Des moyens de paiement innovants naissent sur la Toile. Mais encore faut-il convaincre les e-marchands de les proposer et les consommateurs de les adopter.
De nouvelles solutions de paiement fleurissent régulièrement sur la Toile. «Le paiement tend à s’effacer dans le processus d’achat en ligne. En étant plus fluide, il devient plus indolore», met en avant Delphine Desgurse, directrice innovation et stratégie, Groupe La Poste, lors de «Meet The Payments», une rencontre organisée à Paris le printemps dernier par la plateforme de connexion marchands/moyens de paiements Limonetik (cf. encadré). «Les wallets [NDLR : porte-monnaie électroniques] et les monnaies complémentaires se démultiplient, permettant une gestion plus décomplexée de cet argent, analyse Christophe Bénavent, enseignant à l’université Paris Ouest. Cet argent vaut moins pour le consommateur qu’un billet de banque. Le bitcoin, monnaie neutre et anonyme, comme le cash, va pourtant sûrement disparaître pour des raisons politiques. Mais pour un marchand, le meilleur moyen de capturer sa clientèle, c’est de créer sa propre monnaie.»
Pascal Burg, du cabinet de conseil spécialisé Edgar, Dunn et Cie, poursuit : «Faire du couponing, ou proposer des moyens de paiement, c’est un vrai métier complexe. Le marchand doit se faire accompagner par un prestataire de services de paiement (PSP). Il existe en France plus de 240 sociétés dans la filière du paiement, avec des grands acteurs comme Ingenico ou Gemalto. Le savoir-faire français peut être un moteur pour l’Europe.»
Un bon moyen de paiement est simple
Les start-up dans le paiement éclosent. Le directeur de projet monétique chez vente-privée.com, Son Nguyen, explique que «si la technologie évolue très, très vite, le consommateur est relativement conservateur. Par exemple, en Italie, les internautes sont méfiants et ont plus recours à des cartes prépayées pour acheter en ligne. Un bon moyen de paiement est simple, efficace et apporte quelque chose tant à l’utilisateur qu’au marchand. En bref, le parcours client doit rester simple tout en étant innovant.» Hervé Kabla, directeur général de l’agence de communication digitale be angels, partage cet avis : «La complexité perd l’utilisateur. Il faut qu’il réussisse sa transaction.» Nathalie Miossec, chef de projet éditique chez Predica, filiale d’assurance de personnes du groupe Crédit Agricole, reste prudente : «Aujourd’hui, des gens qui travaillent comme moi dans une banque ou dans une assurance restent très frileux sur ces moyens alternatifs puisqu’ils sont non sécurisés pour nous au regard des gros émetteurs, et qu’il y a une grosse part de risque à analyser avant d’aller plus au-delà.»
Monnaie verte et carte sonore
Nous avons croisé à «Meet the Payments» quelques nouveaux acteurs. La start-up Evergreen a lancé le Greenz, un «outil de paiement durable dont la finalité n’est pas le profit. Il s’agit de le construire ensemble dans un esprit de partage,» pour Julien Béranger. Plus besoin d’intermédiaire pour payer ou recevoir des paiements, c’est du H2H (humain à humain) !» Il permet de recevoir et d’envoyer de l’argent de façon instantanée et sécurisée. Il n’y a pas besoin d’équipement spécifique. On utilise l’appli mobile (iPhone ou Android) ou l’appli web pour envoyer ou recevoir des paiements. Et si on publie des contenus en ligne (des vidéos, par exemple), on peut aussi installer un module de micro-paiement (ou tipping) pour inciter les visiteurs à contribution. L’internaute ouvre un compte gratuit. Le modèle économique repose sur 1 % de frais si l’on veut sortir du système et convertir ses greenz en euros sur un compte Paypal, ainsi que sur des comptes Premium avec des services en plus.
Si la monnaie n’est plus sonnante et trébuchante, c’est la carte bancaire qui le devient ! Ainsi, la société luxembourgeoise Digipay a acheté à Prosodie en 2010 les brevets de la technologie nCryptone, qui rend possible la sécurisation des paiements e-commerce avec une nouvelle puce dans la carte bancaire. Cette puce acoustique émet un son lors du paiement. Dotée d’un microprocesseur qui génère une clé cryptée sonore à usage unique qui se renouvelle à chaque utilisation, la carte baptisée Wega permettra, si elle est commercialisée, à son futur utilisateur de ne plus divulguer ses coordonnées bancaires sur Internet ou par téléphone. Les informations d’identification sont transmises par le code sonore. Chaque transaction est par ailleurs validée par un code personnel et confidentiel à 4 chiffres.
Payer ses achats avec l’iPhone 6
Début septembre, Apple a dévoilé deux nouveaux iPhone 6. Un modèle 4,7 pouces et un autre de 5,5 pouces. Si certaines caractéristiques de l’écran ou encore du capteur photo avaient déjà été révélées par la presse, l’annonce d’un système de paiement intégré à l’iPhone 6 a été en partie une surprise. La marque à la pomme a en effet inséré une nouvelle puce sécurisée dans son smartphone pour permettre aux consommateurs de payer leurs achats sans contact, en approchant simplement le mobile d’un terminal de paiement. La sécurité des transactions est assurée par la reconnaissance d’empreintes digitales. Apple a passé des accords avec Visa, Mastercard ou encore American Express, mais il faudra encore attendre pour la France, ce service n’étant pour le moment mis en place qu’aux Etats-Unis.
MasterCard accélère l’adoption du paiement mobile
MasterCard crée un standard pour l’acceptation du sans-contact en Europe. Il sera mis en place d’ici à 2020 pour les commerçants acceptant les cartes de paiement MasterCard et Maestro en Europe afin que les consommateurs soient capables de payer avec leurs cartes sans-contact et appareils compatibles NFC dans tous les points de vente.