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Internet des objets Du boulevard connecté à la ville intelligente

Avec 47 projets innovants en moyenne, la «ville numérique» compte réduire les nuisances et les risques, moderniser la relation avec les citoyens et favoriser la création d'emplois locaux.

D'ici à 2020, 50 milliards de capteurs et d'autres objets communicants seront connectés au réseau Internet. C'est cinq fois plus qu'on n'en compte aujourd'hui. Une opportunité de longue haleine déjà saisie par IBM (programme Smarter City), Cisco (Boulevard connecté), Schneider Electric (Smart City)  et d'autres industriels.

Plusieurs dizaines de collectivités territoriales sur l'Hexagone encouragent cet essor, souhaitant maîtriser les services et les données collectées en temps réel. Après l'auto-partagée et le Pass tourisme, Toulouse lance sa carte multi-services sans contact (NFC) à la rentrée. «Les services aux citoyens facilitent l'accès aux transports, aux musées, aux piscines… Nous sommes au début d'un gros projet intégrant le mobile sans contact, au printemps 2014», confirme Erwane Monthubert, élue toulousaine en charge du dossier Ville Numérique. Pour sa part, Christian Estrosi, député-Maire de Nice assimile la métropole Nice Côte d'Azur à un territoire d'expériences qui «préfigure le monde de demain avec de nouveaux usages et de nouvelles opportunités de développement économique». En juin dernier, il a inauguré, avec Cisco, le premier boulevard connecté (Boulevard Victor Hugo), en centre-ville ; ses candélabres tissent un réseau maillé multiservices pouvant améliorer la gestion du trafic, des secours, du stationnement, de l'éclairage public, du bruit et de la qualité de l'air. La plateforme constituée complète les flux d'informations existants et réagit aux indices fournis par les capteurs placés sur les mâts. Troisième exemple récent, Montpellier investit pour transformer ses données brutes en informations exploitables et mises à la disposition des PME et de jeunes pousses capables de créer de nouveaux usages.

Les villes peuvent bâtir des plateformes de plus en plus ambitieuses, à la fois prédictives et analytiques pour faciliter les prises de décisions en temps réel, en s'appuyant sur des environnements propriétaires ou sur un socle open source tel OW2 Choreos, conçu pour créer et exécuter des Web Services reliant des systèmes distincts et de nombreux objets communicants.

La «Smart City» s'appuie sur un système mutualisé, émergent et complexe, qui accompagne le phénomène Open Data, présent dans tout appel d'offres ou marché public désormais.

«On peut insérer, dès le cahier des charges, la nécessité de capter et de produire des données au service de l'évolution permanente du système. Il convient donc de se poser la question d'intégrer un mode de travail intelligent, facteur de progrès et de nouvelles données générées», observe Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne.

Motivations multiples

Premier état des lieux dressé en France, le baromètre 2013 du Syntec Numérique ébauche une cartographie des initiatives lancées ou projetées par 24 villes pionnières dont 14 comptent plus de 100 000 habitants. Leurs projets concernent les transports, l'éducation, la santé, l'énergie, le bâtiment, la culture et l'environnement.

Qu'est-ce qui motive les collectivités à explorer l'Internet des objets ? Pour Philippe Sajhau, responsable du groupe Villes intelligentes du Syntec Numérique, l'objectif principal des élus est la qualité des services, gage de satisfaction des administrés. La bonne gestion et l'utilisation efficace des deniers publics arrivent en deuxième position. L'attractivité du territoire domine dans les domaines de l'économie et des loisirs surtout. Le développement durable et l'amélioration de l'environnement suivent, l'exemplarité fermant la marche.

Avec l'intégration du numérique dans ses projets, la cité commence à interconnecter ses services, créant de nouvelles opportunités autour des données publiques et de nouvelles applications citoyennes. «Plus qu'une mode, c'est l'occasion d'améliorer la qualité de vie des citadins et d'optimiser certains services municipaux. Au-delà de la numérisation de l'activité de base, toutes les collectivités font le lien désormais entre attractivité et développement. Le numérique est porteur d'une transformation du territoire. Il aide à être plus attractif», note Philippe Sajhau. A ce jour, le sujet inter-services le plus souvent évoqué reste le sans-contact sur téléphone mobile NFC, avec un croisement fréquent entre les transports et la culture.

