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IA et monde du travail : je t’aime, moi non plus

Depuis le phénomène ChatGPT, les études se multiplient pour évaluer les impacts de l’Intelligence Artificielle sur le monde du travail. Elles arrivent généralement à des conclusions diamétralement opposées. Passage en revue.

Pour l’institution bancaire Goldman Sachs, l’IA générative pourrait conduire à l’automatisation de l’équivalent de 300 millions d’emplois à temps plein, en Europe et aux Etats-Unis. Dans les professions qualifiées, un quart des tâches pourraient être automatisées selon elle.  En Europe, les fonctions administratives et du support (45 %), les cadres et métiers qualifiées (34  %), les techniciens et les dirigeants (respectivement 31 % et 29 %) sont les plus susceptibles d’être menacés par Chat GPT, Google Bard et autres Midjourney. D’autres études, tout aussi nombreuses, estiment que l’IA va, au contraire, libérer les travailleurs des tâches à faible valeur ajoutée leur permettant de se consacrer à des activités plus créatives et productives.

IA : 27 % des emplois sont à risque selon l’OCDE

Une étude menée par l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) sur le marché de l’emploi analyse également l’impact de l’intelligence artificielle sur le travail. 27  % des emplois seraient menacés par l’IA, chiffre-t-elle. « Bien que l’adoption de l’IA par les entreprises soit encore relativement faible, les progrès rapides de la technologie, la baisse des coûts et la disponibilité croissante de travailleurs ayant des compétences en IA suggèrent que les pays de l’OCDE pourraient être à l’aube d’une révolution de l’IA », indique l’organisation.

« Les emplois peu ou moyennement qualifiés » sont les plus menacés

Les professions classées comme étant «  les plus à risque d’automatisation » représentent environ 27 % de l’emploi dans les pays membres de l’OCDE, chiffre le rapport. « Les emplois peu ou moyennement qualifiés » sont les plus menacés, notamment « dans la construction, l’agriculture, la pêche et la foresterie et, dans une moindre mesure, la production et le transport. » Les professions « hautement qualifiées », bien qu’elles soient plus exposées aux progrès récents de l’IA, présentent toujours le moins de risques d’automatisation.

En France, l’OCDE indique que jusqu’à présent, « il y a peu de signes d’une diminution de la demande de main-d’œuvre due à l’IA. Les professions hautement qualifiées ont été les plus exposées aux récents progrès de l’IA, mais elles ont également connu des gains d’emploi par rapport aux professions moins qualifiées. Toutefois, l’adoption de l’IA est encore relativement faible et la technologie évolue rapidement, notamment grâce aux progrès récents de l’IA générative. » Ainsi, selon l’organisation, « tout effet négatif sur l’emploi pourrait prendre du temps à se matérialiser. »

En France, 27,4 % des emplois se situent dans les professions présentant le risque d’automatisation le plus élevé, ce qui est très proche de la moyenne de l’OCDE (27  %). Les professions les plus exposées au risque d’automatisation sont généralement moins qualifiées et occupées par des travailleurs plus jeunes.

De façon globale, « Le développement et l’adoption rapides de l’IA signifient que de nouvelles compétences seront nécessaires, tandis que d’autres deviendront obsolètes. Les travailleurs âgés peu qualifiés, mais aussi les travailleurs plus qualifiés, auront besoin de formation. Les gouvernements devraient encourager les employeurs à fournir davantage de formation, à intégrer les compétences en IA dans l’éducation et à soutenir la diversité de la main-d’œuvre en IA », conseille l’OCDE.


Gagner jusqu’à 6 heures de travail par semaine

Pour le compte de Slack, OpinionWay a interrogé des cols blancs et des cols bleus sur leur perception de l’intelligence artificielle. Les deux catégories de salariés estiment qu’elle leur fera gagner un temps précieux en éliminant un certain nombre de tâches à faible valeur ajoutée.

L’étude présente cette originalité de porter un regard croisé en interrogeant à la fois des travailleurs de première ligne, ouvriers, vendeurs, techniciens sur site, etc., et les employés et cadres du secteur tertiaire. Soit, en tout, quelque 1 600 salariés du privé.

Alors que la première vague d’automatisation a concerné les « frontline workers » avec le mouvement de robotisation dans l’industrie, la seconde apportée par l’IA générative devrait davantage impacter les professions dites « intellectuelles » et sédentaires. Pour autant, les cols blancs ont une perception plus favorable de l’IA. Ils sont 66 %, contre 52 % des cols bleus, à penser que l’IA est la meilleure technologie pour se concentrer sur les missions à plus de valeur.

Les « travailleurs du savoir » ont l’avantage d’avoir déjà expérimenté les apports de l’IA.
54 % l’utilisent déjà dans leur travail contre 20 % des cols bleus. Ils y voient un levier de productivité. 63  % des cols blancs et 48 % des cols bleus déclarent être plus efficaces avec l’IA et 73 % des cols blancs et 64 % des cols bleus disent gagner du temps.

Avec 65 % des tâches à faible valeur ajoutée pouvant être automatisées, l’intelligence artificielle pourrait faire gagner 6h par semaine, en moyenne, aux travailleurs du savoir et 5h aux travailleurs de première ligne. De quoi tous passer à la semaine de 4 jours ?

Portrait-robot : un jeune cadre d’un grand groupe du tertiaire

Sans surprise, on note que le recours à l’IA diminue avec l’âge : 23 % des moins de 35 ans l’utilisent contre 15 % chez les 50 ans et plus. Le statut est aussi un élément différenciant :  le taux d’adoption est de 37  % chez les CSP+ et de 17 % chez les CSP. Tout comme la taille de l’entreprise – 13 % dans les TPE, 30 % dans les grands comptes – et le secteur d’activité, le monde des services ayant naturellement plus d’appétences pour l’IA que l’hôtellerie restauration, l’agriculture ou le BTP.

En termes de cas d’usage, l’IA s’avère particulièrement utile pour trouver rapidement de l’information dans une masse de documents et de messages, pour supprimer les tâches répétitives, administratives et à faible valeur ajoutée, pour résumer et récapituler des échanges, des réunions ou rédiger automatiquement des messages et des réponses à des e-mails.

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© Pixabay

Finance et industrie manufacturière  : 6 travailleurs sur 10 ont peur de perdre leur emploi à terme

Parallèlement à l’étude menée par l’OCDE sur le marché de l’emploi (lire le début d’article), un rapport complémentaire dans 7 pays de l’OCDE portant sur les secteurs de la finance et de l’industrie manufacturière révèle qu’une part importante des travailleurs (63 % dans la finance et 57 % dans l’industrie manufacturière) craignent de perdre leur emploi au profit de l’IA au cours des 10 prochaines années. Dans le même temps, ils notent de nombreux avantages actuels à l’IA : plus d’équité dans le management, meilleure productivité personnelle, santé physique et mentale améliorée…