Les logiciels d’ERP en entreprise sont vieillissants, en place depuis de très nombreuses années. Les nouvelles offres modulaires, et en Saas, des éditeurs permettent de choisir un ERP à la carte en limitant les dépenses.
Quel taux d’équipement et quels usages des ERP dans les entreprises françaises ? Une enquête réalisée par le cabinet de conseil CXP en 2013 révèle que la majorité des sociétés, de moins de 100 à plus de 500 salariés, utilise d’abord un ERP métier, à 58 % contre 23 % pour un ERP généraliste. Et presque 20 % n’en utilise pas. Les principaux modules métiers mis en place concernent pour une écrasante majorité la compatibilité et la finance (93 %), suivi par la gestion commerciale et les achats ex aequo (67 %), puis les ressources humaines (51 %) talonnées par la Business Intelligence (49 %) et la production (43 %). Il s’agit là d’une moyenne, toute taille d’entreprises confondue. Pour les sociétés de plus de 500 salariés, on remarque que c’est le module de gestion des ressources humaines qui vient en troisième position (71 %). Les différents modules sont installés depuis plus de 7 ans pour une bonne part d’entre eux, de 55 % pour un module de compatibilité à 45,3 % pour la gestion commerciale. Seul le module de relation clients (CRM) a moins de 7 ans dans les entreprises concernées. Le phénomène vieillissant des ERP est pour beaucoup dû à un problème de coût.
Faire des petits pas et être efficace tout de suite
Pour séduire les entreprises, les éditeurs ont compris qu’il fallait de la souplesse et de la modularité dans leur offre, tant du point de vue de la distribution (dans le cloud, on premise et/ou hybride) que du produit lui-même. Sylvain Moussé, directeur des technologies et CTO de Cegid, nous indique que l’entreprise « n’est pas obligée de prendre une offre dans sa totalité pour commencer. Elle peut choisir un socle principal, notre solution financière ou notre solution RH par exemple, mais aussi commencer par un module optionnel. Par exemple, dans la RH, l’entreprise peut commencer par les talents, plutôt que par le système de paie et d’administration du personnel.» Sylvain Moussé précise que leurs solutions métiers sont suffisamment modulaires pour que l’entreprise puisse, selon sa propre stratégie de système d’information, commencer par ce qui est le plus pertinent pour elle. « Les PME-PMI recherchent le meilleur de l’ERP, sans ses contraintes. Chez Sage, nous avons mis en place des solutions, 100 % flexibles avec un socle de base (comptabilité et gestion commerciale) : le client va progressivement ajouter les fonctions complémentaires qui lui permettent de construire son ERP, selon sa capacité d’investissement et ses moyens en termes de délais de mise en œuvre », détaille Laurent Cantereau, directeur de marché chez Sage. Et cela avec des fonctionnalités totalement identiques sur une version on premise ou dans le cloud. Voilà un autre avantage proposé par les éditeurs aujourd’hui : le choix à la carte d’une solution soit «on premise», soit en SaaS. Ou en poussant le bouchon plus loin, en hybride. « Avec le SaaS, l’hybride est vraiment ce qui va s’imposer. L’entreprise n’est plus dans des grands projets monolithiques où on fait tout changer d’un coup », explique Sylvain Moussé. L’entreprise peut y aller pas à pas, et l’hybridation peut se faire soit en mélangeant les solutions classiques et cloud, soit en mixant des solutions qui sont dans des Clouds différents : une solution SaaS chez un éditeur A et une autre solution Saas chez l’éditeur B. SAP revendique d’être le seul acteur à offrir une complète alternative à toutes les tailles d’entreprises et à tous les métiers.
