que l’entreprise a lancé un plan de recrutement de 1 000 collaborateurs cette année.

Le choix d’une spécialité, de l’open source à Microsoft

Hardware, système d’exploitation hardware, récupération et traitement de data, exploitation digitale, l’ESN Smile, expert européen en solutions et digital Open Source, travaille aujourd’hui sur l’ensemble de ces parties pour ses clients auxquels il apporte conseil, intégration et infogérance. Grégory Bécue, Managing Director en charge de la stratégie et du développement chez Smile, nous explique : « On est expert du digital, de toutes les technologies de l’embedded, de l’infrastructure et des SI. Et l’atout de l’ESN est de faire valoir l’ensemble de ces compétences ». De bonne taille, Smile compte près de 1 700 collaborateurs, présents dans 7 pays, et pèse plus de 84 millions d’euros de CA en 2017. Il propose quatre offres verticales (Digital/Ebusiness, Business Apps, Infrastructure, Embedded/IoT) et une ligne complète de services intégrés (conseil, agence digitale, formation, développement et intégration, maintenance et infogérance).

L’ESN vient tout récemment de se rapprocher de SensioLabs, créateur du framework Open Source Symfony, en tant qu’investisseur majoritaire au capital de l’entreprise. SensioLabs s’appuie sur un réseau de plus de 55 partenaires spécialistes du framework Symfony et de PHP, situés dans plus de 20 pays.

Pour Hubert de Charnacé, la société Infeeny qu’il préside, pure-player Microsoft, est en avance de phase sur les développements et bouleversements qui arrivent, du fait même de sa proximité avec son partenaire éditeur. « Microsoft est conscient des évolutions du marché et a toujours annoncé sa capacité à se réinventer. Et les dernières années en ont été la preuve. Ce n’était ainsi pas l’acteur que l’on attendait le plus dans Cloud, et il en est devenu un, majeur, créatif et dynamique », explique le dirigeant. Il a obligé les pure-players à s’adapter plus vite, fait-il remarquer, peut-être plus qu’une société multi technologies. « Notre défi est d’être toujours en avance, de comprendre les évolutions d’Office 365, de Windows et du poste de travail ainsi que du Cloud dans son ensemble (développement d’applications, migration de l’infrasructure, etc.) ». D’ailleurs, la consommation d’Azure des clients d’Infeeny « explose ». « Nos clients font deux fois plus de Cloud qu’il y a 3 mois », précise Hubert de Charnacé. Le dirigeant l’assure : l’entreprise cliente ne peut que bénéficier de cette spécialisation et de cette démarche proactive, qui dégagent « un savoir-faire meilleur ».

Le défi du recrutement et de la fidélisation

Pour les ESN, trouver les bonnes compétences, et les garder, est un challenge, qu’elles partagent d’ailleurs avec leurs propres clients. Alors que les effectifs globaux de la filière sont de 474 000 salariés, Godefroy de Bentzmann, le président de Syntec Numérique, plaide pour une reconversion professionnelle plus poussée et plus en amont… Sans cette reconversion professionnelle, alors que les entreprises du secteur numérique cherchent en particulier des talents scientifiques de niveau Bac + 5, « on n’y arrivera pas », soutient-il.

Faire monter en compétences les collaborateurs

Umanis a pour politique de former ses collaborateurs et à les faire monter en compétence. La première année d’embauche, l’ESN s’engage ainsi à une certification DevOps. Neoxia a un plan de montée en compétences ambitieux. Les nouveaux collaborateurs sont accompagnés pendant les trois premiers mois par un mentor technique, et les parcours sont balisés par le passage d’une certification. Le maintien des compétences est assuré par une dynamique d’équipe et des ateliers organisés le midi, le soir ou lors de demi-journées sur les bonnes pratiques, les nouveautés, etc. Les collaborateurs passeront ainsi 20 % de leur temps de travail à effectuer de la veille et de la formation sur les dernières innovations du marché.

Les nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée assurent le développement des ESN.

Le groupe HN se démarque par son HN Institut (HNI), son centre de formation interne. Plus de 6 500 jeunes ingénieurs ont ainsi été sélectionnés, recrutés et formés aux métiers du développement (Java, Cobol, .net, mobile apps…) en France et à l’international (Inde, Madagascar, Roumanie, USA, Hongrie, Espagne, Portugal, Angleterre). « Une grande partie d’entre eux occupent désormais des fonctions à responsabilité jusqu’au poste de DSI en banque par exemple », souligne son responsable administratif et financier. « Dans un contexte de pénurie de ressources IT, HN est ainsi capable de créer de jeunes informaticiens avec la tête bien faite ! »

Nextedia, spécialisé dans le conseil et les services dans les domaines de la relation client, de l’expérience client et du marketing digital, joue la carte de la mobilité professionnelle, en ouvrant une agence à Nantes, Déjà établi à Toulon, et avec une prochaine ouverture en région Nouvelle-Aquitaine, Nextedia compte d’une part renforcer sa couverture nationale, mais aussi permettre à ses collaborateurs de s’implanter en région s’ils le souhaitent. « L’attractivité de notre marque employeur est un axe-clé. En ouvrant une agence à Nantes, nous faisons le choix de nous implanter dans une métropole qui bénéficie de toutes les infrastructures nécessaires pour conjuguer professionnalisme, dynamisme et qualité de vie. Ce nouvel atout démontre clairement notre volonté de faire évoluer en continu notre gouvernance RH pour recruter et fidéliser les meilleurs experts du marché », indique Marc Negroni, président de Nextedia.

Du côté de l’open source, alors que la filière affiche un turn-over de 15 % et 11 % pour les pure players, « le développement de notre secteur passe en priorité par le recrutement de nouveaux talents, estime Philippe Montargès, co-président du CNLL (union des entreprises open source pour un numérique ouvert) et co-fondateur et président de l’ESN Alter Way, qui se définit comme un « leader Web, Open Source, DevOps en France ». « Développer une marque employeur open source forte au niveau de chacune de nos entreprises doit être la nouvelle priorité de notre filière, C’est une manière de répondre aux attentes et aux valeurs que portent les futures générations de diplômés. C’est œuvrer de fait pour une meilleure fidélisation de ces talents ».


Course de vélos solaires

Pour participer au Sun Trip Tour, une course de vélos solaires, en juillet 2017, les équipes de Smile ont équipé des vélos solaires de multiples capteurs.

Les capteurs ont pris en compte la puissance électrique consommée et produite, la température, la fréquence cardiaque, la vitesse, la position, etc.
Ces capteurs étaient reliés à une carte électronique faisant office de calculateur embarqué et qui transmettait les données récoltées via une liaison sans fil à un serveur base de données.