Projets e-citoyens

Les sites web des collectivités ont montré la voie. Ce sont les projets les plus mûrs actuellement, en particulier au niveau des loisirs puis des données sociales. Les ultimes raffinements actuels concernent la réalité augmentée. L'Internet des objets suppose des investissements plus conséquents, en infrastructure et en développements informatiques, qui oscillent actuellement entre 50 000 et 2 millions d'Euros.

Les projets de carte

citoyenne montrent une maturité moyenne, d'après le baromètre Syntec Numérique. Ils ne sont pas tous terminés, loin s'en faut. Et il manque encore, comme sur notre carte nationale d'identité, un certificat numérique pouvant authentifier le porteur dans chacune de ses transactions.

Consentis d'abord pour les transports en commun, la gestion de l'énergie et des bâtiments, les nouveaux projets numériques souffrent toujours d'une complexité de financement, d'organisation et de gouvernance des ressources. Face à cet enjeu d'avenir pour les territoires, «le projet Smart City doit reposer sur des partenariats public-privé abordés sans tabou», recommande le député-maire de Nice.

«On est rarement intelligent tout seul, confirme Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour la ville, c'est pareil. Une richesse particulière réside dans l'écosystème associant les partenaires, les entreprises et les citoyens».

Quels sont les autres facteurs clés de succès ? Dans la collectivité, la présence d'un interlocuteur disposant d'une vision globale paraît déterminante. Cet élu va porter le projet en pointe et engager les seuls volets innovants qui comptent pour la cité. Dans certains territoires, comme à Toulouse, un cadre responsable de l'autorité numérique a été nommé, avec des missions liées à l'infrastructure et un rôle de fédération d'énergies ; bref, des fonctions allant bien au-delà de celles de la DSI. Face à Milan, Barcelone, Dublin ou Londres – quatre villes emblématiques d'Europe – les métropoles de l'Hexagone n'ont pas à rougir, soutient Philippe Sajhau.

Technologies au service de l'homme

La ville numérique doit maintenant sortir du stade de l'expérimentation pour proposer partout des quartiers numériques réellement utiles aux citoyens. «Le vrai défi pour rendre intelligente des villes existantes, ce n'est pas de savoir combien de capteurs il faut répartir, mais ce que l'on en fait. La question porte sur les usages, non sur les technologies. C'est là que réside la valeur ajoutée, ni dans les tuyaux ni dans les équipements», lance Nathalie Kosciusko-Morizet. Rebaptisé «Investissements d'avenir», le grand emprunt national accorde 4,5 milliards d'Euros au numérique dont plus de 50% sont affectés aux usages. Plus précisément, 2 milliards sont consacrés aux infrastructures et 2,25 milliards aux usages du numérique, les 250 millions d'Euros restants étant absorbés par les Smart grids, ces réseaux intelligents de distribution d'énergie.

«L'intelligence c'est l'humain. On pourrait traduire ville intelligente par ville humaine», avançait Henri Malosse, le Président du comité économique et social européen lors du dernier congrès Innovative City Convention.

Schneider Electric, une approche transversale des villes intelligentes

L'approche de l'industriel  s'articule autour de 5 grands métiers : la gestion de l'énergie, de l'eau, de la mobilité, des services publics et enfin le pilotage des bâtiments et logements. S'ajoutent des services transverses qui permettent notamment de favoriser la collaboration entre les différentes activités.

Réduire de 15%  les embouteillages

Sophie Donabedian, Responsable Business Developpement Smart Cities chez Schneider Electric, explique : “Aujourd'hui les villes sont au pied du mur : elles doivent à tout prix améliorer ou maintenir leur attractivité pour être compétitives, mais aussi répondre au défi énergétique, le tout dans un contexte  financier tendu. Schneider Electric accompagne d'ores et déjà des villes et leurs opérateurs : avec, par exemple, des solutions de monitoring énergétique, automatisées et impliquant l'usager, qui permettent de réduire la consommation énergétique jusqu'à 30%. Nous offrons aussi  des systèmes de pilotage en temps réel des différents modes de transport urbains – trafic, véhicules et vélos électriques, transports en commun, parkings – qui permettent de réduire les embouteillages de 15%, de réduire les émissions CO2 et d'améliorer l'expérience du voyageur. Nous travaillons ainsi sur les différents domaines de la ville pour créer plus d'efficacité et plus d'interactions.”