« Le on premise n’est plus celui d’il y a 10 ans. Les coûts et délais d’implémentation sont réduits grâce à des solutions pré-configurées, de plus en plus verticalisées . » Marc Genevois, SAP
Pour Marc Genevois, COO chez SAP France, « le fait de pouvoir utiliser, déployer des solutions dans le cloud est un scénario apportant plus de flexibilité aux entreprises, c’est certain. Mais on le voit non pas comme une fin en soi. Quand on utilise l’électricité, on ne sait pas si elle vient d’une centrale nucléaire ou d’une éolienne. Pour le cloud ou le on premise, c’est un peu la même chose. Ce qui compte c’est de couvrir l’ensemble des business process. Et d’ajouter « Nous avons des solutions de gestion de petites, moyennes et grandes entreprises, cloud et on premise sachant que toutes nos solutions on premise seront disponibles dans le Cloud sur Hanna à un horizon relativement réduit. » Pour conclure : « Nous offrons toute liberté à nos clients, c’est la marque de fabrique de SAP : la diversité du choix, on premise, Cloud ou hybride, est importante pour les clients français. ».
L’info centralisée
Les entreprises sont unanimes pour souligner qu’un ERP apporte d’abord un bénéfice pour la centralisation de l’information, pour mettre en place un référentiel unique, assurer une qualité des données, les sécuriser et les traiter en temps réel, profiter d’un meilleur pilotage et d’une meilleure collaboration en interne. Viennent ensuite l’amélioration du reporting, la modélisation des processus, l’accès distant aux données, la simplicité de mise à jour et une collaboration facilité avec des tiers. Pouvoir déployer la solution déjà mise en place vers l’international, lorsque l’entreprise se développe est aussi un point-clé. L’éditeur doit savoir « accompagner un réseau, une marque pays par pays, en étant capable de dupliquer un modèle à chaque fois dans le pays, de le localiser en fonction des règles nationales (taxes ou autres) », indique Sylvain Moussé. SAP met également en avant cette capacité à accompagner les entreprises dans leur croissance.
« L’ERP doit être multi-langues, adapté aux réglementations internationales, pérenne, et répondre aux enjeux d’aujourd’hui. »
Alexandre Oddos, Microsoft
« Lors de son développement, un grand groupe peut installer une petite solution SAP dans un nouveau pays, puis installer ensuite l’ERP qui a été déployé dans le reste du groupe, en récupérant les données, en bénéficiant de la même homogénéité en termes d’informations, de compétences, etc De même SAP sait accompagner la croissance d’une petite entreprise, en termes de dimension et de localisation géographique, ou même d’évolution du business model », précise Marc Genevois. Alexandre Oddos, directeur France de la division Microsoft Business Solutions, souligne la nécessité pour les patrons d’entreprises « d’adresser de nouveaux business models, avec un environnement Cloud et dans un cadre nativement mobile. Un logiciel du marché, multi-langues, adapté aux différentes réglementations internationales, pérenne, dans le temps et ses fonctionnalités, et qui réponde aux enjeux d’aujourd’hui ». Pour Microsoft, l’entreprise en profite pour se repenser, se rendre plus agile, plus numérique, et c’est donc un ensemble de solutions Microsoft que l’éditeur soumet à ses clients, comme des offres mêlant l’ERP Nav et Office 365 par exemple. « Cela va bien au-delà du besoin d’une simple fonctionnalité »
« S’intéresser au coût d’achat et d’installation ne suffit pas. La réalité du coût d’un système d’information, c’est ce qui vient après. »
Bertrand Boulet, Unit 4
Pour Bertrand Boulet, DG France de Unit4, qui se positionne sur le haut du mid-market et les grands comptes et le marché des services (avec les marques Agresso et Coda), l’essentiel est avant tout de disposer « d’un système qui sait s’adapter. L’entreprise demande aujourd’hui au fournisseur de lui démontrer que la capacité d’adaptation du projet qu’elle va construire autour du logiciel qu’elle aura acheté est importante. D’une part car le contexte économique fait qu’il faut pouvoir évoluer très rapidement. Et d’autre part, parce que les entreprises, qui ont maintenant une certaine expérience des ERP, se sont rendues compte que le principal défaut de leur système était d’être trop structurant, pour ne pas dire monolithique ».