Le manque de fiabilité de la connexion Internet a fait l’objet d’une grande couverture médiatique au début de la crise sanitaire alors que se généralisait le télétravail, faisant craindre une saturation des réseaux. Mais Internet a tenu.
« Non, le réseau Internet ne va pas s’effondrer », nous indiquait fin mars David Belson, de l’Internet Society, qui s’intéresse aux défaillances du réseau Internet et à la compréhension des tendances du marché qui ont un impact sur sa croissance dans le monde entier. Le directeur principal de la recherche et de l’analyse Interne nous expliquait : « Les fournisseurs d’infrastructures Internet de base devraient pouvoir absorber facilement l’augmentation du trafic et de la demande, surtout si cette croissance est progressive sur une période de plusieurs jours, semaines ou mois. Les fournisseurs d’infrastructures en nuage devraient également disposer d’une capacité de calcul, de stockage et de bande passante supplémentaire suffisante pour permettre à leurs clients, y compris les fournisseurs d’outils d’apprentissage en ligne, de messagerie et de vidéoconférence, de faire évoluer leurs systèmes en fonction des besoins. Afin de maintenir le trafic local, l’infrastructure de diffusion de contenu d’entreprises telles qu’Akamai, Cloudflare, Google, Netflix et Apple est déployée dans de nombreux réseaux.
Les points d’échange Internet (IXP) peuvent également contribuer à maintenir le trafic local, en donnant aux fournisseurs de réseaux locaux un endroit pour s’interconnecter et échanger du flux entre eux, ainsi que pour s’interconnecter avec les principaux fournisseurs de contenu. » Il concluait : « Les défaillances sont plus susceptibles de se produire au niveau des outils eux-mêmes, s’ils n’ont pas fourni suffisamment de ressources de calcul, de stockage ou de bande passante pour faire face à l’augmentation du trafic. »
Un réseau prêt à l’augmentation des usages
Si certains incidents locaux ont pu être constatés notamment sur le mobile, Stéphane Richard, le PDG d’Orange s’était montré rassurant indiquant que le réseau tiendrait. « Nous avons un réseau qui a été conçu pour absorber des flux considérables » et est construit en prévision « d’un rythme régulier d’augmentation des usages », indiquait-il en mars sur RTL. Sur le mobile par exemple, « on a un volume de data qui augmente de 40 % chaque année, donc on est toujours obligé d’anticiper de plusieurs années », avait-t-il dit.
A l’époque, selon Stéphane Richard, la situation, et notamment le télétravail « multiplié par 7 », avait mené à un « trafic voix multiplié par 2 », la visioconférence « multipliée par 2 », « et il y a des messageries internet comme WhatsApp dont on estime que le volume a été multiplié par 5 ». Le 28 mai, il indiquait sur France Info : « Les télécoms ont été à la hauteur de la crise ». « Peut-être que certains avaient des doutes sur notre capacité à absorber un choc pareil, il y a eu des surcharges considérables sur nos réseaux et je pense que les télécoms ont fait la preuve de leur force, de leur résilience. »
Le gouvernement, en coordination avec la Commission européenne, l’ARCEP et les opérateurs avait engagé trois actions complémentaires. D’abord une mobilisation quotidienne des opérateurs de télécommunications afin de mieux gérer les pics de flux de données et de protéger la qualité et l’intégrité des réseaux. Ensuite l’appel aux fournisseurs de contenus fortement consommateurs de bande passante (VOD, streaming, jeux en ligne…) à prendre les mesures techniques appropriées pour limiter la consommation de leurs services. Canal+ avait ainsi dès le 20 mars réduit l’utilisation de la bande passante par ses abonnés, à l’image d’autres entreprises comme Netflix ou Google (maison mère de Netflix). Youtube avait basculé par défaut la qualité de ses vidéos en Europe sur la résolution standard au lieu de les proposer systématiquement en haute résolution.
Des mesures tout de même nécessaires
Ces initiatives répondaient à des demandes des autorités. Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton avait appelé les plateformes de diffusion et les opérateurs à prendre des mesures pour alléger la pression sur Internet afin de faciliter le travail à distance et l’éducation en ligne. Enfin, de façon plus anecdotique, le gouvernement avait appelé le grand public à adopter certaines bonnes pratiques de consommation afin d’éloigner tout risque de saturation des réseaux.