Didier Zeitoun, président du cabinet de Conseil et de Technologies Magellan Partners, estime que nous abordons une 2e phase de la transformation digitale, qui se caractérise par des vagues de fond, qu’il nous décrit dans cet entretien.
Les entreprises ont effectué un premier niveau de transformation numérique, en passant tout sur des portails, des sites en ligne et de e-commerce. En vrai, il n’y a pas eu de transformation numérique des offres, des produits ou des services. On a juste refait la devanture.
On constate aujourd’hui qu’on est au niveau deux de la transformation numérique. Les entreprises sont en train de repenser leurs gammes de produits, de créer de plus en plus de services autour de leurs produits.
Par exemple, dans la Banque ou l’Assurance, il faut inventer une nouvelle façon de distribuer les produits et services, d’avoir une relation différente avec les clients sur une base de produits bancaires réinventés, puisqu’il va y avoir de moins en moins d’agences bancaires en France. Ce sont des nouveaux projets Business, sur le parcours client, sur les produits qu’on peut vendre sur Internet.
1 Développer les applications pour le Cloud
Il faut intégrer, dès la phase de conception et de développement, le fait que l’application va tourner sur du Cloud public, Azure ou AWS ou Google. C’est clairement une orientation stratégique des trois Clouds américains que d’offrir à leurs clients la possibilité de faire des développements d’applications métier natifs sur leur technologie.
2 Secteur public et privé : des Clouds hybrides, en partie sur un Cloud souverain
Aujourd’hui, aussi bien les grandes entreprises que les ETI sont toutes en train de basculer sur un environnement, en général de deux cloud, parce que un seul ne répond pas forcément à tous les besoins, parce que même dans le secteur privé, on a des entreprises qui veulent avoir, sur certaines applications critiques des data stratégiques, à installer dans un cloud numérique de confiance pour ne pas dépendre du Cloud Act, etc.
Dans le Secteur Public, nous réalisons de plus en plus de POC pour faire tourner les applications des ministères ou des agences de l’Etat ou des régions ou des collectivités territoriales sur des environnements de Cloud numérique de confiance. Même le Secteur Public s’ouvre au Cloud.
3 Datas et IA
La tendance de fond, de la data et de l’intelligence artificielle intervient. On était en phase expérimentale jusqu’au Covid, lequel a stoppé un petit peu tout pendant deux ans. On voit qu’en 2022, on a repris et accéléré sur l’utilisation de l’intelligence artificielle autour des data, et carrément en mode industrialisé. Maintenant, les concepts, les offres sont matures, on va utiliser de plus en plus d’intelligence artificielle dans la relation client, dans le parcours client, etc.
Vu des directions métiers, le nerf de la guerre c’est la data. Mais pour traiter la data, on a besoin d’être sur le cloud, on ne peut pas rester en data center. On doit refondre la couche infrastructure et on construit la partie métier.
4 Applications développées sur des plateformes no-code ou low-code
On constate le recours aux plateformes no-code pour développer des applications métiers, même si on est au tout début du début. Par exemple, on utilise la plateforme Force dotcom de SalesForce pour faire des développements d’applications métier, éloignées des aspects de CRM ou de marketing ou celle de Microsoft ou de ServiceNow.
5 Green IT
La dernière tendance de fond. C’est tout ce qui tourne autour du Green IT. Ce qu’on constate depuis la sortie du Covid est qu’il y a une vraie prise de conscience qu’il faut réduire l’empreinte carbone du numérique. n
L’impact des projets migrations SAP dans le Cloud
C’est une rupture, une révolution, à la fois technologique et fonctionnelle qui est en train de s’opérer. La nouvelle version, S /4 Hana, qui va tourner sur le cloud – Azure, AWS, etc – demande à tout redévelopper. Et il y a des projets de migration absolument gigantesque dans le monde entier. Un gros utilisateur de SAP, qui est dans le CAC 40, a par exemple chiffré le budget de son projet de migration vers S /4 Hana à 500 millions d’euros. ! SAP a annoncé pour l’instant qu’il maintiendrait la version actuelle jusqu’en 2027. Cette date sera sans doute reportée, parce que tout le monde ne sera pas prêt à cette date.